Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
et de silènes, couronné de pampres, jusqu'aux Indes lointaines qu aucune armée grecque n'a jamais atteintes.
" Le conflit qui oppose l'Asie à la Grèce est ancien; il s'est usé au cours de son histoire millénaire sans qu'il y ait ni vain queur ni vaincu.
La guerre de Troie a duré dix ans et s'est conclue par la mise à sac et la destruction d'une seule cité. Les invasions les plus récentes, d'abord tentées par les Athéniens puis par les Spartiates afin de libérer les Grecs de l'Asie de la domination perse, ont échoué, tout comme les invasions des Perses en Grèce, mais non sans entraîner des massacres, des incendies et des mises à sac qui n'ont même pas épargné les temples des dieux.
" Désormais les temps ont changé: nous possédons l'armée la plus puissante qui ait jamais existé, les soldats les plus forts et les mieux entraînés, mais surtout, affirma-t-il en regardant ses compagnons un à un dans les yeux, nous sommes unis, nous qui siégeons ici, par un lien d'amitié profond et sincère. Nous avons grandi ensemble dans une petite ville, avons par tagé les mêmes jeux, avons fréquenté les cours du même maître, et c'est ensemble que nous avons appris à affronter les premières épreuves et les premiers dangers.
--Nous avons reçu les coups de la même baguette ! ajouta Ptolémée, suscitant un éclat de rire général.
--Bien dit ! approuva Alexandre.
--Est-ce pour cette raison que tu n'as pas invité Parménion ? demanda Séleucos. Si je m'en souviens bien, nous les avons jadis reçus de sa propre main, sur les ordres dè ton père.
--Par Zeus ! Je vois que tu ne l'as pas oublié ! s'exclama Alexandre en riant.
--Et qui peut oublier sa baguette ? dit Lysimaque. Il me semble que j'en ai encore les traces sur mon dos.
--Non. Si je n'ai pas invité Parménion, ce n'est pas pour cette raison ", reprit Alexandre, réussissant à attirer à nou veaU l'attention de ses compagnons. a Je n'ai pas de secrets pour lui, et la preuve en est que son fils Philotas se trouve parmi nous.
" Parménion sera le pilier de notre expédition, le conseiller, le 290 ALEXANDRE LE GRAN; ~ LS~DU SONGE 291
dépositaire du patrimoine d'expérience et de valeurs que mon père a accumulé. Mais Parménion est un compagnon de mon père, alors que vous êtes mes amis; et je vous demande ici, en présence de Dionysos et de tous les dieux, de me suivre jusqu'o˘ nous mènera notre combat. Même s'il s'agit du bout du monde !
--Même au bout du monde ! ", s'écrièrent-ils tous en se levant et en se pressant autour de leur roi.
Ils étaient désormais animés d'une puissante excitation d'une frénésie irrépressible, d'un désir d'aventure que la vue et la proximité physique d'Alexandre, qui semblait croire à ce rêve plus que quiconque, rendaient encore plus br˚lant.
" Chacun de vous, continua le souverain quand le calme se fut un peu rétabli, recevra le commandement d'une division de l'armée ainsi que le titre de "garde du corps" du roi. C'est la première fois que des hommes aussi jeunes se voient attribuer des responsabilités aussi grandes. Mais je sais que vous en serez dignes parce que je vous connais, que j'ai grandi avec vous et que je vous ai vus combattre.
--quand partirons-nous ? demanda Lysimaque.
--Bientôt. Au printemps. Préparez-vous donc, dans votre corps et dans votre esprit. Et si l'un de vous devait avoir des regrets ou changer d'avis, qu'il ne craigne pas de me l'avouer. J'aurai également besoin d'amis fiables sur le sol macédonien.
--Combien de soldats conduirons-nous en Asie ? interro gea Ptolémée.
--Trente mille fantassins, cinq mille cavaliers et tous les hommes que nous pourrons emmener sans trop dégarnir notre pays. J'ignore encore jusqu'o˘ nous pourrons nous fier à nos alliés grecs. quoi qu'il en soit, je les ai priés, eux aussi, de nous fournir un contingent, mais je crois qu'il ne comptera pas plus de cinq mille hommes.
--Nous n'avons pas besoin d'eux ! s'exclama Héphestion.
--Si, au contraire, répliqua Alexandre. Ce sont de formi dables combattants, et nous le savons tous. En outre, cette guerre est une réponse aux invasions perses du territoire grec, à la menace incessante que l'Asie fait peser sur l'Hellade. "
Eumène se leva. " Puisje intervenir ?
--Laissez parler le secrétaire général ! s'écria Cratère riant.
|1~ Oui, laissez-le donc parler, dit Alexandre. Je veux connaître son point de vue.
Mon point de vue se résume en quelques mots,
Weitere Kostenlose Bücher