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Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Titel: Alexandre le Grand "le fils du songe 1" Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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de ses enfants et aux pratiques religieuses.
    Désormais, Philippe fréquentait rare ment son lit, et quand il le faisait, leurs rencontres se soldaient invariablement par une insatisfaction mutuelle. La froideur et la distance de son épouse l'humiliaient, il se rendait compte que sa fougue ne suscitait pas en elle le moindre frémisse ment, la moindre sensation.
    Olympias était dotée d'un caractère aussi fort que celui de son époux, dont la dignité la remplissait de jalousie. Elle était persuadée que son jeune frère, et surtout son fils, seraient à l'avenir ses gardiens inflexibles, qu'ils restaureraient son pres tige et son pouvoir dont l'arrogance de Philippe la spoliait jour après jour.
    La reine considérait les pratiques religieuses officielles comme une obligation, bien que dénuée de sens. Si les dieux de l'Olympe existaient, se disait-elle, ils ne pouvaient nourrir de l'intérêt pour les affaires des hommes. D'autres cultes la passionnaient, en particulier celui de Dionysos, un dieu mys
    térieux, capable d'investir l'esprit humain et de le transformer, de l'entraîner dans un tourbillon d'émotions violentes et de sensations primitives.
    Le bruit courait qu'elle s'était fait initier en cachette aux rites secrets et qu'elle avait participé aux orgies nocturnes du dieu, au cours desquelles on buvait du vin mélangé à de puissantes drogues avant de danser jusqu'à l'épuisement, jusqu'à éprou ver des hallucinations, au rythme d'instruments barbares.
    Lorsqu'elle était dans cet état, elle avait l'impression de cou r ir dans les bois, d'abandonner sur les branches des arbres des lambeaux de ses beaux vêtements royaux, pour suivre des bêtes sauvages, les abattre et se nourrir de leur chair crue, encore palpitante; puis de s'effondrer, épuisée, en proie à un lourd sommeil, sur un manteau de mousse parfumée.
    A demi consciente, elle voyait les divinités et les créatures des bois sortir timidement de leur cachette: les nymphes à la peau aussi verte que les feuilles des arbres, et les satyres aux poils hirsutes, mi-hommes, mi-boucs, qui se rassemblaient autour d'un gigantesque simulacre de phallus divin, le cou ronnaient de lierre et de pampres, y versaient du vin. Ils don naient le signal du commencement de l'orgie en absorbant du vin pur et en s'adonnant à des étreintes bestiales pour entrer en contact avec Dionysos à travers cette extase frénétique.
    D'autres l'approchaient furtivement avec d'énormes phallus en érection, se repaissant de sa nudité, excitant leur concu piscence animale...
    Ainsi, dans des lieux connus des seuls initiés, la reine s'en fonçait dans les profondeurs de sa nature la plus sauvage, dans des rites qui libéraient ce que son esprit et son corps avaient de plus agressif et de plus violent. En dehors de ces manifestations, sa vie était celle que la tradition transmettait à toute femme et épouse, et quand elle y retournait, il lui sem blait refermer derrière elle une lourde porte qui balayait tout souvenir et toute sensation.
    Alors, dans le calme de ses appartements, elle parlait de ces cultes à
    Alexandre en lui racontant ce que pouvait saisir une oreille enfantine, elle lui relatait les aventures et les pérégri nations du dieu Dionysos, qui, en compagnie de son cortège de satyres et de silènes aux couronnes de pampres, avait gagné la terre des tigres et des panthères: l'Inde.
    La formation d'Alexandre était certes influencée par sa mère, mais plus encore par la vaste instruction qu'on lui déli vrait sur l'ordre et par la volonté de son père.
    Philippe avait chargé Léonidas, responsable offlciel de l'éducation de l'enfant, d'organiser ses études sans rien laisser au hasard. Ainsi, plus Alexandre progressait, plus les profes seurs, les entraîneurs et les précepteurs af~uaient à la cour.
    Dès qu'il fut en mesure de les apprécier, Léonidas com mença de lui lire les poèmes d'Homère, en particulier l'Iliade, qui illustrait les seuls codes d'honneur et de comportement pouvant convenir à un prince royal de la maison des Argéades. C'est ainsi que le vieux maître s'attira non seulement l'atten tion d'Alexandre, mais aussi son affection et celle de ses cama j rades. Toutefois, la comptine qui annonçait son arrivée dans ~ la classe continua de résonner dans les couloirs du palais royal: Ek korf korf kor6ne ! Ek kor{ korf kor6ne !
    " La voilà qui arrive, la voilà la corneille ! " Héphestion aussi écoutait avec Alexandre les

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