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Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Titel: Alexandre le Grand "le fils du songe 1" Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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de lourdes hottes remplies de cailloux.
    Un peu plus loin, des colonnes de fumée noire et dense s'élançaient dans le ciel en volutes paresseuses, répandant sur toute la région une brume épaisse qui rendait la respiration difficile.
    " Couvre-toi la bouche de ton manteau ", ordonna Philippe à son fils.
    Un étrange silence pesait sur ces lieux, et la pluie avait changé la poussière en une boue si dense que les sabots des chevaux s'y perdaient.
    Alexandre balayait le paysage d'un regard effrayé: c'est ainsi qu'il s'était représenté l'Hadès, le royaume des morts. quelques vers d'Homère lui vinrent alors à l'esprit:
    Là se trouvaient la ville et le pays des Cimmériens. Sans cesse enveloppés de nuées et de brumes, ces hommes ne sont jamais vus par les rayons ardents du soteil, ni pendant qu'il s'élève dans le ciel étoilé, ni quand, du haut du firmament, il descend de nouveau vers la tewe. Une nuit éternelle pèse sur ces infortunés.
    Soudain, le silence fut rompu par un bruit sourd et rythmé, comme si le poing d'un Cyclope s'abattait avec une mons trueuse puissance sur les flancs tourmentés de la montagne. Alexandre éperonna son cheval car il voulait savoir d'o˘ prove ,~ nait le grondement qui secouait la terre autant que le tonnerre.
    Après qu'il eut contourné une arête rocheuse, il vit o˘ finis saient tous ces sentiers. Tl y avait une machine gigantesque, ll l
    ~n Al P-XANnRF I ~ Nn Ll~ 171LS DU SoNGE 5 1
    une sorte de tour composée de grandes poutres, au sommet de laquelle on avait accroché une poulie. Un filin soutenait un maillet colossal, en fer, à l'autre extrémité, le c‚ble était fixé à
    un treuil, que faisaient tourner des centaines de malheureux qui enroulaient le c‚ble autour du tambour de manière à sou- ~
    lever le maillet à l'intérieur de la tour en bois. I -quand il atteignait le sommet, l'un des surveillants ôtait la cheville d'arrêt, libérant ainsi le tambour qui se renversait, entraîné par le poids du maillet. Celui-ci jetait à terre et brisait les pierres inlassablement déversées des hottes transportées à
    dos d'homme dans la montagne.
    Les ouvriers ramassaient le minerai fragmenté, en remplissaient leurs hottes et l'emportaient vers un lieu o˘ d'autres ouvriers le pulvérisaient dans les mortiers. Ils le nettoyaient alors dans l'eau d'un torrent que canalisaient une série de glis-sières en pente, séparant les grains de la poussière d'or qu'ils contenaient.
    " Voici les mines de Pangée, expliqua Philippe. Gr‚ce à cet or, j'ai armé et équipé notre armée, j'ai construit nos palais, j'ai b‚ti la puissance de la Macédoine.
    --Pourquoi m'as-tu amené ici ? ", demanda Alexandre, profondément troublé.
    Tandis qu'il parlait, l'un des porteurs s'effondra sur le sol devant les sabots de son cheval. Un surveillant s'assura qu'ii f˚t bien mort, puis adressa un signe à deux autres malheureux, qui posèrent leurs hottes, soulevèrent le cadavre par les pieds et l'emportèrent.
    " Pourquoi m'as-tu amené ici? ", répéta Alexandre. Et Philippe s'aperçut que le ciel de plomb se reflétait dans son regard assombri.
    " Tu n'as pas encore vu le pire, répondit-il. As-tu le courage de descendre sous terre ?
    --Je n'ai peur de rien, affirma le garçon.
    -- Alors suis-moi. "
    Le roi mit pied à terre et avança vers l'entrée d'une galerie.
    Le surveillant, qui s'était précipité pour saisir son étrivière s'immobilisa d'un air abasourdi en reconnaissant sur sa poitrine l'étoile d'or des Argéades.
    Philippe se contenta d'un petit signe et l'homme revint sur ses pas; il alluma une lanterne afin de conduire le roi et son fils dans le sous-sol.
    Dès qu'il eut pénétré dans la galerie sur les pas de son père, Alexandre se sentit suffoquer tant la puanteur d'urine, de sueur et d'excréments humains était insupportable. Il fallait suivre des méandres, le dos courbé
    par endroits, le long d'un étroit boyau o˘ ne cessaient de résonner coups de marteau, halètements diffus, quintes de toux, r‚les d'agonie.
    De temps à autre, le surveillant s'arrêtait auprès d'un groupe d'hommes qui s'efforçaient d'extraire le minerai à la pioche, ou à l'entrée d'un puits, au fond duquel la lueur hésitante d'une lanterne éclairait un dos osseux, des bras squelettiques.
    - Parfois, en entendant le bruit des pas ou des voix qui s'ap prochaient, les mineurs levaient la tête et Alexandre décou vrait des masques défigurés par la fatigue, par les

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