Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
bout du sentier, Barsine accou 1~
ru~en pleurant. Se souvenant de l'éducation que leur père leur avait transmise, les enfants demeurèrent, quant à eux, en silence près de la porte, tandis que les soldats soulevaient ~emnon et le portaient sur son lit.
Toute la maison était éclairée. Trois médecins grecs atten daient dans l'antichambre. Celui qui semblait le plus expéri menté était également le plus ‚gé. Il venait d'Atramyttion et se nommait Ariston.
Le médecin égyptien ne parlait que le perse, et Barsine dut lui servir d'interprète pendant la consul~tation à laquelle elle assista au chevet de son époux.
u quand je suis arrivé, il était déjà à moitié exsangue, et il avait marché toute la nuit. Il n'a pas de fractures, il urine nor malement, son pouls est faible mais régulier, ce qui est déjà quelque chose. Comment pensez-vous intervenir ?
--Des empl‚tres de mauve sur la blessure et un drainage si el~e commence à suppurer, répondit Ariston.
--Je suis d'accord, acquiesça son confrère égyptien, mais f~ites-le boire le plus possible. Il faudrait peut-être lui donner aussi du bouillon de viande, qui permet de régénérer le sang. "
quand elle eut terminé de traduire ses paroles, Barsine l'ac compagna à
la porte et lui remit une bourse pleine d'argent. " Je te suis reconnaissante de tout ce que tu as fait pour mon mari: sans toi, il serait peut-être mort. "
L'…gyptien accepta la récompense en s'inclinant. " Je n'ai pas fait grand-chose, ma maîtresse. Cet homme est fort comme un taureau, crois-moi.
Il a passé la journée sous un amas de cadavres en perdant du sang, puis il a marché toute la nuit en dépit de terribles souffrances. Peu d'êtres possèdent un tel tempérament.
--Vivra-t-il ? ", lui demanda Barsine avec angoisse.
Les yeux des soldats, qui l'observaient sans mot dire, reflé taient la même question.
" Je l'ignore. Chaque fois qu'un homme est aussi gravement blessé~ ses humeurs vitales s'échappent de son corps, empor tant une partie de son ‚me.
Voilà pourquoi sa vie est en danger~ Mais personne ne sait combien de sang Memnon a perdu, et combien son coeur en contient encore. Veille à ce qu'il boive le plus possible: un sang mêlé d'eau vaut mieux que rien. "
Tandis qu'il s'éloignait, Barsine regagna la chambre o˘ les médecins grecs s'affairaient, préparant des herbes et des infu sions, ainsi que leurs instruments chirurgicaux pour le cas o˘ il faudrait drainer la blessure. Les servantes avaient déshabillé leur maître, elles lui lavaient le corps et le visage à l'aide de serviettes imbibées d'eau chaude et d'essence de menthe sauvage.
Les fils de Memnon choisirent ce moment pour sortir de leur silence et s'enquérir de la santé de leur père.
" Vous pouvez approcher, dit l'un des médecins, mais ne le dérangez pas: il a besoin de repos. "
…téocle s'avança et observa Memnon dans l'espoir de le voir ouvrir les yeux. Constatant qu'il ne bougeait pas, il se tourna vers son frère cadet en secouant la tête.
" Allez vous coucher, leur conseilla Barsine. Demain, votre père se portera mieux et vous pourrez lui dire bonjour. "
Les enfants baisèrent la main de Memnon, qui pendait hors du lit, et quittèrent la pièce en compagnie de leur pré cepteur.
Avant de se retirer vers sa chambre, …téocle dit à Phraatès:; " Si mon père meurt, je retrouverai cet Alexandre, o˘ qu'il se cache, et je le tuerai. Je le jure.
--Je le jure, moi aussi ", ajouta son frère.
Barsine veilla son époux toute la nuit, même si les trois médecins se relayaient à son chevet, aussi pon~tuels que des sentinelles. De temps en temps, elle changeait les cataplasmes d'eau froide qui recDuvraient son front. Vers l'aube, Ariston dénuda la jambe du patient. Voyant qu'elle était rouge et très enflée, il réveilla l'un de ses assistants.
" Il faut lui appliquer des sangsues pour atténuer la pres sion des liquides internes. Va chercher le matériel nécessaire dans ma chambre. "
Barsine intervint: " Pardonne-moi, mais il n'a pas été ques tion de sangsues dans votre conversation avec l'autre méde cin. Vous aviez envisagé
de pratiquer un drainage en cas de suppuration, c'est tout.
~
--Aie confiance. C'est moi, le médecin.
--L'…gyptien était le médecin personnel de Spithridatès, et il a même soigné le Grand Roi Darius. J ai également con fiance en lui. C'est pourquoi vous n'appliquerez pas les sang sues avant d'entendre son avis.
--Tu
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