Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
à présent occupés à livrer de furieux corps à corp .
La phalange des pézétairoi se heurta alors aux mercenaire de Memnon qui continuaient d'avancer, épaule contre épaul protégés par de grands boucliers convexes, le visage couve par des salades corinthiennes. Les deux armées hurlaient:
Alalalài !
Elles fondirent l'une sur l'autre, armes tendues.
Sur un ordre de Memnon, tous les mercenaires grecs jetè rent leurs lances ferrées contre l'ennemi et se plongèrent, épée au poing, dans la mêlée, assenant de grands coups et tentant de briser les sarisses pour s'ouvrir une brèche dans le front adverse.
Devinant le danger, Parménion fit intervenir les sauvages Agrianes en les poussant sur les flancs de la formation de ~emnon, qui dut se replier pour se défendre.
La phalange put alors se rassembler et le front chargea, lances basses.
La cavalerie macédonienne, qui avait traqué les Perses, surgit à son tour, et les merc~naires grecs furent tota lement encerclés. Mais ils luttèrent avec acharnement jus qu'au dernier.
Désormais, le soleil inondait la plaine o˘ les cadavres gisaient, entassés les uns sur les autres. Alors que les vétéri naires soignaient le bai de Sarmatie, Alexandre ordonna qu'on lui amène Bucéphale, et il passa en revue ses troupes victo rieuses. Son visage était couvert de sang, du fait de sa blessure à la tête; sa cuirasse était entaillée par le javelot de Spi thridatès, son corps était recouvert de poussière et ruisselait de sueur. Mais il avait l'allure d'un dieu aux yeux de ses hommes, qui frappaient leurs boucliers de leurs lances, comme le jour o˘ Philippe avait annoncé sa naissance à sa propre armée, et criaient: Alexandre ! Alexandre ! Alexandre !
-Le roi tourna le regard vers les pézétairoÔ. Le général Parménion se tenait sur leur droite, debout et en armes, por tant les marques du combat.
En dépit de son ‚ge, il s'était battu, l'épée au poing, comme les jeunes soldats.
Alexandre alla vers lui, sauta à terre et l'embrassa tandis q~ les cris de la troupe montaient vers le ciel.
Les deux guerriers agrianes se penchèrent sur un amas de cadavres et commencèrent à les dépouiller de leurs armes pré cieuses--casques de bronze, épées de fer, jambières--qu'ils jetèrent sur un chariot.
Dans la lumière faible et hésitante du soir, l'un d'eux aper ALEXANDRE LE GR ANI~ j LES SABLES D AMMON
çut un bracelet d'or en forme de serpent au poignet d'un mort Profitant du fait que son ami lui tournait le dos, il se baissa pour s'emparer de ce petit trésor. Aussitôt, un poignard surgit à la vitesse de l'éclair et lui trancha la gorge.
L'homme s'effondra sans un gémissement. Son camarade était si occupé à
entasser les armes qu'il n'entendit même pas le bruit de sa chute. quand il se mit à le chercher, la pénombre s'était épaissie et il pensa que son ami s'était caché.
" Allez, viens, ne fais pas l'idiot ! Aide-moi plutôt, pour que toutes ces choses... " Il n'eut pas le temps de finir sa phrase: l'arme qui avait égorgé le premier guerrier se planta à la base de son cou et s'enfonça jusqu'à la garde.
Tombant à genoux, l'Agriane referma ses doigts autour du manche. Mais il n'eut pas la force d'arracher le poignard: il s'écroula, la tête la première.
Alors Memnon se leva en repoussant les cadavres qui lui avaient servi de cachette jusqu'à ce moment-là. Il vacillait, car il avait la fièvre et perdait beaucoup de sang par une blessure qui lui ouvrait la cuisse gauche.
Il saisit la ceinture d'un des Agrianes et la noua à la naissance de sa cuisse, puis il déchira un bout de son chiton pour se panser, parvenant ainsi à endiguer l'hémorragie. quand il eut terminé ce bandage sommaire il se traîna vers un arbre et y resta à l'abri jusqu'à ce que ;'obscurité f˚t totale.
Des cris de joie s'échappaient du camp macédonien, atté nués par la distance, et des flammes incendiaient le camp perse, complètement dévasté
par l'ennemi, à environ deux stades de distance.
Il se confectionna une canne à l'aide de son épée et se mit en route d'un pas claudicant, tandis que des chiens errants sortaient de l'obscurité afin de ronger les membres des soldats du Grand Roi, raidis par la mort. Il avança en serrant les dents pour résister à la douleur et vaincre la fatigue qui l'étourdis sait. Plus il avançait, plus sa jambe blessée semblait s'alourdir, à la façon d'un poids mort.
Soudain, il aperçut une
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