Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
tu étais so˚l. N'i-mporte quel homme sain d'es prit aurait compris qu'il s'agissait d'un suicide, en pleine nuit et sur ce terrain.
--Il n'y avait personne sur les remparts. Un silence total Pas la moindre sentinelle.
--Tu es tombé dans le piège. Nous ne pouvions pas ren contrer d'adversaire plus coriace que Memnon. Tu as com pris ? Tu as compris ? ", cria le roi.
Perdiccas acquiesça.
~ " Memnon n'est pas seulement un combattant valeureux c'est aussi un homme d'une habileté et d'une intelligence extraordinaires, qui nous épie nuit et jour, guettant la moindre distraction de notre part, le moindre faux pas, le moindre mouvement irréfléchi. Avant de frapper avec une force dévas tatrice.
" Nous ne sommes pas ici sur un champ de bataille o˘ nous pouvons donner libre cours à la supériorité de notre cavalerie et à la puissance de la phalange. Nous affrontons une ville riche et puissante, une armée bien entraînée qui jouit de l'avantage de sa position et ne subit aucune privation. Nous n'avons qu'une possibilité: nous ménager un passage suffi samment large dans l'enceinte pour nous permettre de culbu ter les vétérans de Memnon. C'est un plan qu'on ne peut mettre en pratique que de jour, en pleine lumière.
" Le jeu auquel nous sommes confrontés est le suivant: notre force contre la leur, notre intelligence contre la leur, notre prudence contre la leur.
Rien d'autre. Sais-tu ce que nous allons faire ? Oter les débris du mur, déplacer les pierres qui encombrent le terrain afin de libérer la brèche.
Alors nous ferons avancer les machines vers les remparts, et nous les abattrons. S'ils en élèvent d'autres, nous recommencerons, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent le dos à la mer. As-tu compris, Perdiccas ?
" En attendant, tu n'obéiras qu'à mes ordres. La perte de tes soldats est une punition suffisante. Je vais te ramener leurs corps. C'est toi, avec ton détachement, qui leur rendras les honneurs funèbres, qui apaiseras leurs ‚mes courroucées en offrant des sacrifices. Le jour viendra o˘ tu pourras rembour
ser ta dette. Pour l'heure, je t'ordonne de vivre. " -~
l
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Il ramassa l'épée et la tendit à son ami.
Perdiccas la glissa dans son fourreau et se leva. Il avait les yeux ernbués de larmes.
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F L'homme qui lui faisait face avait le visage dissimulé par un ~asque co~inthien. Il portait une cuirasse en lames de bronze aux décorations d'argent, une épée suspendue à un baudrier en mailles, ainsi qu'un manteau de lin bleu que le vent du cou ~hant gonflait comme une voile.
,I Alexandre était, quant à lui, tête nue. Il était arrivé à pied en ~enant Bucéphale par les rênes. Il dit: " Je suis Alexandre, roi des Macédoniens, et je suis venu négocier avec toi le rachat de mes soldats tombés dans la bataille. "
Le regard de l'homme brilla dans l'ombre de son casque, ~évoquant au souverain macédonien l'éclat qu'Apelle était par venu à capturer dans son portrait. Sa voix métallique retentit: " Je suis le commandant Memnon.
-- qu'exiges-tu en échange de la restitution de ces dépouilles ?
--La réponse à une question, rien de plus. "
Alexandre lui lança un regard surpris. " quelle question ? "
Memnon laissa transparaître une légère incertitude et Alexandre se dit qu'il allait lui parler de Barsine: disposant probablement de nombreux informateurs, il devait savoir ce qui s'était passé, et il était s˚rement taraudé par le doute.
Mais ce fut une tout autre question que Memnon lui posa: " Pourquoi as-tu amené la guerre sur ces terres ?
--Les Perses ont été les premiers à envahir la Grèce. Je viens venger la destruction de nos temples et de nos villes, ven ger nos jeunes soldats tombés à Marathon, aux Thermopyles et à Platées.
--Tu mens, répliqua Memnon. Tu te moques bien des Grecs, et ils n'ont rien à faire de toi. Dis-moi la vérité. Cela res tera entre nous. "
462 ALEXANDRE LE GRAÌl L'intensité du vent augmenta, enveloppant les deux guer riers dans un nuage de poussière rouge.
" Je suis venu construire le plus grand royaume qu'on ai jamais vu sur terre. Et je ne m'arrêterai pas avant d avoi atteint les rives de l'extrême Océan.
--C'est bien ce que je craignais, dit Memnon.
--Et toi ? Tu n'es pas roi, tu n'es même pas perse. Pourquoi tant d'obstination ?
--Parce que je déteste la guerre. Et je déteste les jeunes fous qui, comme toi, veulent se couvrir de gloire en ensan glantant le monde. Je te ferai mordre la
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