Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
ainsi les mots que Callisthène avait insérés dans un texte parfaitement banal, et il commença à lire le message.
quand il eut terminé, il br˚la la feuille de papyrus et la regarda se tordre dans la flamme de la lanterne, léchée par de petites langues bleu
‚tres qui emportaient son secret Il des cendit ensuite aux écuries, réveilla le voiturier qui l'avait amené dans ces lieux et lui confia un paquet scellé accompa gné d'une lettre. Après lui avoir fait de nombreuses recom mandations, il lui ordonna: " Prends le meilleur cheval que tu trouveras et pars immédiatement pour Méthône. Le capitaine du bateau que j'ai emprunté devrait encore y être. Dis-lui de remettre ce paquet à la personne dont l'adresse est inScrite sur la lettre.
--Je doute qu'il veuille partir: le mauvais temps arrive. "
Aristote tira de son manteau une bourse d'argent. " Voici de quoi le convaincre. Et maintenant, va, et vite ! "
L'homme alla chercher un cheval. Il sortit son épée de son sac et y enfonça le paquet du philosophe; puis il accrocha le tout à sa ceinture et partit au galop.
Malgré l'heure tardive, Lysippe travaillait encore. Entendant du bruit, il se pencha à la fenêtre et aperçut Aristote qui passait rapidement sous le portique de la cour intérieure. Il le re~Jit le lendemain matin, alors qu'il était lui-même occupé à se raser.
êtu de pied en cap, un sac de voyage à l'épaule, le philosophe se dirigeait vers les écuries, o˘ il fit atteler des mules. Désireux de le saluer, Lysippe s'essuya aussitôt le visage. C'est alors qu'un domestique frappa à sa porte. Il lui remit le mot suivant:
Aristote à Lysippe, salut !
Je dois partir immédiatement pour une affaire urgente. J'espère te revoir bientôt. Je te souhaite une grande réus site dans ton travail. Porte-toi bien.
Assis sur le siège de sa petite carriole, Aristote s'engagea sur la route qui menait vers le nord. Le ciel était gris, la température basse. C'était un temps de neige. Le sculpteur referma la fenêtre et finit de se raser avant de descendre pour le petit déjeuner.
Le philosophe voyagea toute la journée, ne s'arrêtant que pour se nourrir rapidement dans une auberge de Chition, à mi-chemin. Il arriva à
destination au crépuscule et se dirigea vers la tombe de Philippe, devant laquelle br˚laient deux tré pieds, des deux côtés d'un autel. Il y versa un parfum oriental fort précieux et se recueillit face à la porte de pierre que sur montait une architrave ornée d'une très belle scène de chasse. Il eut l'impression de revoir le souverain mettre pied à terre dans la cour de Miéza en pestant contre sa jambe boiteuse et en criant: " O˘ est Alexandre ? "
Et il répéta tout bas: " O˘ est Alexandre ? "
Puis il tourna le dos au grand tombeau silencieux et s'éloigna.
Il se rendit dans une petite maison qu'il possédait à la limite de la ville et y passa la journée suivante en lisant et classant quelques notes.
Le temps se g‚tait, de nombreux nuages noirs se concentraient sur les cimes du mont Bermion, déjà sau poudrées de neige. Une fois la nuit tombée, il enfila un man teau, en rabattit le capuchon sur sa tête et s'achemina dans les rues désormais désertes.
- Il longea le thé‚tre qui avait vu mourir le roi au sommet de sa gloire, dans la poussière et dans le sang, puis s'engagea sur un sentier menant aux champs. Il cherchait une tombe solitaire.
Devant lui se dressait un groupe de chênes séculaires, au 530 ALEXANDRELEGRAND ; IF~SABLESD'AMMON ~51
milieu d'une clairière. Aristote se cacha parmi les grands troncs rugueux, se confondant avec les ombres du soir. Non loin de là, on pouvait distinguer un modeste tumulus Surmonté d'une pierre brute. Le philosophe attendit, immobile et pensif
De temps à autre, il levait les yeux vers le ciel noir et serrait contre lui les pans de son manteau afin de se protéger contre le vent froid des montagnes qui avait commencé à souffler à la tombée du soir.
Enfin, un léger bruit de pas, le long du sentier, le tira de sa tor peur.
Il aperçut la silhouette menue d'une femme qui avançait rapidement, passait non loin de lui et s'arrêtait devant la tombe.
Il la regarda s'agenouiller et déposer un objet sur la sépul ture,-presser ses mains et sa tête contre la pierre non taillée et la couvrir de son manteau, comme pour la réchauffer. L'obscurité était à présent parsemée de petits cristaux de neige fondue.
Aristote ajusta encore une
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