Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
fois son manteau, mais une rafale de vent glacial lui arracha une quinte de toux. Aussitôt la femme se releva et se tourna vers le petit bois de chênes.
a qui est là ? demanda-t-elle d'une voix tremblante.
--Un homme en quête de vérité.
--Alors montre-toi ", répliqua la femme
Aristote quitta sa cachette et la rejoignit. " Je suis Aristote de Stagire.
-- Le grand sage, acquiesça-t-elle. qu'est-ce qui t'amène dans un lieu aussi triste ?
--Je te l'ai dit, je cherche la vérité.
--quellevérité?
--A propos de la mort du roi Philippe. "
La femme, qui était en réalité une jeune fille aux grands yeux sombres, baissa la tête et courba les épaules, comme si un poids trop lourd pesait sur elle. a Je ne crois pas que je puisse t'aider.
--Pourquoi viens-tu rendre hommage à cette tombe, dans le noir? C'est ici qu'est enseveli Pausanias, l'assassin du roi.
--J'aimais cet homme, il m'avait offert des cadeaux d~ noce et nous devions nous marier.
--Je l'ai entendu dire. Voilà pourquoi je suis venu. Est-i vrai qu'il était l'amant du roi Philippe ? "
La jeune fille secoua la tête. " Je... je l'ignore.
On murmure que lorsque Philippe épousa la ieune Eurydice, Pausanias lui fit une scène de jalousie qui rendit fou de rage le père de la mariée, le noble Attale. "
Aristote ne cessait de scruter le visage de son interlocutrice, et tandis qu'il évoquait cette ignoble histoire, il crut voir des larmes briller sur ses joues creuses. " D'après les mêmes rumeurs, Attale l'invita dans sa résidence de chasse, o˘ il l'abandonna toute la nuit à la violence de ses gardes-chasse. "
La jeune fille sanglotait à présent, sans pouvoir se contenir, ce qui ne parvint pas pour autant à émouvoir le philosophe, qui poursuivit ~ "
Pausanias demanda à Philippe de le venger de cette humiliation. Mais le roi refusa et Pausanias le tua. Est-ce vraiment ce qui s'est produit ?
--Oui, admit-elle en sanglotant.
--C'est là l'entière vérité ? "
La jeune fille s'abstint de répondre.
" Je sais que l'épisode de la chasse d'Attale est vrai, reprit Aristote.
J'ai mes informateurs. Mais quelle en fut la cause ? N'était-ce simplement qu'une trouble histoire d'amours mas culines? "
Son interlocutrice feignit de partir, comme si elle voulait mettre fin à
cette conversation. Le ch‚le qui recouvrait sa tête était déjà blanc de neige, et le sol disparaissait sous une fine
couche immaculée. Aristote l'attrapa par le bras. " Alors ? ", insista-t-il en plantant ses petits yeux gris de rapace dans les
;iens.
La jeune fille secoua la tête.
~< Viens, lui dit soudain le philosophe sur un ton plus doux.
I'ai une maison non loin d'ici, dont le feu devrait être encore ~llumé. "
La jeune fille le suivit docilement jusqu'à son habitation.
~ristote l'invita à s'asseoir près de la cheminée et attisa le feu.
" Je n'ai rien à t'offrir, à l'exception d'une infusion d'herbes chaudes. Je suis de passage. "
Il prit un pot qui se trouvait dans le foyer, puis versa une partie de son contenu dans deux tasses de terre cuite.
" Alors, que sais-tu que j'ignore ?
--Pausanias n'a jamais été l'amant du roi, et il n'a jamais eu de liaisons avec aucun homme. C'était un garçon sirnpl aux origines humbles, et il aimait les femmes. quant au roi Philippe, on a murmuré
beaucoup de choses sur dJéventuelle amours masculines, mais personne n'a jamais rien vu
--Comment se fait-il que tu sois si bien informée
--Je suis la boulangère du palais.
--Un épisode de ce genre aurait toutefois pu même s'il ne s'est pas répété.
--Je ne crois pas.
--Pourquoi?
-- Parce que Pausanias m'a raconté qu'il avait surpris Attale au beau milieu d'une conversation très secrète et très dangereuse.
--Il écoutait peut-être derrière les portes.
--Ce n'est pas exclu.
--T'a-t-il dit de quoi il s'agissait ?
-- Non, mais les coups qu'ils lui infligèrent ensuite visaient, selon moi, à le terroriser, à l'abattre sans le tuer: I'assassinat d'un garde du corps du roi aurait éveillé trop de soupçons.
--Alors, faisons une hypothèse: Pausanias surprend Attale en train de proférer des propos dangereux, visant, disons à préparer une conjuration.
Il menace de tout révéler. Attale l'in vite dans un lieu isolé en feignant de vouloir négocier, puis pour lui donner une leçon, l'abandonne à la violence de ses gardes-chasse. Mais pourquoi Pausanias aurait-il tué le roi Philippe ? Cela n'a aucun sens.
--Les bruits qu'on a
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