Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
thessalienne.
--Comment a-t-il pris la chose ?
--Mal, c'était prévisible.
--Cette histoire me semble invraisemblable. Il m'a tou jours été fidèle: je l'ai vu risquer sa vie pour moi en de nom breuses occasions. "
Parménion secoua la tête. " Il est fréquent que le E)ouvoir corrompe ", observa-t-il. Mais il pensait en son for intérieur que c'était inévitable.
" Toutefois, rien ne nous prouve qu'il ait accepté cette offre.
--L'envoyé perse et la lettre ?
--Il est mon prisonnier. Et je peux te montrer la lettre qu'il avait sur lui.
--Est-elle rédigée en grec, ou en perse ?
-- En grec, ce qui me paraît normal. La cour du Grand Roi regorge de Grecs, dont bon nombre d'Athéniens. Darius ne doit donc avoir aucune difficulté à produire un document de ce genre.
--Et l'argent promis ?
--Aucune trace. Tout au moins pour le moment. "
Le camp macédonien de Parrnénion s'offrait maintenant à leur vue. Il était en grande partie constitué de tentes, mais il était également ponctué
de petites constructions en bois, ce qui signifiait que l'armée était déjà
installée à cet endroit depuis un certain temps.
C'est alors qu'on entendit une série de sonneries de t~o pette. Bientôt, le contingent se présenta sur le pied de guerre pour rendre les honneurs au roi.
Alexandre et Parménion remontèrent à cheval et passèrent en revue les troupes qui battaient leurs boucliers de leurs épées et scandaient: Alexandre ! Alexandre ! Alexandre !
Le souverain salua ses hommes d'un signe de la main et des yeux. Il etait tres ému.
" Nous contrôlons la moitié, ou presque, de l'Anatolie, dit Parménion.
Aucun Grec n'a jamais conquis de territoire aussi vaste: pas même Agamemnon. Mais 1 inertie des~ Perses m'étonne. Les gouverneurs de la Phrygie et de la Bithynie nous ont livré bataille sur le Granique de leur propre initia tive. Ils nauraient pas eu le temps matériel de consulter le Grand Roi. A 1 heure qu'il est, Darius a certainement pris sa décision depuis longtemps, et je ne parviens pas à comprendre le calme qui règne ici: pas d'attaque, pas d'embuscade... ils n'essaient même pas de négocier.
--Tant mieux, répliqua Alexandre, car je n'ai nullement l'intention de traiter avec eux. "
Parménion garda le silence: il connaissait bien le tempéra ment de son roi. Celui-ci ne respectait qu'un seul ennemi: Memnon, mais on n'avait plus aucune nouvelle de lui depuis un certain temps. Seul le retard des renforts qui auraient d˚ venir de Macédoine laissait entendre que c'était encore un adversaire très redoutable.
Ils poursuivirent leur conversation dans le logement du vieux général, o˘
les retrouvèrent les autres compagnons du roi, ainsi que le Noir, Philotas et Cratère. Mais il n'était pas dif ficile de comprendre qu'ils avaient tous envie de se distraire et de s'amuser. De fait, ils abandonnèrent bien vite les sujets stra tégiques et militaires pour des domaines plus agréables, tels que le vin et les belles filles. Le camp en regorgeait: certaines etaient envoyées par des souteneurs, d'autres s'étaient spon tanément unies à la troupe après avoir reçu des cadeaux ou des promesses, d'autres encore avaient été achetées comm
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e laves par l'un des nombreux marchands qui suivaient I rmée, comme les puces suivent les chiens.
Alexandre dîna avec ses hommes, mais il préféra s'éloigner and il vit que des jeunes gens commençaient à danser P rmi les tables dans le plus simple appareil. La nuit était belle, la soirée fraîche et sereine. Il s'approcha d'un officier de Parménion, qui inspectait les corps de garde, et lui demanda:
O˘ tenez-vous prisonnier le prince Amyntas ? "
~ L'homme se raidit en reconnaissant le roi. Il l'accompagna j squ'à l'une des habitations en bois qui se dressaient dans le ~mpement. Les gardes ouvrirent les verrous et le firent entrer.
Amyntas veillait à la lumière d'une lanterne, dans une piece dépouillée, aux murs composés de troncs bruts. Il lisait un papyrus qu'il avait déroulé
sur une table tout aussi rustique et maintenu à l'aide de deux pierres, sans doute ramassées sur le sol. Il leva les yeux dès qu'il s'aperçut que quelqu'un se tenait dans l'embrasure de la porte, et se frotta les paupieres. Puis quand il eut identifié l'homme qui se tenait devant lui, il quitta son siège et recula vers le mur: son visage traduisait la souf france et le désespoir. " C'est toi qui
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