Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
~ntre-attaque sur la jetée, et en détruisant les deux trières. n travail de plusieurs mois, fruit du génie des meilleurs ingé ieurs du monde, s'était évanoui en quelques heures.
,~lexandre arriva au grand galop sur la jetée, monté sur ~céphale, et traversa le feu comme une furie infernale. Il ;~rrêta non loin des tours à
l'instant même o˘ elles s'écrou a~nt définitivement, dans une explosion de flammes, de f~née et d'étincelles.
~ Ses compagnons le rejoignirent aussitôt, SUiViS des inge nieurs et des mécaniciens qui avaient construit ces merveilles. Impuissant, les yeux remplis de rage, l'ingénieur en chef, Diadès de Larissa, contemplait ce désastre sans broncher.
Alexandre mit pied à terre. Il posa le regard sur les murailles, puis sur les restes des machines, et enfin sur ses ingénieurs qui semblaient paralysés par ce spectacle. Il leur ordonna: " Reconstruisez-les. "
quelques jours plus tard, tandis que les ingénieurs d'Alexandre étudiaient la façon la plus rapide de reconstruire les machines de siège, une violente marée emporta une partie de la jetée.
Les dieux semblaient avoir brusquement tourné le dos à leur élu, et le moral des hommes fut mis à rude épreuve par cette série de revers.
~ e roi devint intraitable, personne n'osait plus l'approcher. A1onté sur Bucéphale il se promenait le long du rivage en exa minant l'île murée qui se moquait de lui, ou bien s'asseyait sur un rocher, d'o˘ il contemplait pendant des heures les vagues qui se brisaient sur le sable.
d~arsine, elle aussi, avait l'habitude de prendre son cheval et d aller sur la plage, à l'aube, avant de s'enfermer dans sa tente en compagnie de ses servantes et de sa nourrice. C'est ainsi
ALEX~NDRE LE GRAI~ ISABLES D'AMMON
qu'un jour elle rencontra Alexandre: il marchait, suivi d Bucéphale, la cuisse bandée, le visage dissimulé par ses longs cheveux agités par le vent. Une fois encore, Barsine fut secouée par un frisson, comme si elle était en présence d'un être irréel.
Alexandre la regarda sans rien dire. Soucieuse de ne pas le dominer, elle sauta à terre et baissa la tête en murmurant
" Sire. "
Le souverain s'approcha d'elle, caressa sa joue de la paume de la main et l'observa, la tête légèrement penchée sur l'épaule droite, comme il en avait l'habitude dès qu'il était envahi par des sentiments intenses et profonds. Incapable de soutenir la force de son regard, elle ferma les yeux.
Le roi la surprit par un baiser enflammé, puis il bondit à cheval et s'éloigna vers le rivage. quand Barsine se retourna il était déjà loin, enveloppé dans le nuage d'embruns scin tillants que soulevaient les sabots de Bucéphale.
Elle regagna sa tente et s'effondra, en pleurs, sur son lit.
Une fois sa colère retombée, Alexandre reprit la situation en main. Il réunit un conseil de guerre élargi, convoquant ses généraux, ses architectes, ses techniciens, ses ingénieurs, ainsi que Néarque et les capitaines de sa flotte.
" Les événements qui viennent de se produire n'ont rien à voir avec la colère des dieux. Ils sont dus à notre sottise. Nous allons y remédier, et Tyr n'aura bientôt plus d'issue. Com mençons par la jetée: nos capitaines devront étudier les vents et les courants qui animent ce bras de mer et en instruire les architectes de façon qu'ils puissent édifier une nouvelle struc ture capable d'épouser leur force et leur direction, au lieu de s'y opposer.
" Passons aux machines, continua-t-il en s'adressant à Diadès et à ses ingénieurs. Attendre l'achèvement de la jetée nous ferait perdre trop de temps. Voilà pourquoi nous devonS empêcher les Tyriens de trouver le moindre repos. Il faut qU'ils comprennent qu'ils seront inquiétés de jour comme de nuit Nous disposerons donc de deux équipes, qui travailleront simultanément: certains s'occuperont des projets, d~autres construiront les tours d'assaut que nous placerons~ a
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~e dès qu'elle sera prête. D'autres encore concevront des chines de siège flottantes.
Flottantes, sire ? demanda Diadès en écarquillant les ux.
--Exactement. J'ignore comment vous vous y prendrez, ais je suis s˚r que vous y arriverez, et rapidement. Mes mpagnons seront, quant à eux, chargés de pacifier les tribus ~i peuplent les montagnes du Liban afin que nos b˚cherons ~ssent travailler sans être menacés. Dès le retour du prin mps, nous entrerons à Tyr, j'en suis persuadé. Je vais ailleurs vous en révéler la
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