Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
Diadès se mit à tracer des signes apparemment absurdes sur la feuille qu'il avait étalée devant lui, tandis qu'Alexandre l'ob servait. Pour les ingénieurs, ce regard pesait encore plus lourd que les rochers dont ils devraient équiper leurs catapultes. Le ~chnicien finit par relever la tête et dit: " C'est possible.
--Très bien. Alors, mettez-vous au tr~vail. "
Pendant ce temps, la vieille ville résonnait des lamentations ~les gens qu'on chassait de leurs habitations et du vacarme que ~oduisaient les toits et les murs en s'écroulant. Héphestion
ait ordonné qu'on emploie des béliers à bascule pour mener bien cette oeuvre de démolition. Au cours des jours suivants, s équipes de b˚cherons, escortées par des attaquants rianes, grimpèrent dans la montagne pour y couper des èdres du Liban et les transformer en bois de construction. On se relayait nuit et jour pour effectuer cet ouvrage, en uti lisant des chars tirés par des boeufs et des ‚nes, qui transpor taient les matériaux qu'on déversait ensuite au fond de la mer. Perchés sur les hautes murailles, les Tyriens s'égayaient et plaisantaient, se moquant des efforts surhumains de leurs
bnemis, mais à la fin du quatrième mois, ils cessèrent de rire.
Un matin, au lever du jour, les sentinelles qui parcouraient Lchemin de ronde virent avec stupéfaction deux colosses s~hi-mobiles d'une hauteur de cent cinquante pieds avancer e~grinçant sur ce nouveau terre-plein. On n'avait jamais~ cDnstruit des machines de siège aussi grandes. quand elles atteignirent l'extrémité de la jetée,~elles entreprirent de tirer des roches énormes et des bombes de flammes qui s'abattirent en sifflant sur les chemins de ronde et dans la ville, semant la destruction et la terreur.
Les habitants de Tyr répondirent aussitôt en édifiant d'autres catapultes au sommet de leur muraille et en bombar dant les hommes qui travaillaient à
la jetée, ainsi que les
tlachines de guerre.
. Alors Alexandre ordonna qu'on prépare des abris et des auvents de bois, recouverts de peaux d'animaux non tannée qui les rendraient ininflammables. C'est ainsi que les travau purent continuer. On rapprocha les machines, dont le tir devint de plus en plus précis, et donc de plus en plus dange reux. Si les choses avaient pu progresser de la sorte, les murs auraient été sérieusement menacés.
Pendant ce temps, la flotte de Sidon et de Byblos, des navires de Chypre et de Rhodes s'étaient placés sous les ordres de Néarque. Mais la flotte de Tyr, enfermée dans des ports inaccessibles, refusait le combat. Ou plutôt, elle préparait une contre-attaque inattendue et dévastatrice.
En effet, au cours d'une nuit sans lune, après une journée d'assauts incessants, deux trières quittèrent le port en remor quant un vaisseau de transport: une énorme coque, complè tement creuse, remplie d'un matériau incendiaire. Deux longues vergues de bois, auxquelles on avait accroché
deux récipients de poix et de naphte, dépassaient de la proue. Dès qu'elles se furent rapprochées de la jetée, les trières accélé rèrent leur allure avant de larguer le vaisseau auquel les marins avaient mis le feu.
Enveloppé dans un tourbillon de flammes, le vaisseau continua sur sa lancée tandis que les trières viraient de bord. Il finit par s'écraser sur le flanc de la jetée, non loin des tours de siège. Dévorées par le feu, les vergues-plièrent et cassèrent, et les récipients incendiaires explosèrent à
la base des machines de guerre.
Des escadrons macédoniens surgirent alors des postes de garde pour éteindre ce b˚cher, mais les trières ennemies déversaient déjà des groupes d'assaut, qui les affrontèrent sans tarder. Dans la clarté rougeoyante de l'incendie, dans la fumée et le tourbillon des étincelles, dans l'air que les vapeurs de naphte et de poix rendaient irrespirable, la bataille prenait une allure terrifiante. Le vaisseau de transport se désintégra dans une ultime déflagration et les deux tours furent entière ment consumées par le feu.
Du fait de leur hauteur, les tours alimentaient des flammes et des étincelles qui dépassaient de plus de cent pieds le sommet de ces énormes treillis, éclairant comme en plein jour tOute la baie et jetant un reflet rouge‚tre sur les remparts de la ville~
Tandis que des cris de jubilation s'élevaient chez les Tyriens, Macédoniens obtinrent une maigre consolation en exter inant le contingent de débarquement au moyen d'une
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