Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
revit les membres nus d'un autre vieillard, rencontré au cours d'un après-rnidi ensoleillé à Corinthe, Diogène, le sage aux yeux sereins, et son ‚me se brisa dans sa poitrine. Il murmura: "
Didaskale. . " Alors, la faible vie de Léonidas eut un dernier ~ sursaut, et le maître ouvrit les yeux.
t a Mon enfant, je n'ai pas réussi... ", dit-il avant de s'affaisser, inanimé dans ses bras.
Le ciei se déchira au-dessus de la ville, il déversa une pluie ~
battante, une tempête de vent et de grêle, sur la mer, la terre et ; la petite île, remplie de cris et de sang. Mais la fureur guerrière ne s'éteignit pas pour autant: à l'extérieur du port, dans les eaux bouillonnantes, la flotte tyrienne affrontait en un duel désespéré les puissantes quinquérèmes de Néarque; à l'inté rieur des murs, les défenseurs se retranchaient dans les mai ~ sons et dans les rues, combattant devant les portes mêmes de | leurs demeures jusqu'au dernier souffle de vie.
Vers le soir, quand le soleil ouvrit une brèche dans les | nuages~
éclairant les eaux livides, les murs endommagés, les restes des navires à la dérive et les corps noyés, les dernières poches de résistance furent anéanties.
Nombre de rescapés se réfugièrent dans les sanctuaires, s'ac crochant aux images de leurs divinités, et le roi ordonna de les épargner. Mais il fut impossible de mettre un frein à la soif de vengeance de l'armée, qui se déchaîna contre les habitants
Deux mille prisonniers furent crucifiés le long de la jetée Le corps de Léonidas fut placé sur un b˚cher et ses cendres furent ramenées dans sa patrie, afin d'être enterrées au pied du platane à l'ombre duquel il avait coutume, durant la belle saison, de dispenser son enseignement à ses élèves.
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Alexandre ordonna à sa flotte de se diriger vers le sud et de transporter les machines de guerre démontées jusqu'à Gaza, la dernière place forte avant le désert qui séparait la Palestine de 1 Egypte.
- Dix navires furent, en revanche, envoyés en Macédoine pour enrôler des guerriers destinés à remplacer ceux qui étaient tombés sur le champ de bataille. C'est au cours de cette période que le souverain reçut une seconde lettre de Darius:
Danus, roi des Perses, Roi des Rois, lumière des AIyens et seigneur des quatre coins de la teIre, à Alexandre, roi de~ Macédoniens, salut Je désire que tu saches que je reconnais ton courage~ ainsi que la fortune que les dieux t'ont largement offerte. Je te propose encore une fois de devenir mon allié ou, mie
de nouer avec moi des liens de parenté
Je t'offre la main de ma fille Stateira et je te donne la région qui s'étend entre les villes yauna dl~phèse et de Milet et le fleuve Halys, ainsi que deux mille talents d ar gent.
Je t'invite à ne pas défier le sort, qui pourrait te tou~er le dos: si tu souhaitais poursuivre ton entrepnse, tu vieilli rais avant même d'avoir parcouru tout mon empire, même
si tu ne devais jamais combattr~. En outre, mon territoire est défendu par des fleuves énormes, tels que le Tigre, l'Euphrate, l'Araxe et l'Hydaspe, remparts infranchis~ sables.
Je te conseille donc de réfléchir et de prendre la décision la plus sage.
Alexandre fit donner lecture de cette lettre à son conseil de errè réuni au grand complet. Puis il demanda: " qu'en tes-vous ? que devraisje répondre ?
"
Personne n'osait suggérer au roi la façon de réagir. Seul ~arménion prit la parole, persuadé que son ‚ge et son prestige Pautorisaient à exprimer son point de vue. Il se borna à dire: " J'accepterais ces conditions si j'étais Alexandre. "
Le roi baissa la tête comme s'il comptait réfléchir à cette al~irmation, avant de répliquer d'une voix glaciale: " J'agirais d~ la sorte si j'étais Parménion. "
--Le vieux général lui lança un regard chagriné et surpris. lessé dans sa dignité, il se leva et s'éloigna en silence. Tandis ~e ses compagnons échangeaient des coups d'oeil interdits, le ~verain poursuivit calmement:
~ Le point de vue du général Parménion est compréhen si ~le, mais vous vous rendez compte, je l'imagine, que Darius s contente de m'offrir la main de sa fille, puisque tout le reste m'appartient déjà. Mieux, il me demande implicitement de
renoncer aux provinces et aux villes qui s'étendent à l'est du fleuve Halys, alors qu'elles m'ont co˚té d'immenses sacrifices. Il essaie de nous effrayer parce qu'il est lui-même terrorisé. Nous continuerons
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