Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
d'Héraclès, et au-delà. On dit qu'ils ont visité
des terres qu'aucun être humain n'a jamais vues, et qu'ils connaissent à la perfection la route qui mène aux îles des Bienheureux, au-delà de l'Océan.
Réfléchis, Alexandre: puisque cette ville fait partie de ton empire, ne
~aut-il mieux pas la conserver, plutôt que la détruire ? "
Le roi réfléchit. Il se souvint alors de nouvelles qui lui étaient parvenues au cours des jours précédents. " Eumolpos de Soles rn'a appris que les Carthaginois ont offert leur aide aux Tyriens. Larrivée de leur flotte est imminente. N'oublions pas que les Perses croisent encore dans la mer …gée, et qu'ils pourraient f~ndre sur toi d'un jour à l'autre, si je partais. Non, ils doivent se rendre. Mais je vais leur laisser une dernière chance. "
Il décida d'envoyer aux Tyriens une ambassade réunissant seS conseillers les plus ‚gés et les plus sages. C'est alors que Léonidas se présenta à
lui.
" Mon garçon, dit-il, donne-moi la possibilité d'en faire par tie. Peut-
être ignores-tu que ton père Philippe m'a jadis confié des missions secrètes et délicates que j'ai toujours menées si e puis dire, avec grande habileté " - '
Alexandre secoua la tête. " Il n'en est pas question, didas kale. C est une entreprise très dangereuse, et je refuse de t'ex poser inutilement à...
"
Les mains sur les hanches, Léonidas s'écria: " Inutilement ~ Tu ne sais pas ce que tu dis, fiston: cette mission n a aucune chance d'aboutir si le vieux Léonidas n'en fait pas partie. Oui Léonidas, l'homme le plus habile et le plus expérimenté dont tu disposes. Permets-moi d'ajouter qu'à
l'époque o˘ tu mouillais encore ton lit, ton père--que son nom puisse vivre éternellement--m'a envoyé en ambassade chez les féroces et barbares Triballes, et que je les ai apprivoisés sans coup férir. Lis-tu encore l'lliade ?
--Bien s˚r, didaskale, répondit le roi. Tous les soirs
--Et alors ? qui Achille envoya-t-il en ambassade à la tête des Achéens ?
Ne s'agit-il pas de son vieux maître Phénix ? Et vu que tu es le nouvel Achille, il va sans dire que je suis le nou veau Phénix. Laisse-moi y aller, je t'en prie, et je te garantis que je ramènerai à la raison ces maudits entêtés. "
Léonidas était si déterminé qu'Alexandre n'eut pas le cou rage de lui refuser ce moment de gloire. Aussi lui confia-t-il cette t‚che. Il envoya le groupe des ambassadeurs dans un bateau portant les insignes de la trêve afin de négocier la red dition de la ville, et il s'enferma sous sa tente, à l'extrémité de la jetée, pour attendre dans l'anxiété l'issue de cette mission. Mais les heures s'écoulaient, et rien ne se produisait.
Aux environs de midi, Ptolémée pénétra sous sa tente, l'air très sombre.
" Alors ? demanda Alexandre. qu'ont-ils répondu ? "
Ptolémée lui fit signe de le suivre à l'extérieur et lui indiqua les tours les plus hautes, qui dominaient l'enceinte de Tyr. A leur sommet se dressaient cinq croix, sur lesquelles étaient cloués cinq c-orps ensanglantés. On pouvait distinguer facile ment celui de Léonidas en raison de sa tête chauve et ! ~ ses membres squelettiques. lY
" Ils les ont torturés et crucifiés ", dit-il. a L
cette vue, Alexandre fut saisi de stupeur et comme para é. Tandis que des nuages noirs se pressaient dans le ciel,
n regard s'assombrit et son oeil gauche se transforma en un abîme de ténèbres.
Soudain, il lança un cri inhumain, qui semblait monter de ses entrailles.
La colère furibonde de Philippe et la férocité barbare d'Olympias se déchaînèrent au même instant dans son ‚me, libérant une fureur aveugle.
Mais le roi retrouva b~ientôt son calme, un calme aussi sombre et aussi inquiétant
e celui du ciel avant la tempête.
11 convoqua Héphestion et Ptolémée. " Mes armes ! ", ralonna-t-il. Et Ptolémée appela ses ordonnances, qui accou n~rent aussitôt en s'écriant: " A tes ordres, sire ! " Elles le revê tirent de sa plus belle armure et lui apportèrent l'étendard royal, frappé de l'étoile argéade.
~ Trompettes ! ordonna encore une fois Alexandre. Donnez le signal d'attaque à toutes les tours. "
Les trompettes sonnèrent, et bientôt le fracas des béliers qui sa aient la muraille et le sifflement des projectiles lancés par le - catapultes et les balistes retentirent dans toute la baie. Al rs le roi se tourna vers son amiral. " Néarque ! cria-t-il.
- A tes ordres, sire ! "
~ Alexandre
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