Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
général Parménion.
--As-tu un mot d'ordre ?
--Bien s˚r.
--Attends ", répondit la sentinelle. Elle pénétra dans le corps de garde et s'entretint avec son commandant, qui sortit aussitôt et s'adressa au nouveau venu: " Suis-moi. "
Ils entrèrent dans une vaste cour à colonnades, au centre de laquelle s'ouvrait un puits qui permettait aux domestiques d'étancher la soif des invités et d'abreuver les animaux. Ils la traversèrent d'un bout à l'autre.
Sur le côté ouest du portique, désormais dans l'ombre, se trouvait un escalier qui conduisait à l'étage supérieur. Ils tournèrent dans un couloir gardé par deuxpézétairoÔ, et le parcoururent entièrement. Il n'y avait pas de gardes devant la porte. L'officier frappa et attendit. Un bruit de pas résonna bientôt, suivi par une voix qui demandait: " qui va là ?
--Corps de garde, répondit l'officier. Il y a ici un courrier du roi, qui doit te livrer d'urgence un message de vive voix ainsi que le mot d'ordre.
"
La porte s'ouvrit sur un homme d'une cinquantaine d'an nées, presque chauve, qui tenait une tablette sous le bras gauche et un stylet~à la main droite. " Je suis le secrétaire chargé de la correspondance, se présenta-t-il. Suis-moi, le général va te recevoir immédiatement. Il vient de rédiger sa correspondance et s'apprêtait à prendre un bain avant le dîner. J'espère que tu lui apportes de bonnes nouvelles. Il a du mal à se remettre de la mort de Nicanor, il s'inquiète aussi pour le roi et le dernier fils qui lui reste, le pauvre. " Tout en parlant, il scrutait le visage de marbre du tueur comme pour deviner la teneur des nouvelles que celui-ci allait annoncer
au général. Mais cet examen ne lui laissait rien présager de bon. Ils s'arrêtèrent devant une autre porte. L'homme dit: " Attends-moi ici: il convient de s'acquitter d'une formalité avant d'être admis dans le bureau du général. "
Redoutant une perquisition, Démétrios serra le manche de son poignard sous son manteau. Le secrétaire se retira un moment, au cours duquel on n'entendit ni bruit ni voix, puis il réapparut avec un plateau. Une tranche de pain, une cou pelle de sel et une coupe de vin y reposaient.
" Le général Parménion tient à ce que ses visiteurs jouissent de son hospitalité. Il dit que cela porte bonheur, ajouta l'homme avec un sourire mi-figue mi-raisin. Je t'en prie, sers-toi. "
Le tueur abandonna son poignard et tendit la main vers le plateau. Il prit le pain, le saupoudra de sel et le mangea. Puis il avala une gorgée de vin.
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" Remercie le général de ma part ", dit-il ensuite en se net toyant la bouche du revers de la main.
Le secrétaire fit un signe de tête, posa le plateau sur une table et précéda le tueur jusqu'au bureau de Parménion. Il le fit encore patienter quelques instants, pendant lesquels Démétrios entendit les voix des deux hommes à travers la porte ent-rou verte. Le secrétaire finit par sortir en hochant la tête. Démétrios pénétra dans la pièce et referma la porte derrière lui.
Parménion était assis à sa table de travail. Il tournait le dos à une bibliothèque remplie de rouleaux marqués d'une étiquette et à un chevalet sur lequel s'étalait une carte géographique représentant les provinces de l'Empire perse à l'est de l'Halys. En voyant le courrier entrer, il se leva pour aller à sa rencontre Il portait un chiton militaire qui couvrait ses cuisses et des bottes macédoniennes en cuir à mi-mollet. Il était extrêmement robuste, et son armure de fer et de cuir, qui pendait à un sup port devant le mur de gauche, devait bien peser un talent, bou clier compris. Il était désarmé. Son épée, de facture ancienne, était accrochée à
sa bandoulière, sur le même support.
Il lui in~iqua une chaise d'un geste empressé: " Assieds-toi, soldat.
--Je ne suis pas fatigué, répondit le tueur.
--On dirait pourtant que tu viens de traverser les enfers, rétorqua Parménion. Tu as une mine horrible. Allez, assieds toi. "
Démétrios obéit afin de ne pas éveiller de soupçons et atten dit que le général s'approche. Mais tandis qu'il se baissait, le manche de sa dague surgit de dessous son manteau. Parménion recula. " qui es-tu ?
l'interrogea-t-il en tendant la main vers son épée. Tu as dit que tu avais un mot de passe à me livrer. "
L'homme bondit: " Le vieux soldat qui part en guewe... ", commença-t-il en saisissant sa
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