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Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Titel: Alexandre le Grand "le fils du songe 1" Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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leur route. Bientôt, le sentier se resserra et ils durent mettre pied à terre. Ils atteignirent la limite des neiges aux alentours de minuit, et s'immobilisèrent devant une immense étendue glacée qui montait jusqu'aux plus hauts sommets.
    " Es-tu prêt ? demanda Aristandre.
    --Je suis prêt, répondit le roi.
    --Aquoi?
    --A tout.
    --Même à la mort ?
    --Oui.
    --Alors, déshabille-toi. "
    Alexandre s'exécuta.
    " Allonge-toi sur la neige. "
    Alexandre se laissa aller sur le manteau de neige en frisson nant à son contact. Il vit qu'Aristandre s'agenouillait près de lui et, en se balançant d'avant en arrière sur ses talons, com mençait à chanter une litanie, qu'il entrecoupait de cris brefs en une langue incompréhensible.
    Au fur et à mesure que ce chant s'élevait vers le ciel glacial et lointain, le corps du roi s'enfonçait dans la neige. Il finit par être entièrement enseveli.
    Sa peau était transpercée par mille aiguilles glacées qui semblaient toucher son coeur et son cerveau, lui procurant une souffrance qui ne cessait de s'accroître jusqu'à devenir insoutenable. Il s'aperçut soudain que de petits cris syncopés en langue barbare, identiques à ceux que poussait Aristandre, s'échappaient de sa propre poitrine, et il vit que les yeux du devin étaient désormais blancs et privés d'expression, comme ceux d'une statue de marbre dont la pluie a délavé les couleurs.
    Il essaya de parler, mais il n'y parvint pas. Il essaya de se soulever, mais il constata que sa force l'avait abandonné. Il essaya de crier, mais il n'avait plus de voix. Il s'enfonçait de plus en plus dans la glace, à
    moins qu'il ne flott‚t dans l'air gelé et transparent au-dessus des pics aigus... Alors, comme dans un rêve, il se revit enfant courir dans les salles du palais royal tandis que la vieille Artémisia le poursuivait, le souffle court. Voilà qu'il débouchait dans la grande salle du conseil, dans la salle d'armes o˘ les généraux du royaume siégeaient aux côtés de son père, et qu'il s'immobilisait d'un air aba sourdi devant ces guerriers majestueux aux armures étince lantes. C'est alors qu'un homme robuste, doté
    d'une chevelure blanche, surgissait d'un couloir latéral: le premier soldat du royaume, le général Parménion !
    Il le regardait en souriant et lui demandait: " 1~ te soUViens de ta comptine, petit prince ? Ne veux-tu pas la chanter encore une fois pour ton vieux soldat qui part à la guerre ? "

    Alexandre tentait alors de chanter la comptine qui faisait tant rire les généraux de son père, mais il n'y parvenait pas: un noeud lui serrait la gorge. Il voulut regagner sa charnbre et il découvrit en se retournant un paysage enneigé, il vit Aristandre, à genoux sur le sol, aussi rigide qu'un cadavre, les yeux blancs. Il rassembla désespérément ses dernières forces pour s'emparer du manteau qu'il avait abandonné sur la neige, et tandis qu'il tendait la main en tournant la tête de ce côté, il fut paralysé de stupeur: Parménion se tenait devant lui, p‚le à la lumière de la lune, enfermé dans son armure, sa magnifique épée à son côté.
    Ses yeux se remplirent de larmes et il murmura . " Vieux vaillant...
    soldat..., pardonne-moi. "
    Parménion étira légèrement les lèvres en un sourire mélan colique et répondit: " J'ai retrouvé mes enfants. Nous sommes bien ensemble. Adieu, Alexandre. Je te pardonnerai quand nous nous reverrons. Bientôt. " Il s éloigna à pas lents sur la neige immaculée et s'évanouit dans l'ombre.
    Dans un éclair de conscience, Alexandre aperçut Aristandre qui lui disait, son manteau dans les mains: " Couvre-toi, vite, couvre-toi ! Tu as frôlé la mort. "
    Le roi parvint à se relever et il s'enroula dans son manteau. La tiédeur de la laine le réchauffa lentement.
    " que s'est-il passé ? lui demanda Aristandre. J'ai déployé toute la puissance de mon esprit, mais je ne me souviens de rien.
    --J'ai vu Parménion. Il portait son armure, mais ses bles sures avaient disparu et il m'a souri. " Il baissa la tête d'un air inconsolable. "
    C'était probablement une illusion.
    --Une illusion ? dit le devin. Peut-être pas. Regarde. "
    Il y avait sur la neige plusieurs empreintes de pas, qui se terminaient à
    un jet de pierre, comme si celui qui les avait laissées s'était dissous dans les airs. Le roi s'agenouilla, il les toucha du bout des doigts, se tourna vers Aristandre en posant sur lui son regard étonné. " Des bottes

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