Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
guides sauront se déplacer dans l'obscurité. "
Ptolémée coiffa son casque et quitta la tente, suivi des autres membres du conseil. Alexandre demeura seul avec le Noir.
" …tait-il vraiment nécessaire d'envoyer ces barbares avec Ptolémée?
demanda-t-il. N'avons-nous pas toujours mené à bien nos missions par nos propres moyens ? "
Alexandre le dévisagea d'un air ferme. " Oui, c'est néces saire, et ce pour deux raisons, le Noir. Premièrement, parce qu'ils connaissent ces territoires mieux que quiconque. Deuxièmement, parce qu'ils feront bientôt partie de notre armée, à la tête de détachements réguliers placés au même niveau que nos corps de cavalerie et d'infanterie. "
Cleitos baissa la tête comme s'il avait du mal à accepter cette nouvelle.
" Tu es en train de commettre une grave erreur, Alexandre.
--Pourquoi?
ALEXANDR~ Ll~ GR~ C (òNFTN.~ TlTI M()NDE
--Parce que tôt ou tard tu seras obligé de choisir... Entre eux et nous.
"
Il sortit sans saluer le roi. Bientôt, on entendit les trom pettes de Ptolémée sonner le rassemblement.
Oxathrès se révéla aussitôt indispensable. Il avait enfilé un pantalon scythe de peau tannée ainsi qu'un corset en cuir ren forcé par des plaques de fer, il portait un arc et un carquois et s'était muni d'un long sabre hyrcanien. Il montait un cheval de la steppe, petit et bourru, mais incroyablement résistant.
Il voulut que tout le monde se munisse de torches, puis il alluma la sienne en plantant ses yeux dans ceux de Ptolémée d'un air qui semblait signifier: " Voyons voir si tu es aussi coriace que tu le prétends. " Alors il s'élança au galop en tenant sa torche assez haut pour éclairer la piste et être visible aux yeux des soldats qui le suivaient. Plus ils progressaient, plus les traces étaient fraîches et marquées, preuve qu'ils gagnaient du terrain.
Ptolémée constata que les cavaliers asiatiques ne s'arrê taient jamais et qu'ils urinaient même du haut de leurs mon tures. quand il ordonna aux hommes de faire une pause afin qu'ils dorment quelques heures et que les animaux puissent se reposer, Oxathrès secoua la tête en signe de désapprobation, avant de se laisser aller sur l'encolure de son cheval et de som meiller un moment, imité en cela par ses cavaliers hyrcaniens et bactriens.
Les autres venaient juste de s'allonger sur leurs manteaux quand le Perse se redressa brusquement et déclara en repre nant les rênes: " Il est tard, Bessos ne nous attend pas. " Il alluma une seconde torche au bout fumant de la première et partit au galop, à la tête des siens. Il s'arrêta avant le lever du jour, mit pied à terre et se baissa pour ramasser un peu de crottin, qu'il montra à Ptolémée. " Il est frais, dit-il. Nous le prendrons demain.
--Si nous ne sommes pas morts d'ici là ", répliqua l'un des officiers de la Pointe.
Ptolémée, qui ne voulait pas être pris en défaut, s'écria: " A cheval, soldats ! Montrez-leur qui vous êtes ! "
L'orgueil et l'amour-propre parvinrent à ranimer les der nières étincelles d'énergie que possédaient les cavaliers, mais Ptolémée remarqua que certains d'entre eux avaient des plaies sanguinolentes à l'intérieur des cuisses.
" Vous avez compris pourquoi ils portent un pantalon ? Et maintenant, en route, dépêchez-vous ! "
Le soleil apparut un peu plus tard, et sa lumière limpide étira leurs ombres sur la steppe vide, avant de réveiller les couleurs de cette terre apparemment désolée, lui donnant un aspect agréable à cette heure paisible de la journée. Il y avait de petites marguerites jaunes, des touffes de chardons pourpres et, ici et là, des arbustes argentés qui étincelaient comme des joyaux sur cette terre ocre. Ils rencontrèrent bien tôt une longue caravane de chameaux gigantesques et poilus, à deux bosses, qu'on appelait " chameaux de Bactriane ". Ils emplissaient l'air d'étranges mugissements.
" Ils vont à Smyrne, expliqua Oxathrès en riant. Voulez vous vous joindre à eux ? "
Ptolémée secoua la tête et lui fit signe de continuer. Ses yeux étaient br˚lants de fatigue, son corps couvert d'ampoules, mais il aurait préféré
mourir plutôt que de réclamer une pause. En
revanche, un certain nombre de ses soldats s'étaient arrêtés, ou s'étaient tout simplement écroulés, vaincus par la fatigue. Il les abandonna en pensant qu'il les récupérerait au retour.
Bientôt la chaleur devint insupportable. Des nuées de mouches, surgies d'on ne
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