Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
n'est pas ainsi qu'ils attaqueront. Dès qu'ils s'ébranleront, ils commenceront à
galoper en cercle autour de nous en
restant à portée d'arc, et ils nous inonderont de dards. Cette tactique permet de blesser des centaines d'hommes, par~ois superficiellement, mais de façon suffisante à les mettre hors d'état de combattre.
" Les attaques provoquent en général des réactions. Or ces gens-là
n'acceptent pas le combat, ils reculent, font semblant de fuir pour vous éloigner encore plus de vos bases, puis ils réapparaissent brusquement, comme des fantômes, et recom mencent à vous encercler en décochant des nuées de flèches jusqu'à ce que vous vous écrouliez d'épuisement. C'est alors seulement qu'ils lancent un assaut frontal en exterminant les rescapés. Ils dépouillent leurs cadavres, les décapitent afin d'exhiber leurs têtes comme des trophées, les scalpent pour orner de cheveux leurs lances et leurs haches de combat
-- Une coutume intéressante ", commenta Séleucos en passant une main dans sa chevelure.
Alexandre balaya les environs du regard. Il aperçut le Noir non loin de là, qui surveillait ses hommes, occupés à monter des tentes. Depuis qu'il avait quitté la table du roi à Cyropolis le Noir se tenait à l'écart et lui parlait le moins possible, mais il ne put se dérober quand Alexandre l'appela d'un geste de la main.
" A tes ordres, sire ! répondit-il en s'abritant derrière cette formule impersonnelle dès qu'il fut à hauteur du roi.
--Je n'ai pas d'ordres à te donner, répliqua Alexandre. Je voudrais seulement que tu écoutes le récit de cet ami, qui s'est battu contre les Scythes sur l'Istros.
--Je les ai affrontés moi aussi, dit Cleitos.
--Alors, que proposes-tu ?
--De rebrousser chemin. "
Alexandre observa le vaste front ennemi qui semblait à présent immobile au milieu de la steppe. " Tu es libre de le fairej même si ton expérience et ton courage me seraient plus nécessaires que jamais, mais je n'ai pas l'habitude de reculer devant un ennemi en rase campagne.
--Je crois être en mesure de te faire une suggestion, reprit le Thrace.
-- Laquelle ? demanda le Noir en s'impliquant ~à contre coeur dans la conversation.
--Envoyons en avant un groupe assez fort, d'environ un millier d'hommes, faisons-le défiler sur leur droite comme s'il se dirigeait vers l'intérieur et surveillons leurs mouvements à l'aide d'une estafette à cheval, disons un homme tous les cinq stades. S'ils ne bougent pas, envoyons un deuxième contin gent avec une deuxième estafette...
--J'ai compris, dit Alexandre. quand ils se décideront à attaquer, les estafettes nous avertiront, et nous les prendrons à revers avec toute la force qui nous est restée.
--Et le plus rapidement possible. …tant donné la situation, ces hommes-là
nous seront précieux ", ajouta le Thrace en indiquant les cavaliers du contingent perse.
Le Noir grimaça, mais il ne dit mot.
" Alors, le Noir, tu es des nôtres ? l'interrogea Perdiccas.
--Et o˘ veux-tu que j'aille ? répondit l'interpellé.
--qui partira le premier ? demanda Alexandre.
--Pour servir d'appat ? Mieux vaut que j'y aille, car je suis plus dur à
mastiquer que les autres ", répliqua le Noir.
Il fit sonner le rassemblement de son escadron, auquel il ordonna d'avancer au pas. Alignés par rangs de quatre, les hétairoÔ formaient une masse compacte et scintillante, mar chant au rythme des roulements de tambour dans la plaine. Plus le temps passait, plus ils rapetissaient avec la distance. Mais l'estafette restait à portée de vue, tandis que la cavalerie scythe, surprise par cette manoeuvre, ne savait comment réagir.
" Ils ne bougent pas, ils ne mordent pas à l'app‚t..., dit Ptolémée en secouant la tête.
--Alors envoyons-leur un second escadron, répliqua Alexandre. Vas-y, Perdiccas, et rapidement: plus vite tu rejoin dras le Noir, mieux ce sera.
Et emmène-les aussi ", ajouta-t-il en montrant le contingent perse qui attendait les ordres au bord du campement.
Oxathrès approuva d'un signe de tête, et dès que les trom pettes sonnèrent, il s'unit avec ses cavaliers de la steppe au détachement de Perdiccas.
Encore une fois, les Scythes demeurèrent sans réaction. Puis, comme s'ils obéissaient à un signal, ils firent volte-face et disparurent derrière les ondulations du terrain.
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Alexandre donna l'ordre aux autres forces de se ranger, en attendant le signal
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