Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
confluence avec l'Indus, afin d'y construire un pont. L'autre, dont je faisais partie, avec le roi et les autres com pagnons, marcha vers le haut cours de l'Indus pour sou mettre les villes situées dans ces vallées. Massaga, Bazira et Ora tombèrent ainsi après des assauts répétés. La plus grande de toutes, nommée Aornos, de vingt milles de cir conférence, se dressait sur une hauteur de huit mille pieds, elle était défendue par un défilé aux parois escarpées.
Le roi ordonna qu'on b‚tisse un terre-plein et une rampe, et je pris position, de nuit, sur un avant-poste d'o˘ je pouvais menacer la ville sur l'un de ses points faibles. Les Indiens se défendirent avec un grand courage, mais les
béliers finirent par se ménager une brèche dans leur muraille et l'armée se déversa à l'intérieur. Nous unîmes alors nos deux détachements et nous nous empar‚mes de la ville au terme d'un assaut simultané. Alexandre offrit aux Indiens la possibilité de s'enrôler dans son armée en qualité de mercenaires, mais ils préférèrent s'enfuir plutôt que de se battre contre leurs frères.
Nous captur‚mes dans cette ville un certain nombre d'éléphants, auxquels Alexandre est très attaché. Ce sont des animaux extraordinaires, dotés d'une masse énorme, pourvus de défenses qui jaillissent de leur bouche. Ils peuvent porter sur leur dos des tours contenant des guer riers armés et sont menés par un homme assis derrière leurs oreilles, qui leur donne des coups de talon. Si cet homme est tué au cours d'une bataille, I'éléphant ne sait plus s'orienter.
Les Indiens sont grands, ce sont les hommes les plus noirs de peau que nous ayons vus, à l'exception des …thio piens; ils sont aussi très courageux au combat. Une fois Aornos conquise, le roi y établit une garnison et choisit comme gouverneur un prince indien qui s'était lié avec Bessos avant de passer dans notre camp. Il se nomme Sashagupta, dans sa langue, mais les Grecs l'appellent
Sisicottos. Après la conquête d'Aornos, nous fîmes main basse sur un butin de deux cent cinquante mille boeufs, et décid‚mes d'envoyer les plus forts et les plus beaux d'entre eux en Macédoine afin qu'ils labourent nos champs et amé liorent notre élevage. Alexandre ordonna qu'on construise des bateaux et des navires à vingt-cinq rames, sur lesquels nous entreprîmes de descendre le fleuve Indus, qui est immense et, à ce qu'il paraît, entièrement navigable, ou presque.
Nous rejoignîmes Perdiccas et Héphestion, qui avaient achevé leur pont près d'une ville du nom de Taxila. Celle-ci nous accueillit amicalement.
Son roi, un dénommé Taxile offrit à Alexandre vingt-cinq éléphants et trois cents talents d'argent. J'ai vu peu d'or. quant aux légendes selon les quelles il y aurait sur ces terres des fourmis géantes qui creusent les montagnes pour en extraire de l'or, qu'elles placent ensuite sous la garde de griffons ailés, ce sont à mon avis des histoires privées de tout fondement, et je n'ai pu trouver de preuves dignes de foi à ce sujet.
Nous atteignîmes bientôt les rives de l'Hydaspe, le pre mier affluent de l'Indus. Ce fleuve était large et tourbillon nant du fait des nombreuses pluies qui s'étaient abattues sur les montagnes. Un roi indien du nom de Porus vivait sur l'autre rive. Il disposait d'une grande armée de trente mille fantassins, quatre mille cavaliers, trois cents chars de guerre et deux cents éléphants. Il nous était impossible de passer car Porus ne cessait de suivre nos mouvements afin de nous interdire l'accès au gué.
Alors Alexandre donna l'ordre à ses troupes de se déplacer aussi bien de jour que de nuit, en criant et en faisant du bruit de façon à brouiller les idées de nos ennemis. Porus serait ainsi obligé de mon ter son camp à un endroit précis, o˘ il nous attendrait.
Nous laiss‚mes Cratère en face de lui avec un grand nombre de soldats, et nous emboît‚mes le pas à Alexandre, qui remonta le cours du fleuve avec la cavalerie des hétat: roÔ, les archers à cheval, les Agrianes et l'infanterie lourde. Un furieux orage avait édaté entre-temps, empêchant les Indiens de s'aventurer le long des rives de l'Hydaspe. Il fut extrêmement difficile de franchir le fleuve, et seule la présence d'une île, au milieu du courant, nous permit d'y parvenir. Bien qu'il se f˚t promis de ne plus conduire Bucéphale sur un champ de bataille après Gaugamèle, Alexandre décida de le monter ce jour-là,
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