Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
rapines, les vols à main armée et les violences qu'ont commis tes satrapes et tes gou verneurs, aussi bien perses que macédoniens, en ton absence. Tu trouveras également la liste des témoins que tu pourras interroger si tu souhaites juger ces gens. Le responsable du trésor royal, pour commencer, ce boiteux, l'ami d'Eumène...
--Harpale?
--Oui. Il s'est octroyé cinq mille talents provenant du tré sor, a enrôlé
six mille mercenaires, à la tête de qui il marche vers la Cilicie, si mes informations sont exactes. Je crois qu'il est en train de négocier avec certains de ses amis athéniens qui ne t'aiment pas beaucoup.
--Démosthène ? "
Eumolpos aquiesça.
" O˘ se dirige-t-il, à ton avis ?
--Probablement vers Athènes. "
C'est alors qu'entra Eumène, dont les traits traduisaient un grand embarras. " Alexandre, j'ai hélas une terrible nouvelle à t'apprendre !
J'ignore par o˘ commencer... c'est ma faute, d'une certaine façon.
--Harpale ? Je suis déjà au courant. " Il indiqua Eumolpos, assis discrètement dans un coin. " Et je sais bien d'autres choses encore. Des choses désagréables. Voilà ce que nous allons faire: tu vas vérifier sur-le-champ le bien-fondé des accusations rapportées sur ce document contre certains Macédoniens, Perses et Mèdes. Après quoi, tu organiseras leur procès. Les Macédoniens dont la culpabilité sera prouvée seront jugés par l'assemblée, et la sentence exécutée selon le rite traditionnel.
--Et Harpale ?
--Trouve ce maudit éclopé, Eumène, lui ordonna Alexandre blême d'indignation. O˘ qu'il soit. Et abats-le comme un chien. "
Eumolpos de Soles se leva. " Nous nous sommes tout dit, me semble-t-il.
--En effet. Eumène te paiera généreusement. "
Le secrétaire général, de plus en plus gêné, hocha la tête.
a Ce n'est pas ta faute, lui dit Alexandre. Tu n'as jamais trahi ma confiance, et je sais que tu ne la trahiras jamais.
--Je te remercie, mais cela n'atténue pas ma déception ", répliqua-t-il avant de se diriger vers la porte.
Tandis qu'il s'éloignait, il croisa Aristandre dans un des cou loirs du palais. Le devin avait une expression étrange, un regard halluciné, il s'abstint de saluer le secrétaire général. Peut-être ne l'avait-il pas vu.
Aristandre pénétra chez le roi, qui fut aussitôt frappé par l'angoisse et l'effroi que traduisaient ses traits.
" que se passe-t-il ? lui demanda-t-il comme s'il redoutait sa réponse.
--Mon cauchemar. Il est revenu.
--quand?
-- Cette nuit. Et il y a autre chose.
--Parle.
--Calanos est malade.
--Ce n'est pas possible ! s'exclama Alexandre. Il a enduré les privations les plus dures, les épreuves les plus pénibles, la pluie et le soleil, la faim et la soif...
--Et pourtant, il est au plus mal.
--Depuisquand?
--Depuis notre arrivée à Persépolis.
-- O˘ est-il à présent ?
--Dkans la demeure que tu lui as attribuée.
--Conduis-moi auprès de lui sans tarder.
--Cornme tu le veux. Suis-moi.
--O˘ vas-tu, Alexandre ? lui demanda Roxane d'un air inquiet.
--Je vais rendre visite à un ami qui souffre, mon amour. "
Ils traversèrent la ville, sur laquelle tombaient lourdement les ombres du soir, et parvinrent à une belle demeure entou rée d'un portique, la résidence d'un noble perse tombé à Gaugamèle, qu'Alexandre avait assignée à
Calanos afin qu'il puisse y vivre confortablement après les privations subies au cours de l'expédition.
Le roi pénétra dans la maison en compagnie d'Aristandre. Les deux hommes parcoururent des couloirs silencieux, qui les conduisirent à une pièce tout juste éclairée par les der nières lueurs du jour. Calanos gisait sur une natte posée sur le sol. Il avait les yeux fermés et était d'une maigreur impres sionnante.
" Kalané... ", murmura le roi.
L'homme ouvrit les yeux, ses yeux noirs, immenses et fébriles. " Je suis malade, Alexandre.
--Je ne peux croire à ces paroles, maître, moi qui t'ai vu traverser toutes sortes d'épreuves sans que tu éprouves la moindre douleur.
--Je souffre à présent. Et cette souffrance est insuppor table. "
Alexandre se tourna vers son devin, qui avait le visage ren frogné.
" quelle souffrance ? demanda-t-il à Calanos. Dis-le-moi afin que je puisse t'aider.
-- La souffrance de l'‚me, la plus aiguÎ qui soit, pour laquelle il n'existe aucun remède.
-- Mais quelle en est la raison? N'as-tu pas parcouru le chemin qui mène à l'imperturbabilité ? "
Calanos plongea son regard dans
Weitere Kostenlose Bücher