Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
nissement des chevaux lancés au galop.
Il songeait à la gloire d'Achille, qui avait mérité le chant d~Homère~
songeait à la bataille qui faisait rage et aux chocs des armes, mais ne parvenait pas à comprendre comment tout cela pourrait cohabiter dans son esprit avec la pensée d'Aristote, les images de Lysippe, les poèmes d'Alcée et de Sapho.
La réponse résidait peut-être dans ses origines, pensa-t-il, dans la nature de sa mère Olympias, à la fois sauvage et mélancolique, et dans celle de son père, aimable et impi toyable, impulsive et rationnelle. Peut-
être résidait-elle dans la nature de son peuple, qui tournait le dos aux tribus bar bares les plus sauvages et faisait face aux cités grecques, avec leurs temples et leurs bibliothèques.
Le lendemain, il rencontrerait sa mère et sa soeur. Les trou verait-il changées ? Et avait-il changé lui-même ? quelle serait sa place, désormais, au palais royal de Pella ?
Il tenta de calmer le tumulte de son esprit par la musique et, après s'être saisi de sa cithare, il vint s'asseoir sur le rebord de la fenêtre.
Il joua une chanson qu'il avait entendue de nom breuses fois dans la.bouche des soldats de son père, la nuit, autour du fe˘ du corps de garde. Une chanson aussi rude que le dialecte montagnard, mais pleine de passion et de nostalgie.
A un certain moment, il s aperçut que Leptine était entrée dans sa chambre, attirée par la mélodie, et qu'elle l'écoutait avec fascination, assise au bord du lit.
La lueur de la lune caressait son visage et ses épaules, ses bras blancs et lisses. Alexandre reposa la cithare tandis qu'elle dénudait sa poitrine d'un geste léger, et il s'allongea à ses côtés. Alors elle serra sa tête contre ses seins et lui caressa les cheveux.
Alexandre fut présenté à l'armée rangée trois jours après son retour à
Pella; il passa les troupes en revue aux côtés de son père, revêtu de son armure et monté sur Bucéphale: d'abord, de droite à gauche, la cavalerie lourde des hétairoi, les " compagnons du roi ", les nobles macédoniens de toutes les tribus montagnardes; puis l'infanterie de ligne de.s pézétairoÔ, les " compagnons à pied ", composée de paysans de la plaine et encadrée par la formidable phalange.
Ils étaient disposés sur cinq lignes et brandissaient des sarisses de plus en plus longues au fur et à mesure que l'on s'éloignait du premier rang, si bien que lorsque les soldats les baissaient, toutes les pointes se trouvaient alignées sur le devant.
Un of ficier ordonna aux hommes de présenter les armes, et une forêt de lances ferrées se tendit pour rendre les honneurs au roi et à son fils.
- " Souviens-toi mon garçon: la phalange est l'enclume, et la cavalerie le martéau, dit Philippe. quand une armée ennemie est poussée par nos cavaliers contre cette barrière de pointes,
- elle n'a pas d'issue possible. "
Puis, sur l'aile gauche, ils passèrent en revue la " Pointe ", l'escadron de tête de la cavalerie royale, qu'on lançait au moment crucial de la bataille pour l‚cher la dernière salve, celle qui tirait de ses gonds l'armée ennemie.
Les cavaliers crièrent: " Salut à toi, Alexandre ! " Ils firent retentir leurs javelots sur leurs boucliers--un hommage exclusivement réservé à leur chef.
" Le commandement t'appartient, expliqua Philippe. C'est toi, désormais, qui prendras la tête de la Pointe sur le champ de bataille. " Alors qu'il prononçait ces mots, un groupe de cavaliers, revêtus de magnifiques armures et coiffés de casques étincelants ornés de hauts cimiers, sortirent des rangs.
Ils montaient des chevaux aux mors d'argent et aux couver tures de laine pourpre, se distinguaient par la puissance de leurs montures et par la noblesse de leur port. Comme une
®charge furieuse, ils se lancèrent au galop, puis, à un signal donné, se présentèrent selon une disposition nouvelle, large et imposante: le cavalier qui se trouvait au centre de l'ample cercle retenait son destrier, tandis que les autres accéléraient de plus en plus l'allure de façon que le dernier ne f˚t pas obligé de ralentir.
Au terme de cette manoeuvre spectaculaire, ils poussèrent de nouveau leurs animaux au galop, épaule contre épaule, tête contre tête, laissant dans leur sillage un épais nuage de pous sière, et s'immobilisèrent brusquement devant le prince.
Un officier hurla d'une voix de stentor: " La troupe d'Alexandre ! "
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