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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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lui. Sans doute
attribue-t-il ma réserve aux ruses d’un vieux briscard, et non à l’ignorance d’un blanc-bec.

    *Rex m’a clairement signifié qu’il ne souhaitait pas
le rencontrer, mais que je devais faire l’inventaire
de ses propositions pour les communiquer à l’un des
officiers de liaison. Tel est le but de mon voyage.
*Crib m’expose un certain nombre de projets et de
possibilités militaires.

    Je repars gonflé d’importance. C’est ma première
véritable mission, et j’apporte à * Rex de nombreuses ouvertures militaires, lui évitant un contact sans
intérêt à ses yeux.

    Malgré le recrutement miraculeux de mes deux
assistants, les liaisons demeurent un problème tant
les contacts se multiplient : je suis obligé de constater que je reste à la traîne. Je dois embaucher à tout
prix de nouveaux courriers pour la province, la zone
occupée et Lyon même. Je pourrais aussi être remplacé pour la distribution quotidienne de fonds.
Mais où trouver mes recrues ?

    J’ai soudain l’idée de frapper un grand coup :
reprendre contact à Bordeaux avec mes anciens
camarades du cercle Charles-Maurras. C’est un réservoir de garçons en qui j’ai toute confiance. Grâce à
eux, je recruterai immédiatement plus de personnel
que je n’en ai besoin et pourrai même en distribuer
à Schmidt et Fassin !

    Je songe d’abord à deux amis intimes : Blanquat
et Carquoy, qui me permettraient de reprendre
contact avec tous. Je continue à croire qu’à l’exception de Maurras et de son équipe tous les adhérents
de l’Action française, en particulier les jeunes
Camelots du roi, ont rallié la Résistance. De Gaulle
n’a-t-il pas donné l’exemple ?

    Par mesure de sécurité, je demande à M. Moret
d’écrire à mes deux amis une « carte interzone »
adressée à Bordeaux (zone occupée), en indiquant
sonadresse 17 . Il leur annonce qu’un camarade de
Dany (le diminutif utilisé par ma famille et mes
amis) souhaite les rencontrer afin de leur transmettre de mes nouvelles.

    Quelques jours plus tard, j’ai la joie de recevoir
par le même canal un mot de Blanquat posté de
Toulouse. Il donne son adresse et dit attendre le
messager. Paul Schmidt m’a dit que cette ville était
un centre effervescent de la clandestinité. J’en déduis
que Blanquat est résistant, tout en poursuivant ses
études de droit.

    Je considère aussitôt mes problèmes comme résolus et projette d’aller à Toulouse dès que * Rex s’absentera pour un week-end.

    Presque tous les soirs, je rencontre Schmidt ou
Fassin pour régler des questions de travail : argent,
courrier, parachutages, répartition des hommes, difficultés avec les mouvements, etc.

    Un soir, Schmidt me demande de loger pour la
nuit un aviateur anglais abattu dans le nord de la
France. Grâce à une chaîne d’évasion, il gagne
Perpignan afin de traverser à pied les Pyrénées. Je
marque mon étonnement  : « Tu sais bien qu’il est
interdit de mélanger les activités. Les chaînes d’évasion, c’est une chose, notre mission en est une autre.
Je ne peux pas prendre de risques avec les gens
traqués.

    — D’accord, mais on ne peut laisser crever les
gens dans la rue sous prétexte des consignes de
Londres, qui ignore tout de nos conditions de vie.
À Lyon, les gens ont peur et refusent de les héberger. Ce sont nos camarades, quand même ! Nous
avons des devoirs envers les Anglais : qu’aurions-nous fait sans eux, en 1940 ? »

    Schmidt ajoute : « Ils sont trois : j’en ai pris un,
j’ai réussi à caser l’autre chez * Claudine ; pour le
troisième, je n’ai personne. Il est 7 heures, et je n’ai
que toi. » Mécontent de cette entorse aux règlements — que, dans d’autres domaines, je viole chaque jour sans scrupule —, j’accepte de mauvaise
grâce. Héberger un aviateur anglais, c’est un risque
maximal : facile à repérer en cas d’arrestation, il
risque de livrer ses hôtes.

    Furieux du chantage au fait accompli de Schmidt,
je lui fais promettre de ne rien dire au patron, bien
persuadé que si * Rex l’apprenait il me renverrait à
Londres. Ce n’est pas la première fois que je luicache quelque chose. Je ne me sens pas fier, d’autant
moins que c’est aussi mon premier désaccord avec
ce proche camarade depuis juin 1940.

    Nous prenons rendez-vous ce soir même, à 9 heures, devant la librairie du coin de la rue Victor-Hugo
et de la place Bellecour. Quand j’arrive,

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