Alias Caracalla
commander in extremis — Fait plus grave
par suite mauvaise organisation ses liaisons
nous a fait manquer embarquement 4 octobre —
Brugère qui avait eu difficulté à décider renonce
actuellement départ.
Je ne suis nullement surpris de sa colère. Heureusement, Morandat fait office de paratonnerre : j’avais
craint d’en être la cible. Au point où il en est, le
pauvre ne risque plus rien. Mon euphorie est de
courte durée : avec quel agent vais-je pouvoir organiser les liaisons quotidiennes lors de la prochaine
opération ? Ne pouvant révéler la retraite de * Rex à
personne, même pas à * Germain, je crains de passer
mes journées dans le train.
Samedi 10 octobre 1942
Courrier en retard
Ce samedi est consacré au courrier en retard.
*Rex prépare son prochain départ, répondant à la
question pour laquelle je suis venu le voir sur le terrain :
Compte personnellement partir avec chef Tirf
par opération aérienne à dater 19 octobre. Réponse
très urgente à Léo chargé opération et moi-même.
Après son dîner avec Bidault, il me donne un autre
câble :
Faisons Bip [Bidault] et moi demander à Herriot
si fermement disposé partir — Dans affirmativemettrai sur pied et organiserai refuge secret —
Préparation nécessitera certain temps — Nécessaire envisager opération maritime spéciale —
Vous tiendrai au courant.
En attendant la nouvelle opération, * Rex repart
dans le Midi ce soir même. Son courrier personnel,
*Claudie, maintient laliaison 2 .
Mardi 13 octobre 1942
Premiers contacts radio
En dépit de l’interdiction de * Rex, je décide d’effectuer quelques émissions afin de soulager mes camarades Brault et Cheveigné. C’est après tout conformeaux ordres du BCRA, qui continue de réclamer ma
mise en service.
C’est mon premier contact radio. Comme les
autres opérateurs, je n’ai aucun local pour cela. J’ai
d’abord songé à Mme Bedat-Gerbaut, mais Cheveigné
y a déjà effectué quelques émissions, et il me paraît
dangereux de multiplier les risques. Quant aux Moret,
l’isolement de leur maison facilite une localisation
par la gonio, plus rapide qu’à l’intérieur d’un groupe
d’immeubles.
Prenant en compte le risque supplémentaire de
transporter mon émetteur à l’autre bout de la ville,
je renonce, et, après bien des hésitations, décide
d’émettre à partir de ma chambre. Son isolement relatif dans la maison garantit une certaine sécurité, bien
que ma porte sur l’escalier soit un handicap. Heureusement, j’entends monter et descendre les habitants peu nombreux et peux m’arrêter à temps. Une
nouvelle fois, je viole une règle britannique : ne jamais
émettre à partir de son logement. Faute de mieux,
Brault et Cheveigné font de même. Ce n’est pas une
excuse, mais je me sens moins seul : ce soir, je tente
ma chance.
Bien que je n’aie aucun vis-à-vis dans la rue, je
ferme fenêtres et rideaux avant d’installer l’antenne
intérieure en travers de la pièce. Je pose mon poste
sur une chaise, loin de la porte, et vérifie les heures
de vacation indiquées par mon schedule .
Un peu avant l’heure prescrite, j’allume le poste
et branche lecristal 3 . N’ayant pas touché à mon
poste depuis cinq mois, je suis ému d’exécuter pour
la première fois en France ces gestes simples que
j’ai tant répétés en Angleterre. Mon cœur bat si fortque j’ai la certitude d’être en danger. Je pose mon
revolver sur le lit, décidé à ne pas me laisser arrêter
sans jouer mon va-tout.
À l’heure prévue, je frappe mon indicatif, puis passe
sur réception. J’éprouve, comme à Manchester,
une sorte de vertige en entendant le crépitement des
« titis-tatas » plus ou moins rapides, dansant au
milieu de la sphère sonore. Mon cerveau est incapable de reconnaître aucun signal identifiable. Une
nouvelle fois, j’envoie mon indicatif « en l’air »,
c’est-à-dire sans avoir établi de liaison avec la Home
Station , et retourne en mode réception.
Le chaos sonore semble s’organiser. Je commence à
distinguer des indicatifs différents, sans toutefois
reconnaître parmi eux celui de la Station . Inquiet
de son silence, je crois à une erreur de ma part. Je
vérifie l’heure de la vacation, la longueur d’onde, mon
indicatif, puis repasse sur émission en lançant à tout
hasard un troisième appel. Peut-être suis-je tombé
sur un opérateur absent ou
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