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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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communiquer le télégramme
concernant la préparation de l’opération d’enlèvement de Morandat. Il a les traits tirés : « Brault a
été arrêté. »

    J’éprouve physiquement la présence du danger.
Soudain, les promeneurs, les couples sur les bancs,
tout me paraît suspect. Afin de vérifier notre sécurité, nous marchons en silence vers les rues avoisinantes. Désertes, elles nous protègent des menaces
invisibles. Brault a été arrêté hier en pleine émission. Douze agents de la Gestapo escortés de trois
policiers français ont cerné et investi son immeuble,
à Caluire. Averti par sa propriétaire, il a conservé son
calme, fidèle à lui-même. N’ayant aucune issue
pour fuir, il a émis en clair le mot « police ».

    Schmidt espère que la police française l’internera
provisoirement dans une prison de la zone libre,
mais il ignore le lieu où il estdétenu 4 . Il l’avait choisi
personnellement pour cette mission, avait été parachuté avec lui et était devenu son meilleur ami. Il
est bouleversé parce qu’il se sent responsable du
désastre. Brault, pour nous deux, incarne juin 1940,
Delville Camp, Camberley, notre passé : c’est le
deuxième camarade arrêté.

    Dans les écoles anglaises, nous avions découvert
sa force de caractère au moment de la formation dupeloton : ses qualités humaines et ses diplômes lui
avaient valu une promotion devant le conduire au
grade d’officier en Afrique. Il refusa : il était venu
pour se battre contre les Allemands en France, sur
le lieu du crime. Résultat : il avait eu la « boule à
zéro » et écopé de dix jours de prison. Après quoi, il
s’était engagé chez les parachutistes. À l’époque,
son geste m’avait paru dément. Comme mes camarades, j’espérais partir en Afrique pour me battre,
puisque c’était le seul champ de bataille actif. J’avais
choisi le retour clandestin en France pour accélérer
la revanche. Aujourd’hui, il est tombé ; j’admire en
bloc son courage modeste.

    Constat technique de Schmidt : « Il écoulait un
trafic trop important. Libération n’a jamais pu
trouver un local pour ses émissions. Ça devait finir
comme ça. » Notre condition commune ne mérite
aucun commentaire. Le travail continue ; rien ne
doit nous en distraire. Comme après chaque coup
dur, notre volonté de tuer du Boche est redoublée.

    Pour préparer les futures opérations, Schmidt
réclame, lui aussi, un rendez-vous urgent avec * Rex.
En me quittant, il me demande de lui annoncer
l’arrestation de Brault, qu’il va s’occuper de retrouver afin de le faire évader. Il ajoute : « J’ai pris toutes les mesures de sécurité. »

    Il me tarde de revoir * Rex. Ces dernières semaines m’ont paru interminables. J’ai dû prendre, seul,
quantité d’initiatives : rendez-vous, règlements financiers, réponses à Londres, émissions et réceptions
radio. Quand il est à Lyon, j’ai l’impression que sa
présence me protège.

    Après ce difficile intermède, je le retrouve avec
bonheur à la sortie de la gare. Après lui avoir expliqué les raisons de mon appel urgent, je constate qu’il
ignore tout des grèves. Je brosse à grands traits ce
que j’ai compris des informations contradictoires
que j’ai reçues. Hélas, je ne peux lui fournir tous
les détails qu’il me réclame : « La situation évolue
rapidement. * Bip [Bidault] suit de près les événements. * Léo [Morandat], bien qu’éloigné, s’est tenu
informé. L’un et l’autre souhaitent vous voir rapidement. »

    Sur le chemin de notre rendez-vous à dîner avec
Bidault, je lui raconte mon entrevue avec Schmidt.
Quand j’ai fini de parler, j’observe * Rex. Ses traits sont
impassibles, mais je perçois une sorte de révolte intérieure contre ces coups de l’ennemi. Après un court
silence, il lâche : « Dites à * Salm.W [Cheveigné]
d’interrompre ses émissions durant quelques jours. »
Je lui signale que, dans ce cas, nous serons isolés de
Londres, en plein mouvement de grèves. Bien que
j’ignore sa situation, je me permets de lui suggérer
d’utiliser provisoirement François Briant comme
radio.

    Je précise qu’il est nécessaire de l’installer à Lyon
parce qu’il est impossible, dans l’état squelettique
du secrétariat, de le joindre tous les jours à Clermont-Ferrand. « D’accord, préparez son installation ici. »
*Rex ajoute : « Les mouvements sont incapables de
tenir leurs promesses et

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