Alias Caracalla
cheminots arrêtés, la cessation des convois pour l’Allemagne
et l’augmentation des rations de pain. Il a tout promis, ce qui risque de démobiliser les cheminots. »
Il ajoute : « Une fois encore, ce qui manque depuis
le début ce sont des consignes. J’ai envoyé des
informations à Londres cette semaine. » Puis, se
tournant vers moi : « Je ne sais si elles ont pu être
expédiées. » Je l’assure qu’une bonne part d’entre
elles sont parties par le poste de Cheveigné, mais
que j’ignore quels câbles demeurent en suspens
après l’arrestation de Brault.
« Il faut à tout prix que les mouvements reprennent la situation en main, continue Bidault. C’est
difficile en l’absence de * Charvet et * Bernard. De
toutes les façons, il faut de gros moyens financiers
afin de prouver une solidarité qui ruine la répression. » * Rex lui demande : « Préparez-moi un papiersur cette affaire pour demain. Je rédige mon rapport à Londres. Il faut qu’il parte le 19. »
Après le dîner, je communique à * Rex le lieu et
l’heure de sa rencontre avec Morandat. Avant de
nous séparer, il confirme notre rendez-vous du
matin chez lui. C’est la première fois que je le vois
demeurer à Lyon un week-end.
*Germain me remet trois télégrammes reçus par
Briant, auxquels il a joint l’adresse d’une boîte pour
communiquer directement avec lui. Après l’arrestation de Brault, c’est une consolation de le sentir
proche à nouveau.
Avant de me coucher, je décode les câbles. Ils
contiennent deux bonnes nouvelles : le BCRA met
Cheveigné à la disposition de * Rex et lui attribue ses
deux postes émetteurs destinés à la zone occupée.
En outre, il annonce l’arrivée de * Nestor, un instructeur pour l’entraînement des radios recrutés sur place.
La politique des Anglais changerait-elle enfin ?
Samedi 17 octobre 1942
Des nouvelles de Londres
De bon matin, j’apporte les câbles à * Rex, qui, après
les avoir lus, se réjouit : « Londres prend conscience
du point faible de notre dispositif : la radio. Si l’on
n’y remédie pas immédiatement, nous sommes menacés d’asphyxie. Mais il faut du matériel : soyez sans
illusions, nous dépendons entièrement des Anglais.Sont-ils d’accord pour nous aider autant qu’ils le
disent ? »
Ce doute me surprend : ne devons-nous pas tout
aux Anglais depuis 1940 ? Il est vrai que j’avais
remarqué certaines « piques » de leur part au cours
de conversations avec le capitaine * Bienvenue. Est-ce
plus grave ?
Un des câbles que je remets à * Rex annonce l’arrivée d’André Manuel, alias * Marnier 6 , l’envoyé spécial du Général. * Rex me demande d’expédier au
BCRA l’adresse où il pourra le rencontrer. J’indiquerai les coordonnées de Mme Bedat-Gerbaut. Je
lui communique ensuite la note que j’ai préparée
avec Cheveigné sur le réseau radio en y ajoutant
les critiques de Schmidt et Fassin. Le rapport est
évidemment périmé en ce qui concerne le travail de
Brault, dont il est ironique et cruel de lire : « Son
trafic a été extrême durant la période du manque
de matériel. A repris un trafic normal. »
Depuis le premier jour, je suis frappé de l’attention palpable avec laquelle * Rex lit le moindre
papier : il ne laisse rien passer. Cette fois, la note
sur la radio le concerne directement. Nous y signalons, entre autres, les câbles arrivant avec un retard
de deux à quatre jours, parfois plus, et réclamons
un trafic plus rapide. Nous mentionnons également
les négligences dans le trafic : retards ou absences
dans les prises de contact ; temps mort entre le signal
de fin de message et la reprise de contact ; malentendus dans la prise de nouveaux rendez-vous et les
heures de travail.
J’insiste sur l’urgence de changer tous les indicatifs, « poste » et « personnel » ayant été repérés parla gonio : « J’espère qu’après l’arrestation de * Kim.W
[Brault], nos réclamations inciteront nos correspondants à prendre nos critiques au sérieux. » J’ajoute
un avertissement plus général : « Les radios en ZO
[zone occupée] demandent que tous ceux avec lesquels ils travaillent se souviennent des conditions
très particulières de leurs correspondants et qu’ils
évitent dans la mesure du possible négligences, lenteurs, retards, etc. »
*Rex me rend la note : « Vous la joindrez au prochain courrier. J’espère qu’ils vont en
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