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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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troupes
aéroportées lors du débarquement sur la côte méditerranéenne. L’opération permettra de prendre les
Allemands à revers dans la vallée du Rhône.

    Vient ensuite l’explication technique. Plusieurs
routes conduisent au plateau. Il désigne sur les cartes les coupures à effectuer afin d’isoler le massif et
de le rendre imprenable : « Le plateau est habité par
des paysans, explique-t-il. Il faudra recruter quelques centaines de jeunes volontaires qui vivront sur
le pays, à condition que les Anglais parachutent armes
et équipements, en priorité des canons antiaériens
pour se protéger contre toute attaque allemande.
Si nous avons suffisamment d’armes lourdes, les
Allemands ne pourront pas nous déloger. »

    Présenté avec l’enthousiasme de la jeunesse, allié
à la précision de l’homme de terrain, le projet paraît
facile à réaliser et d’une efficacité redoutable.

    L’officier semble avoir l’âge du capitaine Lalande,avec lequel il a un air de famille : dynamisme,
force contenue, intégrité du devoir. Il me regarde
droit dans les yeux  : « Le Vercors sera l’échec des
Allemands et deviendra le symbole de la victoire. » Je
remarque que, comme * Rex, il ne dit pas « Boches ».

    Je suis conquis tout autant par le résultat théâtral
que par la facilité d’exécution : un seul saboteur
suffit pour diriger les opérations. Je pose quelques
questions sur l’importance des troupes allemandes
cantonnées à Grenoble, sur les ressources en nourriture et sur le nombre de volontaires nécessaires.
La table est ensuite débarrassée, et l’on nous sert
un repas frugal mais amical.

    Parmi les civils présents, je fais connaissance
avec Pierre Dalloz, le concepteur du projet, dont
Farge a parlé à * Rex. Montagnard chevronné, il
connaît le massif en détail et a la plus grande certitude sur l’efficacité de son plan. Le repas est joyeux  :
nous levons nos verres à l’écrasement des Boches.

    Le capitaine est sûr de l’entreprise, qui ne présente, selon lui, aucune difficulté majeure. La seule
inconnue est le recrutement. Selon ses premiers
sondages, personne n’accepterait la dureté et le risque de cette vie clandestine armée. Il suggère que la
France combattante décrète une mobilisation de
volontaires.

    J’ignore tout d’une telle possibilité, mais assure
prématurément à mes hôtes que * Rex l’obtiendrait
sans peine. Le capitaine conclut : « Si nous avons
l’argent et les armes, je m’engage à recruter des
“volontaires”. »

    Nous repartons enthousiastes. Bien qu’il fasse
encore plus froid, la nuit, dans le train, je me sens
regonflé par ce projet. Le compartiment désert
nous permet de rêver à haute voix : l’avenir de laRésistance est là. Sans doute y a-t-il dans mon
adhésion immédiate à cette entreprise une raison
inconsciente : participer enfin à la guerre. Je me vois
déjà à la tête d’une équipe de saboteurs, mettant
finalement en pratique mes mois d’apprentissage.

    C’est oublier un peu vite la situation réelle de
*Rex. Certes, j’ai pu organiser le secrétariat qu’il m’a
commandé, mais si je suis arrêté, il n’y a personne
pour me remplacer.

    À mon retour, je retrouve * Rex, qui attend toujours son départ. Je lui rends compte de mon expédition et lui fais part de la proposition de Dalloz
d’installer, sans attendre le débarquement, une station émettrice dans le Vercors. * Rex me demande
de rechercher un technicien radio afin d’en étudier
la possibilité : « Elle deviendrait la véritable radio
de la France libre. »

    Concernant le problème des volontaires, il me
dit : « C’est une occasion pour les mouvements de
montrer leurs troupes. S’ils ne sont pas capables de
mobiliser une compagnie de volontaires pour aménager le Vercors, ce sera la preuve que l’Armée secrète
n’existe pas. En attendant, versez 20 000 francs à
*Bessonneau [Farge] pour ses frais. »

    *Rex est visiblement saisi par le projet.

    L’attente du départ s’éternise.

    Bien que Manuel soit abrupt et parfois bourru, il
s’est toujours montré aimable dans nos relations.
J’y suis sensible à cause de mes fonctions subalternes, d’autant qu’il en va rarement de même avec
les chefs de la Résistance ou d’autres résistants.
*Francis et Jules Moch, par exemple, manifestent une
condescendance méprisante à l’égard de mon extrême
jeunesse, à moins que ce ne soit de mon

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