Alias Caracalla
rédigé
le manifeste du futur comité politique.
Pour bien faire comprendre l’importance de cette
information imprévue, je dois rappeler ma découverte progressive de la place occupée par le parti
communiste dans la résistance de la zone sud.
Yvon Morandat m’avait raconté les initiatives de
Frenay et de d’Astier durant l’été de 1942, au cours
de la prise de contact avec * Gaston, le représentant
du parti, d’où avait résulté un 14 Juillet d’unité nationale. Comme je l’ai rapporté, * Rex lui-même avait
rencontré * Gaston début novembre afin d’obtenir
la signature du parti (qu’il n’avait pas obtenue) sur
le télégramme destiné aux Alliés afin de légitimer
de Gaulle.
La reconnaissance du Général par le parti, qui
passait par l’envoi d’un représentant à Londres, posaitcependant un problème nouveau : celui du rôle du
Front national dans la Résistance. J’avais lu ce nom
à plusieurs reprises dans les rapports de * Rex, mais
je n’en connaissais que le délégué, qu’il refusait de
rencontrer.
Lors d’un déjeuner avec Bidault, * Rex avait abordé
la question du statut du Front national : « C’est amusant que vous l’évoquiez aujourd’hui, avait répondu
Bidault, car il sollicite ma participation à son comité
directeur en zone libre.
— Existe-t-il véritablement ou est-ce une de ces
“enseignes” que le parti affectionne pour ratisser
large ? Connaissez-vous son organisation, ses objectifs ? »
Bidault n’en savait pas grand-chose, sinon qu’il se
présentait comme un rassemblement ouvert à tous
les patriotes, sans exclusive politique. Ses premiers
renseignements prouvaient qu’il s’agissait d’une organisation fantôme du parti puisque son secrétaire
général et son encadrement étaient communistes.
« Comme toujours, dit * Rex : c’est un mouvement
en trompe l’œil, une manœuvre dans laquelle le
parti excelle. Mais que représente-t-il au juste ?
— Peu de chose en zone sud, mais j’ignore ce qu’il
en est en zone nord. Leur secrétaire est une femme,
Madeleine Braun. L’adhésion publique du parti à
de Gaulle va lui procurer une légitimité qu’il ne se
fera pas faute d’exploiter. »
*Rex était visiblement agacé de ne pouvoir contrôler
ce mouvement, dont la seule action avait consisté
jusque-là en la signature d’un manifeste lors des
grèves d’octobre.
Il interrogea Bidault à nouveau : « Pouvez-vous
infiltrer un informateur dans leurs rangs pour en
savoir plus ?
— Je n’ai pas encore donné ma réponse à
Madeleine Braun. Si vous le souhaitez, je peux
entrer au comité directeur : c’est le moyen le plus efficace de découvrir les coulisses d’un mouvement. »
*Rex donna son accord.
Samedi 16 janvier 1943
Tous contre * Francis
Manuel et Frédéric ainsi que * Rex et Delestraint
font chaque jour le va-et-vient entre leur terrain de
départ respectif et Lyon. Dans les rencontres auxquelles j’assiste, j’entends toujours quelques mots
pour dénoncer l’action de * Francis.
Aujourd’hui, le commandant Manuel me remet
un câble au sujet des opérations aériennes en cours.
Il se termine par ce qui est devenu un leitmotiv :
Action Francis ici très néfaste. Vous demande
rien faire sans Rex ou moi.
*Francis est arrivé hier à Londres, mais Manuel
l’ignore.
Lundi 18 janvier 1943
Espoirs pour la radio
Après ses conversations avec les chefs des réseaux
de renseignements puis avec * Rex et moi, Manuel
avait réclamé de vérifier par lui-même le déroulementdes émissions radio. J’ai demandé à Maurice de
Cheveigné de participer à cette expérience, qui a eu
lieu hier.
Par malchance, l’opérateur de la Home Station était excellent, et le télégramme de cent trente-deux
groupes est passé sans difficulté. J’enrageais parce
que ce n’était pas du tout ce que Cheveigné voulait
prouver.
Heureusement, un incident a révélé nos difficultés. Au milieu de l’émission, il a été interrompu par
un brouillage local très violent. Toutefois, la Home
Station entendant parfaitement, Cheveigné a continué
d’émettre. Résultat, la Home Station reçut le câble.
Cheveigné décida d’effectuer une émission en présence du commandant dès le lendemain, c’est-à-dire
aujourd’hui.
Bien que la réception soit parfaite, le contact dure
une heure et demie, contre vingt minutes autorisées,
les Anglais estimant que le danger
Weitere Kostenlose Bücher