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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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dérive politique des résistances. »

    *Brumaire ne répond pas directement : « Il estregrettable qu’il ne se soit pas trouvé à Londres, car
c’est là-bas que de Gaulle a besoin d’être sauvé, et
d’abord de son entourage. » Il se livre alors à l’un
des plus cruels jeux de massacre que j’aie jamais
entendus sur les dirigeants de la France libre : cela
me fait penser aux articles de Léon Daudet dans L’Action française .

    *Brumaire décrit l’un après l’autre les commissaires, qu’il juge plus nuls les uns que les autres : Cassin,
Dejean, Diethelm, Muselier, Pleven. Il a visiblement
un compte à régler avec ce dernier, dont il se plaît
à souligner la lâcheté et la nullité permanentes. Il
décrit Dejean en perpétuel état de trahison à l’égard
du Général. Diethelm, lui, est un espion de Vichy à
peine déguisé. Enfin Schumann est le comble du
grotesque, avec son élocution pompeuse d’acteur de
boulevard.

    Le colonel * Passy, mon chef de corps, est le seul à
réchapper du massacre. * Brumaire n’a pas de qualificatif assez élogieux pour exalter son action : « Sans
lui, la France combattante aurait sombré depuis
longtemps. C’est le seul homme intelligent et clairvoyant. »

    En écoutant * Brumaire, j’ai le cœur serré. Je ne
peux croire que mes chefs, qui entourent de Gaulle
depuis le premier jour, dont les portraits et les propos s’étalent quotidiennement dans le journal France et qui incarnent notre rébellion, soient, comme le
dit * Brumaire, « de pauvres types ».

    Bidault écoute en silence. Quand * Brumaire en a
terminé avec ses imprécations, il revient aux difficultés rencontrées par le projet de conseil politique
de * Rex. Il explique qu’il a lui-même longtemps hésité
sur la formule. Il avait d’abord pensé à la réunion des
représentants de « familles spirituelles », laissantainsi ouvert l’avenir. Mais l’Afrique du Nord a bouleversé les urgences. Aujourd’hui, il importe avant
tout de faire reconnaître de Gaulle comme seul chef
de la Résistance française. Il faut donc l’imposer
dans le contrôle de la vie politique en France, qui
ne se limite pas aux mouvements de résistance.

    *Brumaire intervient : « Certes, mais quelle valeur
pensez-vous que les Alliés attribuent au soutien
d’un troupeau de fantômes ? Vous savez comme moi
que seuls les communistes et peut-être les socialistes représentent des partis politiques résistants en
tant que tels. Les autres ne sont que bavards apeurés et ambitieux.

    — Sans doute, mais ce sont les seuls hommes que
les Alliés connaissent. N’oubliez pas qu’ils ont été
élus et qu’ils sont les représentants légaux du peuple français.

    — On ne refera pas la France avec ce carnaval de
la trahison. Seul le gaullisme représente l’avenir.
André Philip et les hommes de bon sens sont d’accord
pour la création de ce vaste parti à la frange des
communistes, d’une part, et à celle des nationalistes, d’autre part, dans lequel les socialistes, toujours
compliqués, s’intégreront.

    — Ce n’est pas la conception de * Villiers.

    — Je veux bien, mais que représente-t-il ?

    — Les socialistes résistants.

    — Peut-être, mais en dernier ressort, c’est de
Gaulle qui doit être le chef de la Libération. Il est le
seul capable d’éviter le chaos. »

    Je suis passionné par cet échange en apparence
consensuel, mais dont je ressens chaque fausse
note. Comment ne pas être d’accord avec le postulat
de * Brumaire, celui-là même, sous une forme ou sous
une autre, de * Rex, de Bidault et de tous mes camarades ? Admirant l’agilité intellectuelle de * Brumaire,
je ne comprends pas la méfiance de Manuel et
Bidault à son égard. Peut-être sont-ils jaloux de son
brio à l’emporte-pièce.

    Il m’apparaît de plus en plus clairement que mes
camarades de la France libre et moi-même ne sommes pas des « résistants ». Notre mission est avant
tout technique : nous devons faire fonctionner des
services pour lesquels nous sommes en nombre
insuffisant et mal équipés. Mais ces discussions oiseuses me laissent un goût amer : quel temps perdu
pour la vraie guerre !

    ----
    1 .   Ce n’est qu’après la Libération que j’appris par Pierre
Meunier que Jean Moulin avait été l’ami de Pierre Cot. En 1936,
Moulin était son chef de cabinet au ministère de l’Air du cabinet
Blum.
    2 .    Wireless Transmission

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