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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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réservé une surprise : nous déjeunons avec
*Brumaire. J’espère que ça vousintéressera 21 . »
Comment n’aurais-je pas été curieux de cette rareté :
un normalien, dont Thierry Maulnier, mon idole,
était l’archétype ?

    Il m’entraîne, non loin de là, dans un petit restaurant. Tandis que nous nous asseyons, un petit homme
cambré au visage osseux, au regard perçant et aux
lèvres légèrement méprisantes nous rejoint. Il s’assoit
à la place laissée libre, face à Bidault, qui tourne le
dos à la fenêtre.

    Lorsqu’il me reconnaît à côté de celui-ci, son
visage s’anime d’un imperceptible froncement :
*Bip.W, l’insoumis du BCRA, à côté de Bidault, son
ancien patron qu’il a délaissé…

    Il n’a pas revu Bidault depuis la défaite. Néanmoins, * Brumaire ne perd pas son temps en considérations générales et entre dans le vif du sujet : « J’aipassé la matinée avec * Charvet. Il est déchaîné
contre notre “ami”. Celui-ci m’avait prévenu : arguments biaisés, opinions girouettes. Heureusement,
j’ai eu le temps de le pratiquer “là-bas” ! »

    Il explique que le Général estime que Frenay est
un atout important : l’ordre est donc de le ménager.
Le capitaine est l’inventeur du Comité de coordination interzone. « Je croyais que c’était une idée de
*Rex, lâche Bidault. Il me l’a présentée comme une
nécessité pour fédérer tous les mouvements de la
métropole.

    — Cette union ne tient pas compte des différences importantes qui existent entre les deux zones.
Les mouvements de zone nord sont dispersés et
souvent sans contact avec Londres ; même chose
pour les forces paramilitaires, qui sont sans inventaire
et désorganisées. À l’inverse les mouvements sont
unifiés en zone sud, de même que l’Armée secrète. »

    *Brumaire en vient à l’autre projet de *Rex, le
conseil politique : «  * Francis et * Brémond l’ont déjà
proposé au Général en janvier. Après l’humiliation
d’Anfa, celui-ci a pensé que cette nouvelle institution
pouvait être un atout contre Giraud. Qu’en pensez-vous ? »

    Depuis l’arrivée de * Brumaire, je sens Bidault sur
la réserve — bien que, de ma place, je ne le voie pas
de face. Son accueil de * Brumaire est cordial, mais il
ne parle guère, ce qui n’est pas dans ses habitudes.

    « Ce n’est pas à vous, répond Bidault, que je vais
apprendre que le passage de l’idéal à la réalité n’est
satisfaisant dans aucun domaine, à commencer par
la politique. Le paradoxe de la situation veut que
*Rex soit férocement contre le retour des anciens
partis et de leurs parlementaires, à l’exception des
hommes d’appareil insérés dans la Résistance. »

    Il explique que * Rex a toujours condamné sévèrement les parlementaires ayant trahi la république à
Vichy : « Peut-être ignorez-vous que c’est un républicain de choc, prêt à mourir pour ses idées. Il l’a
prouvé. Sa vie est la République, son credo les
droits de l’homme. »

    *Brumaire écoute attentivement : « Est-il gaulliste ?

    — Je ne lui ai jamais posé la question, mais ses
actes répondent pour lui : il a imposé l’autorité du
Général sur les mouvements, et maintenant il souhaite l’étendre aux hommes politiques et aux syndicats. Son intégrité morale en fait un homme d’une
loyauté insoupçonnable. Est-ce suffisant pour être
gaulliste ? » Je sens une nuance moqueuse dans la
voix de Bidault.

    En dépit de sa complicité avec * Rex, dont je suis
le témoin quasi quotidien, je n’ai jamais soupçonné
que son admiration — le mot n’est pas excessif —
soit aussi passionnée : c’est comme s’il se faisait
son défenseur, bien que rien dans les paroles de
*Brumaire ne ressemble à une attaque.

    Revenant au conseil politique et au projet de
*Francis — précédé par les socialistes — de redonner une place prépondérante aux anciens partis
dans la Résistance, Bidault souligne que, selon * Rex,
« l’initiative doit venir de De Gaulle, sans quoi la
fédération des partis et des mouvements risquerait
de s’effectuer contre lui ». « C’est la hantise de * Rex,
ajoute-t-il. Il est convaincu, tout comme moi, que
cette institution n’est pas la solution idéale, mais
c’est un fin politique et un homme de caractère. Il a
adopté ce projet parce qu’il n’y a, à ses yeux, pas
d’autre solution pour sauver de Gaulle, tout en stoppant la

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