Alias Caracalla
se trouvent sur le territoire
métropolitain, en état d’agir, et chacun dans le
domaine de sa mission) » ? Cette formulation
compliquée me semble être la source de conflits en
puissance. Comment de Gaulle a-t-il pu pervertir
ainsi la tâche de * Rex ?
En revanche, une hypothèse est formulée qui me
semble être une condition décente :
En cas d’urgence, ou dans l’hypothèse où les
liaisons avec le général de Gaulle et le Comité
national seraient coupées, le Conseil de la Résistance a la charge de donner les directives destinées
à traduire en actes les principes énoncés ci-dessus .
La nature de cet organisme nouveau est définie
au paragraphe 8 :
Le Conseil de la Résistance forme l’embryon
d’une représentation nationale réduite, conseil
politique du général de Gaulle à son arrivée en
France .
Il est prévu à ce moment-là de le « grossir » d’éléments représentatifs supplémentaires.
Je découvre enfin au paragraphe 9 un desideratum impérieux de * Rex : la création d’une « Commission permanente », dont le nombre de membres
est fixé à cinq. Je sais, pour l’avoir entendu maintesfois répéter, que seule la Résistance doit diriger la
Résistance. L’action lui appartient, même si ce nouvel organisme du Conseil décide des choix politiques.
J’avais déjà lu cette restriction dans son premier
rapport du 14 décembre 1942, lorsqu’il proposait à
Philip la création d’un comité politique. Il précisait
que cette représentation devait « 2. Se tenir en
dehors de l’action, celle-ci étant l’affaire des mouvements de résistance ».
Il n’a cessé de le répéter cet hiver, en toute occasion et dans ses différents projets de « Conseil de la
Résistance » : à l’heure de l’exécution, sa préoccupation demeure inchangée : c’est la Résistance qui
dirige laRésistance 23 .
Quant à l’application de ces instructions, les agissements de * Brumaire, révélés par * Morlaix, ne laissent guère présager un succès facile.
Préoccupé par le déménagement de mon équipe à
Paris, j’expédie mécaniquement le décodage.
En y réfléchissant, ce transfert semble plus simple que je ne le craignais. Les problèmes seront identiques à ceux que je connais : avant tout hébergement,
locaux de travail, liaisons, boîtes aux lettres.
Mon inquiétude se focalise sur les transmissions
radio. Je ne peux prendre le risque d’emmener là-bas Cheveigné, le meilleur radio de zone sud. Heureusement, à Paris, il y a François Briant. C’est
suffisant pour écouler le trafic de * Rex : ses télégrammes sont courts, et leur nombre dépasse rarement trois ou quatre par jour.
J’ignore si je devrai assurer, comme à Lyon, le
service d’autres « clients » (Bidault, CGE, mouvements). Quoi qu’il en soit, je suis certain de trouver
un arrangement avec * Rex. Reste à choisir les camarades qui resteront à Lyon avec * Grammont. Le choix
est facile. Hélène, la femme de Joseph Van Dievort,
habitant Lyon, il est naturel qu’elle demeure sur place
et que j’affecte son mari à la liaison avec Paris.
J’emmène avec moi * Mado, * Germain, Georges
Archimbaud et Laurent Girard et affecte l’intrépide
Suzette à la liaison quotidienne avec Paris. Jean-Louis Théobald, le camarade parisien de Suzette
qu’elle a finalement recruté sous le pseudo de * Terrier,
nous retrouvera sur place. Je fixe mon départ pour
la nuit du 24 au 25. Mes camarades partiront donc
au soir du 23, afin d’être à pied d’œuvre lors de
mon arrivée.
Dimanche 21 mars 1943
Plans de déménagement
Après un sommeil des plus courts, je rencontre
*Germain à 6 heures et demie. Je lui explique que
nous déménageons et lui demande d’avertir * Mado
et de prévenir * Grammont et Hélène Van Dievortque je les rencontrerai au bureau à 10 heures pour
leur expliquer leurs nouvelles fonctions. Je lui
demande également de montrer à Hélène toutes les
boîtes et de l’emmener à ses rendez-vous afin de la
présenter à ses correspondants.
À 7 heures, je sonne chez * Rex. Il vient m’ouvrir
en pyjama : visiblement, je le réveille.
Les révélations de Bidault et la lettre de * Morlaix
ont dû le faire réfléchir toute la nuit à la stratégie à
adopter devant une situation pour le moins explosive. J’ai déjà observé qu’il ne prend ses décisions
qu’après consultations puis mûre réflexion
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