Alias Caracalla
rendez-vous avec * Brumaire et * Passy, que je lui
communique pour demain matin, au bois de
Boulogne.
En me quittant, il me donne rendez-vous ce soir,
à 7 heures, au Café des Sports , au coin de l’avenue
de la Grande-Armée et de la place de la porte Maillot.
À l’heure dite, j’entre au café. Quelques instants
plus tard, * Rex arrive en compagnie de deux personnes : * Morlaix et * Champion.
J’ai entendu parler d’eux après l’arrestation de
*Frédéric. *Morlaix paraît légèrement plus jeune que
*Rex ; *Champion est plus proche de mon âge. Ce
contraste n’est pas le seul : le premier est aussi
grand que le second est petit.
Après s’être installé, * Rex me présente : « Le fidèle
*Alain. » Le moindre compliment de sa part a une
extrême importance pour moi ; mais là, quelle fierté !
Se tournant vers moi, il ajoute : « Je vous ai déjà
parlé des adjoints de * Frédéric. »
Tous deux m’accueillent chaleureusement. * Morlaixinsiste : « * Rex nous a parlé de vous. Je suis sûr que
nous formerons une bonne équipe. »
Au cours du repas, * Morlaix raconte ses démêlés avec * Passy et * Brumaire. Dès l’arrestation de
*Frédéric, *Passy a coupé toute relation avec *Morlaix
et lui a demandé de se mettre au vert ; ce qu’il a
refusé. * Brumaire a annoncé la création immédiate
d’un Comité de coordination regroupant les cinq
mouvements de zone nord. « Les mouvements, a-t-il
déclaré, ne veulent à aucun prix des partis politiques ni du Conseil de la Résistance. * Rex devra
lâcher du lest : la Résistance n’est pas une armée
que l’on fait marcher au pas. »
*Rex ne se montre nullement impressionné par les
manœuvres de * Brumaire, qu’il a suivies de Londres.
Avec l’appui de Jacques Bingen et d’André Philip, il
a tenté de les contrarier. Des propos de * Morlaix, la
révélation importante est la création du Comité de
coordination. * Rex s’en émeut : « Il veut émasculer
le Conseil de la Résistance ! »
Avant de nous séparer, nous échangeons nos boîtes avec * Morlaix.
Je raccompagne * Rex chez Mme Scholtz, au 31 rue
Blanche. Pendant le trajet, il ne desserre pas les dents.
À la sortie du métro Trinité, nous nous séparons :
« Venez demain matin à 8 heures. Bonsoir. »
Dans la nuit, il s’éloigne vers son domicile de
hasard.
Mercredi 31 mars 1943
Rencontre au sommet
Avant mon rendez-vous avec * Rex, je vois * Germain,
qui n’a relevé presque aucun papier. Il a rendez-vous dans la matinée avec * Léopold. Nous décidons
de nous revoir dans l’après-midi à l’Arc de triomphe.
En le quittant, j’achète quelques journaux et monte
chez * Rex. Il m’ouvre lui-même, Mme Scholtz étant
sortie. Elle lui a laissé sa salle de bains et préparé
son petit déjeuner dans la salle à manger.
Contrairement à nos habitudes, je sens qu’il a
envie d’être seul. Il me donne à nouveau rendez-vous
au Café des Sports , où nous devons retrouver * Morlaix
et * Champion vers 1 heure. « Je serai peut-être en
retard », dit-il ; c’est la première fois qu’il prend la
précaution de m’en avertir.
Au café, j’arrive le premier. * Morlaix et * Champion
me rejoignent quelques instants plus tard. * Rex est
effectivement en retard.
J’en profite pour faire mieux connaissance. D’après
ce que j’ai compris hier, ce sont des Parisiens. Ils
peuvent donc me donner des conseils sur les problèmes de la Résistance à Paris : logements, boîtes,
mouvements, sécurité, etc.
Selon eux, il faut éviter les sites touristiques, où
les Allemands grouillent : le haut des Champs-Élysées,
l’Opéra, le Trocadéro, Montmartre, etc. En revanche,
le bois de Boulogne, les Tuileries et le Palais-Royal
sont parfaits.
« Et la rive gauche ?
— Ce n’est pas notre quartier, mais il y a peu
d’Allemands. Peut-être qu’ils ne veulent pas provoquer les étudiants ! »
Pour les transports, ils prennent le métro, comme
tout le monde : « C’est indispensable et relativement
sûr si l’on ne parle pas et ne transporte rien de
compromettant. Il y a parfois des contrôles de
police dans les couloirs des stations, spécialement à
Châtelet. »
Pour le reste, les consignes sont les mêmes qu’en
zone sud.
Lorsque * Rex arrive, il est tendu à l’extrême, plus
encore qu’à Lyon après certaines réunions houleuses. Là-bas, j’en connaissais les causes ;
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