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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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baie ouvre
sur les arbres de l’Observatoire. C’est une vaste pièce,
dont une partie sert de salle à manger et l’autre de
living. Un escalier s’élève à côté, desservant la mezzanine. Celle-ci sert de chambre à coucher et surplombe le coin repas. La salle de bains se trouve
au-dessus de la cuisine.

    *Rex pourra installer son chevalet et son matériel
de peinture dans un angle du living. L’ensemble, de
style Art déco, est élégant et pratique : l’appartement
occupant tout l’étage, il n’y a aucun voisin. Nous
pourrons enfin travailler sans crainte d’être entendus. Je suis heureux d’avoir trouvé ce lieu discret,
original et inconnu de tous : * Rex, en sécurité,
oubliera peut-être ses soucis.

    Dans la suite de la matinée, je retrouve * Germain,
qui établit peu à peu les liaisons avec les services et
les secrétariats des mouvements. Mon esprit est
ailleurs : je suis préoccupé par le nouveau rendez-vous entre * Rex, * Passy et * Brumaire. Ils ont réclamé
une confrontation avec * Morlaix au sujet de son
rapport sur leurs critiques à l’égard du patron.

    À midi, j’arrive au rendez-vous, fixé au pied de
l’Arc de triomphe, côté avenue Kléber. * Champion attend déjà. Nous commençons à échanger
nos rendez-vous lorsque * Morlaix nous rejoint à
grands pas.

    Il rayonne : «  * Rex a mangé du lion ! Il les a piétinés. * Passy était livide et * Brumaire pleurait de rage.
*Passy a perdu de sa superbe : il a compris que le
titre de commissaire national que * Rex leur a jeté
au visage était une menace pour son poste. Je ne
l’ai jamais vu dans un tel état. »

    *Morlaix poursuit en nous régalant de détails.
*Rex a dit à *Passy en le regardant dans les yeux :
« Vous étiez avec moi lorsque le Général a signé ses
instructions : ce sont des ordres. C’est vous le chef
de mission ! Vous aviez le devoir de les appliquer et
de les faire appliquer par * Brumaire, qui est votre
subordonné. »

    *Brumaire a essayé de convaincre *Rex que le
Conseil de la Résistance est une erreur qui ruinera
les chances de redressement politique de la France
après la Libération. « C’est du journalisme de pacotille ! » a rétorqué * Rex, piqué au vif. * Brumaire
s’est rebiffé, clamant que sa conception était prophétique et non de la « routine de fonctionnaire ».

    « Taisez-vous, lui a ordonné * Rex. Vous êtes ici
pour exécuter les ordres du Général et non pour
discutailler et organiser des embuscades contre son
représentant. En tout cas, je ne vous laisserai pas
pourrir la situation. J’ai demandé votre rappel à
Londres. En attendant, croyez que je veillerai à ce
que vous exécutiez mes ordres. »

    *Morlaix ajoute : « Je les ai quittés suintant de
haine. S’ils avaient pu tuer * Rex, ils l’auraient fait.
Malgré tout, il est resté maître du terrain. » Après
un silence, il reprend : « Je n’ai jamais vu * Rex dans
un tel état. À un moment, il a crié en se tapant surles fesses : “Voilà ce que j’en fais de votre politique !”
Je n’en revenais pas : un homme que j’ai toujours
connu maître de lui ! »

    À cet instant, j’aperçois *Rex qui débouche de
l’avenue des Ternes et se dirige vers nous. Comme
d’habitude, il marche vite. Il demande à *Morlaix et
*Champion de nous précéder au Café des Sports , où
nous déjeunerons ensemble.

    Tandis qu’ils s’éloignent, nous demeurons face à
face. Son visage se ferme : « Ça s’est mal passé. “Il”
ne changera jamais : brillant, arrogant, mais incapable de comprendre une situation et de traduire
ses idées en actes. » Après quoi, il me regarde
sévèrement : « J’ai eu tort de vous écouter. J’aurais
dû expédier malettre 4 . »

    Reprenant son calme et baissant la voix, il ajoute :
« Pour eux, la politesse est un aveu de faiblesse. Ils
ne respectent que la force : il faut cogner pour les
faire obéir. Ne l’oubliez jamais ; c’est une loi de la
politique. Vous êtes un tendre, vous croyez aux sentiments. La vie vous sera cruelle. »

    Heureusement cette rebuffade, que je ressens
comme une gifle, est noyée dans sa rancune à l’égard
du chef du BCRA — mon chef ! — et de son acolyte,
qu’il évoque de nouveau, envahi de colère, tandis
que nous descendons l’avenue. J’ai l’impression que
la violence de sa réaction lui sert de point d’appui
pour entamer le prochain round.

    Le déjeuner est naturellement

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