Alias Caracalla
consacré à la rencontre du matin. *Rex cherche à évaluer les dégâtsque les deux « missionnaires » sont capables de provoquer avant leur départ puis lors de leur arrivée à
Londres.
J’ai déjà vécu auprès de lui des tensions extrêmes
et des crises, mais celle-ci est différente. Qu’y a-t-il
donc entre * Brumaire et lui ? Se connaissaient-ils
autrefois ? Étaient-ils déjà « en guerre » avant la
guerre ?
Comme au cours des affrontements avec les chefs
des mouvements, * Rex revient sur certains détails,
se répétant le récit de l’affrontement comme pour
s’assurer de ne rien oublier.
Pendant le repas, * Morlaix révèle qu’Henri Frenay
a envoyé * Lebailly et * Lorrain en zone nord afin
de prêcher la révolte contre * Rex : « Ils affirment
que vous n’avez aucun mandat pour commander la
Résistance et que, de toute manière, la Résistance
possède une légitimité égale à celle du Général et
ne lui obéira pas. »
*Rex se rembrunit. *Morlaix poursuit : « Ils ont
endoctriné * Médéric 5 , qui me l’a répété, mais également * Francis, * Sermois 6 , * Marty 7 , qui sont très
remontés. »
*Rex tente d’évaluer les dégâts : « Les chefs de
la zone sud sont impopulaires ici. En particulier,
l’autoritarisme de * Charvet [Frenay] hérisse les résistants. Qu’ils ne comptent pas se réconcilier sur mon
dos ! » Un silence s’ensuit qu’aucun de nous n’ose
rompre.
Après un moment, il reprend : « Cette nouvelle
trahison a un avantage : les choses sont claires,c’est la guerre ! La seule riposte est de constituer et
de réunir rapidement le Conseil de la Résistance,
qui les fera plier. Après, on verra. »
En parlant, il semble découvrir un effet bénéfique
imprévu du Conseil : non seulement le Général sera
investi d’une légitimité démocratique, mais la mission de son représentant sera facilitée. « De toute
façon, il n’y a pas d’autre solution que la victoire. »
*Rex se tait, visiblement concentré sur les diverses possibilités d’une contre-attaque. * Morlaix
poursuit son idée : « Demain, devant le Comité de
coordination, vous devriez condamner ces initiatives, en particulier celle de * Brumaire, qui a supprimé la Commission permanente.
— La politique est la politique : je dois respecter
les règles. Je ne peux désavouer un représentant du
Général sous peine d’accroître le désordre. * Brumaire
a remporté la première manche ; à moi de gagner la
seconde. Dans un gouvernement, on ne se bat pas
contre son camp. S’il a trahi sa mission, je ne l’imiterai pas. Face à la Résistance, je dois accepter la
situation telle qu’il la transmet. »
*Morlaix semble interdit. *Rex le comprend, qui
ajoute : « Rassurez-vous, je n’ai pas abandonné le projet de Commission permanente. Mais il faut d’abord
que * Brumaire rentre à Londres. Le Général a fixé
un calendrier : d’abord et avant tout la réunion du
Conseil, dont il tirera la légitimité lui permettant de
s’imposer aux Alliés. Je vais le réunir en priorité. »
Il répète : « Après, on verra. Le fonctionnement
de cet organisme décidera de l’avenir. Je suis sûr que,
tôt ou tard, l’évolution de la Résistance obligera les
chefs à constituer un bureau, peu importe sous quel
nom. »
La suite du déjeuner est plus paisible. J’ai déjàremarqué qu’une fois qu’il a compris la solution
d’une crise, la tension diminue. * Rex passe aux relations avec les partis politiques. * Morlaix propose de
lui faire rencontrer le représentant du parti communiste qui, lui aussi, est hostile au Conseil de la
Résistance. Il va falloir le convaincre d’y participer
pour détruire l’effet d’emballement produit par
*Brumaire.
*Rex réplique : « Les communistes ont payé le
prix fort pour être réintégrés dans la vie politique,
mais la démocratie n’est le monopole d’aucun parti.
Nous ne sommes pas en Russie. D’ailleurs, Fernand
Grenier m’a donné à Londres son accord de principe sur leConseil 8 . »
*Morlaix ne répond pas directement et conseille à
*Rex de rencontrer*Colbert 9 , le représentant du Front
national, avant la séance de demain. * Brumaire l’a
déjà désigné pour faire partie du Comité de coordination.
*Rex refuse : « Le Front national n’a rien à faire
au Conseil : ce n’est pas un authentique mouvement
de résistance, mais une création du parti communiste. »
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