Alias Caracalla
bistrot derrière la place Saint-Sulpice. Il vient
d’arriver à Paris pour installer son service.
En attendant * Rex, il me confie son inquiétude à
l’égard des transmissions radio : « Avez-vous des
opérateurs à Paris ? » Je lui explique mon organisation provisoire, en attendant le prochain rendez-vous avec Briant.
« J’espère que le trafic va s’améliorer. L’information n’a d’intérêt que par son actualité. J’ai beaucoup souffert à Lyon des retards considérables qui
rendaient caduque une partie de mon travail. » Je
l’assure de mes efforts pour obtenir de Londres
les moyens appropriés et créer, en zone nord, un
réseau à son usage.
Lorsque * Rex arrive, la conversation change de
cours : le problème de la représentation des partis
au sein du Conseil est de nouveau à l’ordre du jour.Sous une forme ou sous une autre, le débat n’a
jamais cessé depuis le mois de novembre.
La création du Conseil et la représentation des
partis en son sein sont acquises depuis le voyage de
*Rex à Londres ; reste à désigner les représentants.
*Brumaire, dès son arrivée à Paris, a tenté de tout
torpiller. Alors que le Général avait prescrit sa mise
en œuvre rapide, il a essayé de dissuader * Rex de
remettre en selle les vieux partis disparus. Seuls à
ses yeux les communistes et les socialistes — à la
rigueur — pouvaient y prétendre. Il a proposé de
remplacer les autres par des représentants de
« familles spirituelles », d’où la création du Comité
de coordination rendant invalide la Commissionpermanente 10 .
« Comme toujours, dit Bidault, l’analyse de
*Brumaire est brillante, mais ne tient aucun compte
de la réalité. » * Rex répète ce que j’ai maintes fois
entendu : « Soutien du Général par des représentants élus de partis connus : ce sont eux qui doivent
accueillir les Alliés à Paris, sinon les événements
d’Afrique du Nord se répéteront en France. »
Il explique à Bidault que le Conseil de la Résistance
est la seule institution de la Résistance à pouvoir
prétendre à une triple légitimité : sociale et ouvrière
par les syndicats, politique par les anciens partis,
patriotique par la coalition des mouvements.
*Rex hausse à nouveau le ton : « *Brumaire prétend fonder l’avenir politique de la France sur la
seule Résistance. C’était possible et souhaitable il y
a quelques mois, puisque les mouvements étaientseuls à prendre des risques et à préparer la revanche. Mais aujourd’hui, ce serait une folie que de fonder autour du Général un grand parti attrape-tout.
— Qu’en pense de Gaulle, justement ?
— Je puis vous assurer qu’il n’est pas d’accord. Sa
volonté est de rassembler les Français pour la victoire et pour la République. “Après, m’a-t-il dit, nous
aurons gagné un repos mérité.” »
Les deux hommes examinent les représentants
qui pourraient siéger au Conseil. Pour les mouvements, les chefs sont leurs porte-parole naturels. Il
en va de même pour les hommes désignés par le
parti communiste, les socialistes et les syndicats. La
situation des anciens partis est différente puisqu’ils
ne participent pas en tant que tels à la Résistance et
que leurs comités sont dissous, les cadres éparpillés
et les troupes, sauf pour les socialistes et les communistes, inexistantes.
*Rex souhaite obtenir l’aval de quelques noms
prestigieux ayant rallié la Résistance, tout en conservant la confiance d’une fraction au moins de leurs
électeurs.
Le parti socialiste clandestin présente une difficulté spécifique : deux comités le représentent au
sein de la Résistance : l’un en zone nord, présidé
par * Revel 11 ; le second en zone sud, par * Villiers.
Lequel siégera au Conseil ?
Pour les radicaux, * Rex a interrogé Paul Bastid :
« Lui au moins n’a pas cessé de résister depuis le Massilia . » Il lui accorde sa préférence pour incarner un parti qui ne s’est pratiquement pas manifesté en tant que tel, et dont Herriot, son drapeau, a
refusé à plusieurs reprises de rejoindre de Gaulle.Mais Bastid a conseillé de choisir un homme politique plus connu.
*Rex souhaite que les francs-maçons, persécutés,
aient un siège au Conseil. Il a interrogé * Morlaix
afin de trouver un de leurs représentants, mais sa
réponse laisse peu d’espoir : « Après la vague d’arrestations autour de * Frédéric, ce sera difficile. » * Rex
avait
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