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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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Morlaix corrige aussitôt : « Ce n’est pas exact :
le FN est un mouvement de résistance, dont les FTP
sont le groupe paramilitaire. »

    Je suis étonné par l’âpreté de cette discussion en
entendant * Rex lui répondre : « Ce n’est pas ce que
m’a dit * Gaston en zone sud. Il m’a toujours affirmé
que les FTP, d’ailleurs inexistants là-bas, étaient le
groupe paramilitaire du PC. En revanche, d’autres
mouvements, comme Défense de la France, n’ontpas été pris en compte par * Brumaire dans “son”
comité. Je dois rencontrer leurs représentants pour
examiner leurs réclamations. »

    Pour ne pas envenimer la discussion, * Morlaix
revient au problème du Comité de coordination créé
par * Brumaire. Il explique à * Rex qu’il lui paraît
préférable de ne pas le réunir, afin de ne pas le légitimer, et de désigner les membres de la Commission
permanente.

    « Le Comité de coordination, répond * Rex, s’est
constitué contre les instructions du Général et contre
mon gré. Bien que ce soit une erreur, c’est un fait
que je dois accepter. Il n’y a pas à épiloguer. En
revanche, vous devez persuader les mouvements, en
toute occasion, que le but final est la fusion des
comités des zones sud et nord en une Commission
permanente, laquelle défendra seule le pouvoir légitime de diriger la Résistance. »

    *Rex conclut : « N’oubliez surtout pas : vis-à-vis
des mouvements, pas de polémique ; silence sur
*Brumaire et *Passy. »

    Vendredi 2 avril 1943

     

    Un peintre nommé Jacques Martel

    Après notre rendez-vous matinal, je propose à * Rex
de visiter « son » atelier. La concierge, occupée, nous
confie les clefs. Je n’ai fait au patron aucune description afin de ménager la surprise.

    Il partage immédiatement mon coup de foudre,
parenthèse heureuse au milieu des soucis  : « Dans un
tel atelier, je pourrai faire votre portrait… en pied,naturellement ! » Il veut signer le contrat de location en fin d’après-midi et souhaite y coucher dès
demain. Il regarde sa montre : « Nous avons le
temps. Accompagnez-moi : je dois d’abord choisir
mon matériel. » C’est un autre homme.

    En route pour Sennelier, le fabricant de couleurs
et marchand de matériel pour peintres qui a ouvert
avant guerre un nouveau magasin rue de la Grande-Chaumière, au cœur de Montparnasse. Il me désigne l’atelier de dessin et de peinture : « C’est ici que
tous les grands peintres du XX e  siècle ont dessiné
leurs nus, en particulier Modigliani, le plus désincarné et le plus érotique. »

    Brusquement, il traverse la rue et nous entrons
dans ce lieu mythique. Il demande à la dame qui
vend les tickets la permission de jeter un coup d’œil
dans l’atelier pour voir si l’un de ses amis s’y trouve.
J’entre pour la première fois dans un atelier d’artiste.
Un modèle pose debout ; n’ayant jamais vu de femme
nue, je rougis immédiatement et ose à peine la
regarder.

    Si j’avais été seul, ma curiosité aurait sans doute
triomphé, mais en présence du patron… Contrastant avec mon trouble, les dessinateurs, préoccupés
d’exactitude, me paraissent exempts de lubricité.
*Rex m’entraîne vers la sortie : « Je ne suis pas sûr
que ce soit le lieu idoine pour la préparation de
l’insurrection. »

    Chez Sennelier, je reprends mes esprits, émerveillé
par les crayons de couleur, les pastels, les tubes de
peinture, les palettes en bois, etc. Il choisit un cahier
à dessins, quelques feuilles de papier Canson, des
pinceaux, une boîte de couleurs, des toiles de différentes dimensions et un chevalet de campagne.

    « Vous les déposerez à l’atelier », me dit-il, puis ilme quitte, tandis que je transporte une partie de ses
achats rue Cassini.

    Parenthèse surprenante dans le toboggan tragique :
j’ai découvert un homme que je devine depuis des
mois au cours de moments privilégiés. Ce matin, il
me paraît possédé par la joie d’organiser une vie
imaginaire et de rendre crédible sa couverture. N’est-ce pas ainsi que les enfants sont heureux : en rêvant ?

    Mais est-ce un rêve ? Le plaisir de cet après-midi
n’est-il pas plutôt la preuve qu’il est vraiment peintre ? Sa connaissance du matériel, de la qualité des
pinceaux ou des papiers ne le prouve-t-elle pas ? En
tout cas, aujourd’hui, j’ai la preuve qu’il est « en
manque » de peinture.

    Ce soir, nous dînons avec Georges Bidault dans
un

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