Alias Caracalla
cité Marc Rucart, qui avait l’avantage de les
représenter en même temps que les radicaux.
Il a demandé à Bidault de représenter les démocrates populaires, après l’impossibilité de joindre
Champetier de Ribes. En revanche, l’Alliance démocratique et la Fédération républicaine font problème : Paul Reynaud a été déporté et son successeur,
Pierre-Étienne Flandin, est compromis par sa présidence du gouvernement de Vichy. Dans ce groupe
minuscule, existe-t-il un seul résistant ? Rex se propose d’interroger Bastid.
Quant à la Fédération républicaine, Louis Marin
en est le représentant légitime puisqu’il a répondu
« non » à Pétain et manifesté publiquement son
opposition dans les rues de Vichy. Toutefois, lui
aussi a refusé de rejoindre de Gaulle, qui le réclame
depuis des mois. Malgré tout, * Rex ne désespère pas
de le convaincre de représenter son parti. Il me
charge de le joindre pour organiser un rendez-vous.
Restent les représentants des deux grands syndicats. Pour la CFTC, Gaston Tessier est le candidat
naturel, mais celui de la CGT, Léon Jouhaux, a été
arrêté en novembre 1942 et déporté. Qui prendra sa
place ? Louis Saillant, en zone nord, est favori. Toutefois, la centrale syndicale exige deux représentants.
*Rex est catégorique : « C’est hors de question.
Après la réunification, je ne vais pas légitimerl’ancienne scission. De toute manière, il y a une
règle : un délégué par groupe. »
Samedi 3 avril 1943
Épisode de la guerre froide
La première réunion du Comité de coordination
zone nord, sous la présidence de * Rex, est fixée à
9 heures, ce matin, rue de la Pompe, non loin de la
station de métro.
*Rex m’a demandé de venir le chercher chez
Mme Scholtz, rue Blanche, à 7 heures. Il a préparé sa
valise, que je dois porter dans la journée rue Cassini,
et laissé un mot de remerciement avant de quitter
les lieux.
Lorsque nous arrivons rue de la Pompe, la plupart des chefs des mouvements occupent le grand
salon d’un vaste appartement. Au fond de la pièce,
à gauche de la cheminée, j’aperçois * Brumaire et le
colonel * Passy. * Rex, qui semble ne connaître personne d’autre, se dirige vers eux et leur serre la main :
« Vous connaissez * Alain, mon secrétaire. » Le visage
des deux hommes se fige : je sens qu’ils me tendent
la main à regret.
*Rex demande à *Passy de lui présenter les participants au Comité. À chacun d’eux, il adresse un
mot de bienvenue puis, indiquant mes fonctions,
les invite à me confier leurs boîtes afin d’établir une
liaison permanente.
À l’exception de * Médéric, petit et trapu, qui tranche par sa jovialité — il est le seul à m’adresser un
« Bienvenu parmi nous » —, je sens les autres presque scandalisés de recevoir un « gamin » parmi
eux. * Maxime, le chef de l’OCM, et * Schelley 12 , représentant le SOE britannique, se contentent de me
saluer de la tête.
Les présentations terminées, * Rex me donne
rendez-vous à 1 heure à la brasserie Ruc , près de la
gare Saint-Lazare. J’observe qu’à Paris il n’y a
aucun répit pour * Rex : depuis son arrivée, tous ses
rendez-vous sont des affrontements. Celui de ce
matin n’échappe pas à ce qui semble être la règle de
la zone nord.
Je suis le premier au rendez-vous, suivi de * Morlaix
et * Champion. En arrivant, * Rex s’excuse de son
retard et, avant même de consulter le menu, nous
confie : « J’espère que le service va rappeler * Brumaire
et * Passy. C’est urgent pour débloquer la situation. »
D’après ce que je comprends, Libération ne représente rien militairement, Ceux de la Résistance et
Ceux de la Libération ont quelques forces militaires
dans certains départements, mais n’ont, comme
l’OCM, aucun journal, tandis que le Front national
est un mouvement en train de se faire, qui brandit
en toute occasion les FTP comme sa force militaire,
alors qu’ils relèvent du parti communiste. Et puis il
y a les absents, comme Défense de la France, qui semble posséder un journal à grand tirage et qui a créé un
mouvement militaire autour de lui, ou Résistance,
qui, en plus d’un journal très actif, possède une force
militaire.
*Morlaix interroge *Rex : « Pourquoi avoir acceptéde présider cet organisme qui n’est pas prévu dans
le programme du Général ?
— Je vous l’ai dit et je le répète : il est
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