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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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ont signé,
le 28 juin 1940, avec de Gaulle un accord lui reconnaissant le commandement de tous les éléments
militaires français sur le territoire britannique.

    La feuille précise que les militaires souhaitant
« continuer à lutter contre l’ennemi seront constitués
en un corps de volontaires français comportant des
forces terrestres, navales et aériennes ». Les volontaires civils, dont je suis, « reconnus aptes à servir,
seront admis dans ce corps ». Une clause m’intrigue : « Les volontaires s’engagent pour six mois. Leur
engagement est renouvelable. » Les Anglais croient-ils que la guerre sera finie dans six mois ? Veulent-ils tester notre valeur au combat ? Pourquoi cette
restriction qui ne couvre pas la durée de la guerre ?
Une autre clause me semble inutile : « La possibilité
d’acquérir la nationalité anglaise ou la nationalité
canadienne sera assurée à tout moment aux volontaires. » Les Anglais croient-ils que nous renoncerons à notre nationalité, alors même que nous nous
engageons pour la conserver ?

    Après mon inscription, je descends au rez-de-chaussée afin de passer une visite de santé dans
une infirmerie improvisée. En sortant de l’examen
— positif —, j’avise le bureau du vaguemestre.
Surprise ! un paquet de livres envoyé par Schwob
m’attend, ainsi que des vivres expédiés par Mme
Zonneveld. Dans une lettre, celle-ci m’explique que
les visites étant interdites à Anerley, elle n’a pas pu
venir me voir. Elle termine en me donnant son
numéro de téléphone et m’enjoint de l’appeler dès
ma première sortie. Son paquet contient des confitures, un cake et une boîte de cent cigarettes Players,
dont la dimension extrême m’étonne.

    Au colis de Schwob ( Vol de nuit , de Saint-Exupéry, Le Songe , de Montherlant) est jointe une lettre dans
laquelle il me redit le plaisir de notre rencontre et
m’invite à déjeuner. Il ne manque pas de me demander de transmettre à mes camarades son amical
souvenir.

    En remontant à l’étage, je tombe sur Alain Rödel,
un de mes camarades de classe de Saint-Elme.
Incroyable surprise ! Je ne l’avais pas revu depuis
quatre ans. Mon plaisir de rencontrer, en ces circonstances, ce témoin du passé n’est pas moins grand
que le hasard qui nous rassemble.

    Il me raconte son départ et son arrivée jusqu’ici.

    Alors qu’il était en vacances dans la propriété de
son grand-père, dans les environs de Bordeaux, un
de ses camarades était venu le voir à motocyclette,
le 22 juin, pour lui faire ses adieux :

    « Où vas-tu ?

    — Les Boches arrivent. Je quitte la France pour
me battre.

    — Où ?

    — Je ne sais pas, là où me conduira un bateau. »

    Sans la moindre hésitation, Rödel embrassa son
grand-père et enfourcha la moto de son ami. Tous
deux foncèrent sur Bayonne, pour découvrir que les
derniers bateaux étaient partis. Le capitaine du port
leur signala un navire polonais qui embarquait des
soldats à Saint-Jean-de-Luz.

    Arrivés là-bas, ils achetèrent des capotes militaires à des soldats perdus qui traînaient sur le
port. À l’embarcadère, derrière la place Louis-XIV,
ils se faufilèrent dans une chaloupe qui chargeait des
passagers. Conduits à bord de l’ Ettarik , qui mouillait
en rade, ils débarquaient deux jours plus tard à
Plymouth et venaient d’arriver à l’Olympia.

    « Y a-t-il d’autres camarades de Saint-Elme ici ?

    — Tout est possible ! »

    Avant de nous séparer, je lui donne rendez-vous
ce soir à la cantine.

    Tout le monde étant inscrit sur la liste du lieutenant, nous sommes libres. Les uns, allongés sur leurs
paillasses, lisent, écrivent, rêvassent ; d’autres discutent ou déambulent, désœuvrés, alentour.

    J’emboîte le pas de l’un d’entre eux, qui a découvert
un escalier conduisant sur la terrasse de l’Olympia.
Sortant de la pénombre, dans laquelle nous vivons
depuis hier, je suis ébloui par la lumière intense de
cette matinée de juillet.

    De l’autre côté de la rue se dresse un grand immeuble en brique à la façade découpée de pignons baroques. D’autres immeubles, de dimensions différentes
mais de style analogue, s’alignent jusqu’au coin
d’une rue s’enfonçant vers la ville. Notre terrasse est
la plus haute du quartier. Londres, réduit aux toits
et à la verdure, s’étend à perte de vue.

    Dans le lointain, quelques clochers signalent le
centre de la ville. Aux pieds de

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