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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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carrousel géant, désorganisent les formations allemandes. Parfois, une fumée noire désigne
une victime qui tombe en vrille avant de s’écraser
dans une lointaine explosion d’où jaillit un nuage
noir. Les combats se déroulent aux plus hautes altitudes. Ne pouvant identifier le vainqueur, il est
difficile de se réjouir. Seul signe de victoire : les
bombardiers allemands font soudain demi-tour.

    Tous les soirs, les résultats des combats sont proclamés à la BBC et le lendemain dans le bulletin du
camp. J’apprends que la bataille d’Angleterre a commencé le 12 août, quand la Luftwaffe a inauguré les
bombardements massifs en détruisant une dizaine
d’aéroports. Le 15 août, quarante avions allemands
ont été descendus tandis que les Anglais en ont
perdu vingt-sept.

    Depuis le 8 août, le total des pertes allemandes se
monte à quatre cent quarante et un appareils, ce qui
incite Hitler à commencer le blocus de l’Angleterre en
coulant systématiquement tous les navires, même
les neutres.

    Samedi 24 août 1940

     

    L’officier anglais

    Au cours du rassemblement du 22 août, le capitaine Lalande nous a annoncé la visite d’un officier
général britannique au camp de Morval. Il doit arriver aujourd’hui, à 11 heures. Ces inspections périodiques d’officiers britanniques deviennent une
routine qui stimulent nos progrès.

    Je comprends pourquoi, depuis une semaine, nous
passons nos journées sur le parad ground  à perfectionner le maniement des armes, le pas cadencé,
l’arrêt, le départ, etc. Ces exercices exigent une
cohésion parfaite. En les réussissant, nous avons
conscience d’appartenir à un corps animé d’une
volonté unique. Nous espérons infliger à l’officier
anglais une leçon de perfection Free French .

    Depuis ce matin, après un branle-bas fiévreux, nos
officiers murmurent qu’il s’agirait du chef de l’état-major général de l’Empire britannique en personne.
Il nous fait l’honneur d’une visite pour nous intégrer dans les dispositifs des plans de bataille.

    Nous n’avons pas besoin de ce prétexte pour vouloir prouver aux Anglais que nous sommes dignes
de leur accueil. Plus résolue encore est notre volonté
de leur montrer que nous sommes l’armée française
reconstituée par le général de Gaulle.

    Le lieutenant Saulnier fait une ultime inspection
avant le départ pour Morval, où s’effectue la revue.
Malgré son regard inquisiteur sur nos tenues, nos
chaussures et nos armes, il ne trouve rien à redire.

    Le bataillon se forme sur le parad ground de
Delville : « Fusil sur l’épaule, droite ! En avant,marche ! » Pour rejoindre Morval, nous devons sortir de Delville, descendre sur la route de Cove, puis
remonter dans le camp voisin et rejoindre le rassemblement des légionnaires, fusiliers marins et troupes de chars et d’artillerie.

    Dans chaque section, les plus grands sont au premier rang, suivis par les autres en ordre de taille
décroissant. Je me trouve avec Briant au milieu de
mon groupe. Malgré tout, dans l’intervalle, entre les
camarades installés devant moi, je peux observer
les allées et venues de nos officiers. Je ne veux surtout pas rater l’arrivée du général anglais.

    La voix du colonel Magrin-Verneret retentit :
« Garde à vous ! Armes sur l’épaule, droite ! » tandis
que s’élève la sonnerie « Aux champs ».

    Un silence inouï submerge le camp. Au loin,
j’entends les commandements se succéder en cascade.
Nous sommes plus d’un millier. Le capitaine Lalande
commande à son tour  : « Présentez armes ! » Le bruit
sec des deux cents fusils claque comme un coup
de feu.

    Immobile, j’aperçois, arrivant sur ma droite, le
képi du général de Gaulle… Nous sommes raidis
dans une immobilité de bronze afin qu’il soit fier de
présenter son armée à l’invité britannique avançant
à ses côtés.

    Celui-ci, marchant lentement, entre dans mon
champ de vision. Stupeur : George VI, roi
d’Angleterre, se tient à trois mètres devant moi.
Petit, élégant, un teint de brique, il passe comme au
ralenti devant nous, regardant chacun avec une
attention souriante. J’aurais voulu lui crier ma reconnaissance pour l’accueil amical de son peuple.

    « Reposez armes ! » J’entends le claquement de lacompagnie suivante qui, en écho à la nôtre, répète
la manœuvre.

    Tout a été si bref. Était-ce un rêve ? Était-ce vraiment le roi George ? Mes

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