Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
Vom Netzwerk:
« Quart
d’heure français », résumant les principales informations. De surcroît, une émission quotidienne
de cinq minutes, « Honneur et patrie », est réservée
au porte-parole de la France libre, le lieutenant
Schumann.

    Au cours de ces émissions, des civils et des militaires interviennent sur tous les sujets. Bien que ces
interventions soient souvent intéressantes, mes camarades et moi sommes scandalisés à cause de leur
parti pris « de gauche ». J’ai repéré les plus fanatiques : René Cassin, Henri Hauck, André Labarthe
et Jules Romains.

    Le 19 juillet, j’ai été outré qu’un journaliste, Jacques
Duchesne, se soit exprimé publiquement ainsi : « Je
comprends très bien le cas des Français qui estiment
qu’ils doivent rentrer et qui rentrent [en France]. »
J’y vois un complot fomenté par le consul de Vichy,
cherchant à rameuter les derniers lâches.

    Le 3 août, René Cassin s’est exclamé : « Ce n’est
quand même pas parce que l’état-major a mal préparé son affaire depuis quelques années et que des
généraux se sont trompés que la République se
trompe depuis soixante-dix ans. » Au nom de qui
parle-t-il ? Je n’ai pas tout quitté pour la République
ni pour sauver l’honneur perdu par la démocratie :
c’est pour la France, et la France seule.

    Dimanche 18 août 1940

     

    Première punition

    Une fausse note rompt l’harmonie de la discipline.

    Notre lieutenant, après nous avoir appris les premières figures militaires (alignement, distance, marche au pas, demi-tours, etc.), nous enseigne le salut
militaire. Ces exercices font partie du programme
de l’après-midi, que nous effectuons sous un vaste
hangar, à l’abri du soleil.

    Je découvre à cette occasion que le salut militaire,
d’apparence naturelle quand les autres le pratiquent,
est d’une exécution délicate. Saulnier, après en avoir
expliqué les différentes phases, divise la section par
groupes de deux chasseurs se faisant face. Alternativement, chacun de nous doit commander et corriger la position de son vis-à-vis. François Briant et
moi (toujours l’alphabet), nous retrouvons face à
face. La figure triangulaire du salut exige une position précise de la main par rapport à l’avant-bras, du
front par rapport à la main, de la tête par rapport
aux épaules, etc. C’est un acte grave de reconnaissance hiérarchique.

    Toutefois, lorsque nous nous saluons mutuellement
avec le sérieux adéquat, ce salut nous paraît soudainridicule : notre complicité cause notre perte. Après
deux ou trois tentatives disgracieuses, durant lesquelles nous nous regardons droit dans les yeux,
j’observe dans son regard je ne sais quelle lueur malicieuse. Est-ce la fatigue ? Le bonheur de cet après-midi d’été ? J’exécute le mouvement de plus en plus
incorrectement, le coude trop haut ou trop bas, la
main trop extérieure… Je ne suis pas le seul en difficulté. Observant les contorsions plus ou moins
comiques de mes voisins, j’éclate soudain d’un rire
nerveux. Briant, semble-t-il, n’attendait que ce signal
pour partir, lui aussi, d’un rire irrépressible.

    Le lieutenant Saulnier se précipite vers nous en
hurlant : « Vous me copierez, chacun, cinq cents
fois “Je ne dois pas rire durant les exercices”. »
Dégrisé par cette algarade, je suis pétrifié, autant
par crainte d’avoir déçu mon chef que de lui avoir
offert une fausse image de ma volonté de servir. C’est
la première punition infligée dans notre section. La
honte !

    Après la soupe, tandis que les autres partent à
Cove, assis tous deux à la table de la chambrée, nous
commençons notre triste calligraphie ligne par ligne.
En dépit de notre application, nous en exécutons
moins de la moitié le premier soir. Le lendemain,
après la soupe, tandis que nous reprenons notre
pensum, le lieutenant entre en coup de vent dans la
chambrée. Tout le monde se fige dans un garde-à-vous impeccable. Il vient vers nous, réclame notre
travail inachevé, jette un coup d’œil, déchire les
feuilles en nous conseillant de ne pas recommencer,
puis sort sans un mot.

    Jeudi 20 août 1940

     

    Les Allemands dans le ciel

    Depuis le 12 août, des nuées d’avions survolent la
région à très haute altitude. Toute la journée, les
chasseurs Hurricane ou Spitfire décollent de l’aérodrome de Farnborough, face au camp.

    Là-haut, ils deviennent des points brillants qui,
dans un

Weitere Kostenlose Bücher