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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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chambre aux murs blancs
de l’aumônier militaire. Confession du plus grave
des péchés de mon existence : l’apostasie.

    Enfin réconcilié avec Dieu et moi-même, je communie aujourd’hui dans la béatitude d’une pureté
reconquise.

    La foi militante de nombreux chasseurs accompagnée de celle de nos officiers m’encourage. Le capitaine Lalande et le lieutenant Dupont, entre autres,
sont présents à la messe. Ce dernier a acquis une
réputation de sainteté parce qu’il manifeste un
dévouement de boy-scout à l’égard de sa compagnie, mais aussi parce qu’il place notre croisade
dans la perspective d’une rédemption chrétienne.

    Je peux écrire moi aussi dans mon cahier :

J’engage toutes mes forces et toute ma vie à ce
seul but : refaire une France libre et chrétienne.
[…] Je promets à Dieu de réaliser dans ma vie
un christianisme intégral et de rétablir l’ordre
chrétien en France.

    J’ajoute :

Seigneur donnez-moi la force de combattre ; la
victoire est à vous seul.

    Lundi 5 août 1940

     

    Le drapeau de la liberté

    Trois semaines après notre arrivée, un mât est installé au centre du parad ground afin d’exécuter le salut
aux couleurs. J’ignore cette cérémonie, à laquelle je
n’ai jamais assisté. Intense moment de fierté : tandis
que nous présentons les armes, le drapeau français
monte au son du clairon, lentement, le long du mât.

    À l’exception du 14 Juillet, notre existence depuis
notre arrivée se déroule au milieu des drapeaux
anglais. Aucun symbole dans le camp ne signale
notre nationalité. Seules les cocardes des avions de
l’aérodrome voisin me donnent l’illusion d’être en
France. Nous sommes enfin chez nous : la France
de l’honneur, et non plus des exilés apatrides.

    Vendredi 9 août 1940

     

    Les Boches débarquent ?

    Comme souvent, je me couche tôt. Plongé dans
mon premier sommeil, je n’entends pas l’appel de
9 heures. Une demi-heure plus tard, je suis réveillé
en sursaut par le lieutenant Saulnier qui parcourt
l’allée centrale, secouant les lits et criant  : « Debout !
Rassemblement dans cinq minutes en tenue de
campagne ! »

    Quelle heure est-il ? 9 heures et demie ! Dehors,
c’est le début du crépuscule : j’ai dormi une demi-heure. Bien qu’ensommeillé je mobilise mon énergie pour m’équiper, persuadé qu’à cette heure, ce ne
peut être que le rendez-vous attendu avec les Boches.
Enfin ils débarquent ! Nous allons nous battre, côte
à côte, en compagnie des troupes britanniques, qui,
depuis des semaines, manœuvrent sur les mêmes
terrains que nous.

    Quel sera notre objectif ? Peut-être devrons-nous
défendre l’accès au camp ? La proximité de l’aérodrome de Farnborough me fait croire que nous
aurons à combattre des parachutistes.

    Quelques minutes plus tard, rassemblé sur le paradground dans un ordre parfait, le bataillon s’ébranle
en silence. Attentifs aux ordres transmis à voix basse,
nous entrons dans les bois environnants, terrain de
nos exercices quotidiens. Après quelques kilomètres,
le lieutenant nous déploie sur une ligne de front,
chaque chasseur ayant un secteur précis à surveiller.

    Le sergent Goudenove m’installe sur un talus en
surplomb, allongé sur le sable, au milieu des broussailles, d’où je dois observer un chemin faisant une
courbe devant moi. La nuit nous enveloppe maintenant. La soirée a la douceur de celles du Pays basque.

    Peu à peu mes yeux s’habituent à l’obscurité. Je
scrute ardemment le secteur indiqué. Le temps passe
dans un tel silence que je me crois bientôt seul au
milieu des landes. Suis-je abandonné par mes
camarades ? Je suis si excité à l’approche du danger
que je n’ai plus sommeil : le moindre froissement
de feuillage me dresse sur le qui-vive.

    Je suis d’autant plus accroché à mon fusil que je
n’ai jamais tiré un coup de feu de ma vie. Nous ne
sommes pas encore allés au stand de tir : il n’y a
que quelques jours qu’on nous a distribué nos armes
avec quelques cartouches. Nos officiers nous ont
simplement appris, en vue d’alertes éventuelles, à
serrer fortement la crosse de notre arme contre notre
joue afin de ne pas recevoir de « claque » lors de la
mise à feu.

    Une étoile filante illumine lentement le ciel. Je formule le vœu qui me hante : « Faites que nous nous
aimions toute la vie. » Une nouvelle étoile troue
l’obscurité : « Je voudrais tuer au

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