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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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[…]

    Pourquoi j’écris cette lettre ? Parce que j’estime
que ceux qui n’ont rien fait pour préparer la catastrophe qui nous ruine, et qui vont donner leurvie pour racheter des fautes qu’ils n’ont pas commises, ont le droit d’exprimer leur mépris à ceux
qui, par un moyen quelconque, veulent ressusciter ce qui fit notre déshonneur. […]

    Mardi 24 septembre 1940

     

    Engagement dans les FFL

    Après l’envoi des couleurs sur le parad ground , le
commandant Hucher nous informe que nous serons
appelés individuellement au bureau du bataillon
pour signer notre engagement dans les Forces françaises libres, nouveau nom de la légion française.

    Nous sommes d’abord surpris, car nous croyions
l’avoir signé à Anerley School, le 28 juin. Au cours
de la matinée, je comparais devant un capitaine
inconnu, qui me fait prendre connaissance du statut dans lequel je m’engage à « servir avec honneur,
fidélité et discipline dans les FFL pour la durée de
la guerre en cours ».

    Je suis choqué que le formulaire que je dois signer
soit daté du 24 septembre 1940, et non du 28 juin.
Intimidé par le capitaine, je n’ose rien dire. Revenu
dans la chambrée, je découvre que cette date factice
fait l’objet de toutes les conversations et que chacun
la juge révoltante. Puisque nous avons tous signé en
juin, pourquoi falsifier aujourd’hui la date de notre
engagement ? Premiers des rebelles, nous sommes
fiers d’avoir eu le mérite singulier d’être condamnés à mort par Vichy. Au nom de quoi maquiller la
vérité ?

    Le soir, après l’ordre de dispersion de la section,nous nous plaignons auprès du lieutenantSaulnier 14  :
ils nous ont volé trois mois !

    Nous sommes sans nouvelles de nos camarades
partis le 1 er  septembre pour l’Afrique.

    Le temps passe, tout entier absorbé par l’accélération de l’entraînement et surtout par l’annonce,
mi-septembre, d’un déménagement dans un nouveau
camp. Les préparatifs représentent un surcroît de
fatigue.

    Soudain, en écoutant la BBC, j’apprends la destination de nos camarades : Dakar. Je pense à Aron,
Laborde, Marmissolle, Rödel et les autres.

    Les nouvelles sont mauvaises. En dépit du ralliement del’AEF 15 , l’expédition a échoué devant Dakar.
Après des échanges de coups de canon qui ont fait
des blessés et des morts, le Général s’est retiré afin
d’éviter une effusion de sang entre Français. Nous
écoutons Maurice Schumann plus attentivement que
d’habitude : « Sachez que, devant Dakar, le général
de Gaulle et ses compagnons ne combattent qu’un
seul ennemi : Hitler. » Après un historique de cette
affaire — engagée pour arracher nos colonies à
l’Allemagne —, il s’exclame : « Le général de Gaulle
a déjoué cette atroce manœuvre. »

    La phrase est claironnante, comme d’habitude,mais ce soir-là elle masque un échec. De plus, le
sort de l’expédition n’est pas clair : se poursuit-elle
ou de Gaulle a-t-il définitivement abandonné ?

    Le lendemain, le journal France n’est guère plus
explicite. Il titre : « C’est le Reich que les Forces
libres combattent à Dakar ». Deux lignes au-dessous,
on lit : « Les opérations se poursuivent sur la côte
d’Afrique. » Elles ne seraient donc qu’en partie
remises ?

    Le même jour, la BBC dévoile certains détails.
Devant Dakar, de Gaulle a envoyé des plénipotentiaires dans une barque arborant le drapeau blanc.
Le gouverneur Boisson, obéissant aux Allemands et à
Vichy, a ordonné de tirer, blessant deux d’entre eux  :
le capitaine de frégate Thierry d’Argenlieu, premier
aumônier des FFL, et Becourt-Foch, le petit-fils du
maréchal.

    Pierre Bourdan analyse ce drame : la propagande
de Vichy et de l’Allemagne veut persuader les
Français que les Allemands ne s’intéressent pas à
Dakar et que seuls les Anglais ont décidé de s’emparer de la ville afin d’agrandir leur empire « avec une
poignée de mercenaires français ». Il ajoute : « En
réalité, il s’agit de la plus grande entreprise de
pillage jamais tentée par l’Allemagne. Dakar est la
clef de l’Atlantique et de l’Afrique, qui ouvre une
partie de la domination du monde. C’est pour ça que
de Gaulle l’a assiégé. »

    Jeudi 26 septembre 1940

     

    Intermède en ville

    L’armée canadienne souhaite récupérer Delville
Camp, qui lui appartient. Après trois jours d’astiquage et de revue

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