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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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avec
quelques robinets d’eau froide.

    Après une rapide inspection des sections alignées
le long de la rue par le commandant Hucher, nous
partons au pas cadencé, l’arme sur l’épaule.
Empruntant la route nationale, nous passons
devant les sentinelles étonnées de Sandhurst. Le
lieutenant, comme tous nos officiers, est d’autant
plus exigeant que nous sommes livrés pour la première fois à la curiosité des Britanniques.

    Pour faire l’exercice, nous nous dirigeons vers la
forêt, à deux kilomètres du centre. Nous croisons
nombre de voitures sur la nationale. À mesure que
nous traversons la ville, les passants se font plus
nombreux sur les trottoirs. Habitués à la vie militaire de la cité, ils ne s’arrêtent pas pour nous
regarder. En dépit de leur discrétion, ils nous
voient : nous n’avons pas besoin de Saulnier pour
être au meilleur de notre forme.

    Nous avons atteint le dernier stade de notre instruction : exercices de combat défensif, assauts,
exercices de compagnie ou du bataillon entier.

    À l’étonnement et à la fierté de nos officiers, nous
avons acquis, en trois mois, les connaissances exigeant le double en temps de paix. Le secret de notre
zèle tient dans la promesse de notre engagement au
combat dès que nous serions prêts. Cet objectif
nous fouette. Partout et toujours, nous sommes
volontaires pour les mêmes tâches rebutantes.
Notre seul objectif, depuis notre arrivée en Grande-Bretagne, est la vengeance.

    À midi, nous rentrons plus fatigués que d’habitude : à notre marche d’une douzaine de kilomètres
s’est ajouté l’aller-retour, arme à l’épaule, au pas
cadencé et sur le macadam !

    Pour me détendre, à défaut du bain chaud de
5 heures, j’accompagne mes camarades dansl’exploration des magasins et des pubs, sous les
regards émerveillés des jeunes filles et les attentions
touchantes de la population. Notre extrême jeunesse, dont nous sommes inconscients, n’est pas la
moindre raison de l’accueil familial des Anglais. En
nous voyant liés à leur sort, ils pensent naturellement à leurs fils mobilisés et comprennent la
cruauté de l’exil.

    Pour ce qui nous concerne, la pudeur de notre
âge nous interdit de parler de la douleur permanente de l’arrachement à nos familles, et plus
encore de nous en plaindre.

    Dimanche 13 octobre 1940

     

    Saint-Tarcisius

    Depuis notre arrivée à Camberley, j’accompagne
Briant à la messe, dans la petite église de Saint-Tarcisius. Les Évangiles, que je connais par cœur
depuis Saint-Elme, prennent ici une résonance
nouvelle. Au-delà de leur qualité littéraire, à
laquelle seule j’étais sensible jusqu’alors, c’est
l’armature morale qu’ils proposent qui m’attire
aujourd’hui.

    Depuis le début, nous avons la chance d’avoir
près de nous de jeunes aumôniers qui comprennent
notre situation. L’un d’eux a publié dans France un
texte dans lequel il expose les raisons religieuses et
patriotiques de son engagement dans la France
libre :

Un Français digne de ce nom ne peut se résigner à voir sa patrie piétinée et déchirée par
l’envahisseur. Il sait que sa patrie est un don de
Dieu, qu’il doit la défendre tant qu’il a une possibilité de continuer la lutte et jusqu’au sacrifice de
sa vie inclusivement. Voilà ce que pensent les
jeunes qui m’entourent et aussi les moins jeunes,
ceux qui, comme votre serviteur, en sont à leur
deuxième guerre.

    La seconde raison qu’il avance concerne la doctrine nazie. Je me rends soudain compte qu’elle n’a
été déterminante ni pour moi, ni pour mes camarades, et que la plupart d’entre nous l’ignoraient :

Le nazisme a été formellement condamné par
le pape Pie XI. Ce qui fait le dynamisme de ce
mouvement, c’est une fausse mystique qui est
profondément antichrétienne. La preuve en a été
suffisamment fournie. C’est cette mystique, centrée sur un homme qui se fait adorer comme un
demi-dieu, qui fait la force apparente et provisoire du mouvement nazi. C’est aussi ce qui fera
sa perte, car on ne lutte pas impunément contre
le Christ.

    Toutefois, un passage concernant Pétain me
heurte :

Nous comprenons les immenses difficultés qu’a
rencontrées le maréchal Pétain et nous continuons
à le respecter. Nous ne jugeons personne.

    Si, pour ma part, je juge Pétain et même le
méprise, la majorité de mes camarades n’a pas
entendu son discours du 17 juin.

    Avant-hier, j’ai lu dans

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