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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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France le texte d’un volontaire s’adressant à son père : « Le vainqueur de
Verdun a fait son devoir en 1916 et, pour cela, la
reconnaissance des hommes de ma génération lui
sera toujours due. » Je reconnais les mots prononcés par mon beau-père avant mon départ.

    Même à la BBC, j’ai entendu, le 15 août, Jacques
Duchesne affirmer, en analysant un discours de
Pétain : « Personnellement, je ne peux pas écouter
le maréchal Pétain sans éprouver du respect et sans
être naturellement ému. J’ai vu Pétain venir remonter le moral des troupes pendant la dernière guerre,
en 1917. »

    Sans doute a-t-il sauvé la France à l’époque, mais
le 17 juin 1940, à midi et demi, il l’a trahie. Une des
raisons de mon admiration pour de Gaulle est sa
condamnation identique à la mienne : « Le maréchal Pétain porte la terrible responsabilité d’avoir
sollicité et accepté les abominables armistices. »

    Mercredi 23 octobre 1940

     

    Une lettre de France

    Nous avons effectué ce matin une des plus longues marches de notre entraînement : plus de
trente kilomètres. Partis à 8 heures, nous sommes
rentrés à 4 heures, épuisés. Je suis affalé sur ma
paillasse lorsque le vaguemestre, passant de chambre
en chambre, me lance une lettre. Mme Zonneveldm’en expédie de temps à autre, avec quelques livres
accompagnés de friandises.

    L’arrivée d’une lettre de France est, pour tous,
une joie exceptionnelle. L’heureux destinataire la
partage avec ses camarades qui, pour la plupart, ne
reçoivent aucune nouvelle. C’est mon cas à présent.

    La lettre a un aspect inhabituel : sa bordure forme
des hachures tricolores et une bande de la censure
occupe tout un côté : opened by examiner 1065 . Au
dos, je lis le nom de l’expéditeur : George Higgins,
le mari américain d’Aimée Borotra, avec qui j’ai
effectué tant de courses en montagne. Il vivait au
Pays basque. Est-il rentré en Amérique ? Peut-être
m’envoie-t-il des nouvelles de ma famille.

    J’ouvre l’enveloppe avec émotion. Elle contient
une double page de papier à lettres beige, celui-là
même sur lequel ma mère m’écrivait à Saint-Elme.
Mon beau-père et ma grand-mère y ont ajouté quelques lignes. La lettre est datée du 19 septembre, un
mois déjà. J’espérais un mot de Domino : rien. Je
me console, puisque je peux désormais lui écrire
par l’entremise de mes parents.

    Mon beau-père a écrit le premier. Il m’indique
que notre vieil ami Bill Higgins est effectivement
sur le point de quitter le pays et qu’il a reçu une lettre expédiée de Londres par Abadie (ouvrier aux
TPR) disant que nous étions tous ensemble et en
bonne santé. De son côté, « après bien des angoisses », il avait pu savoir, par un agent d’assurances
maritimes, que le Léopold II était arrivé à bon port.

    Il poursuit par des informations intéressantes sur
la nouvelle organisation du pays : « Ici nous sommes dans la zone libre, qui s’arrête à Orthez [trente
kilomètres de Pau], et, malgré les difficultés, dont
la plus grave est la limitation de plus en plus sévèrede l’essence, j’ai pu maintenir l’activité de l’usine et
celle des autobus, ce qui permet de vivre et de faire
vivre tous ceux qui étaient employés. »

    Ma grand-mère Gauthier vit avec eux. Par contre,
mon grand-père, habitant Bordeaux, n’a pu leur
rendre visite à Noël, comme chaque année, « les
autorisations pour circuler entre la zone libre et la
zone occupée étant très difficiles à obtenir ».

    Voici la suite :

Nous attendons maintenant l’hiver, qui sera
dur pour tous. Je suis allé il y a quelques semaines à Biarritz et à Bayonne. C’est affreusement
triste d’y voir les Allemands installés nombreux,
raflant tout avec leur « Reich-Mark-Occupation »
au cours imposé de 20 francs. Si les Français
méritaient une leçon, celle-ci est vraiment terrible. La France, pour son passé et la civilisation
qu’elle représente, ne peut demeurer dans sa
situation actuelle. Heureusement le relèvement
moral et intellectuel se fait. Il est la condition
essentielle du salut, aucun autre mouvement
n’ayant de sens et ne pouvant être atteint sans
celui-là.

    Je perçois dans cette phrase une critique du mouvement de De Gaulle. Ma grand-mère écrit à la
suite, répétant son espoir de me revoir bientôt.

    Les mots de ma mère ressemblent à ceux qu’elle
m’envoyait à

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