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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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n’eût pas été la
gloire de la France si, tout entière occupée, elle
avait refusé d’abdiquer.

    Hitler ayant eu le dernier mot, l’auteur nous rappelle à nos certitudes : « Les pays vaincus dans la
future guerre européenne seront rayés de la carte
du monde. »

    Dimanche 12 janvier 1941

     

    Guy Vourc’h

    Quelques semaines après le début du peloton, je
lie connaissance avec Guy Vourc’h récemment
arrivé parmi nous. Je sympathise aussitôt avec ce
garçon légèrement plus âgé que moi, d’une vive
intelligence, stimulée par l’humour, et d’une insatiable curiosité.

    Vourc’h est auréolé de la gloire de s’être « évadé »
de la France occupée. Il y a quelques semaines seulement, en compagnie de cinq camarades, il a
dérivé dix jours en mer sur une pinasse, sans
essence ni vivres. Ils ont été repêchés in extremis par les Anglais au cours d’une tempête, non loin de
Bristol.

    Nous fêtons leur arrivée au camp. Par leur entremise, c’est la première fois que nous avons des nouvelles directes et récentes de la France occupée. Ils
nous racontent le comportement des Allemands,
mais aussi la vie des Français : difficultés matérielles, rationnement, chômage.

    Je lis parfois dans France que des communistes
sont arrêtés pour distribution de tracts ou que la
police a découvert des imprimeries clandestines. Mais
ces informations sont si elliptiques qu’elles suscitent
diverses interprétations.

    Grâce à Vourc’h, je peux questionner un témoin
sur la vie quotidienne des jeunes, leur intérêt pour
la guerre, pour Pétain, de Gaulle… Le plus réconfortant est d’appendre qu’il y a une vraie résistance
aux Allemands en France, qu’on y espère la victoire
anglaise et la nôtre et que les Français ont confiance
dans la légion de Gaulle.

    D’après ce qu’il dit, cette résistance est surtout
une attitude morale de la population, qui isole les
collaborateurs et crée le vide autour des Boches.

    Je m’imaginais la résistance sous la forme d’une
guérilla, telle que les Espagnols l’avaient pratiquée
contre Napoléon. Transposée dans la France de
1940, cela signifiait pour moi que des trains sautaient et que les Boches étaient assassinés un à un.

    Vourc’h explique que le travail des résistants
consiste surtout à recueillir des renseignements militaires pour informer les Français libres et les Anglais,
ainsi qu’à aider les prisonniers évadés et les aviateurs alliés dont les avions ont été abattus. Cette
activité ne signifie pas grand-chose pour moi. En
dépit de ma déception, ce que je retiens de son
témoignage est l’approbation des Français.

    Au-delà du lien moral qui unit tous les volontaires, je partage immédiatement avec Vourc’h des
passions communes : la politique et la littérature.

    Sur la première, nous nous opposons. En dépit
de ses convictions de droite, il réprouve, comme
Briant, mon admiration pour Maurras et surtout
mon fanatisme : « Maurras plaide en faveur de
Pétain et est par-dessus tout anglophobe. Toutes les
occasions sont bonnes pour attaquer les Anglais et
plus encore de Gaulle, qu’il qualifie de traître. »

    Dans la revue de presse des journaux français
publiée dans France , je n’ai jamais rien lu de tel. Je
me rebiffe : « Même s’il approuve Pétain, je doute
qu’il attaque de Gaulle, que L’Action française a
soutenu avant tout le monde. Maurras est antiallemand, il a toujours réclamé la division de l’Allemagne
et ne peut que souhaiter notre victoire.

    — Tu te trompes : Maurras propage la doctrine
qu’il a inventée de “la France seule”, dont le slogan
orne quotidiennement la manchette du journal. Il
espère que l’Allemagne et l’Angleterre s’épuiseront
mutuellement et qu’au moment d’une paix de compromis la France bénéficiera de cette usure pour
s’imposer comme arbitre. Pour lui, la mort de la
République grâce à la “divine surprise” de l’arrivée
de Pétain est une victoire inespérée et le seul événement qui compte. »

    Nos échanges, au cours desquels le ton monte
parfois, ne modifient en rien nos relations confiantes. La charte non écrite des volontaires des FFL
(sacrifier nos vies pour libérer la France) nous permet non seulement de dépasser les querelles subalternes, mais d’accepter les conditions rebutantes de
la vie à Old Dean, aggravées par la rigueur exceptionnelle de cet hiver anglais.

    À l’occasion de

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