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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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devraient être communes à tout le mouvement de la
France libre, et qui, en tout cas, sont celles du général de Gaulle,
et que mes causeries radiodiffusées sont régulièrement soumises
à l’approbation de la direction des services politiques. D’autre
part, sans prendre au tragique les menaces assez ridicules dont il
s’était fait le messager, je lui ai communiqué un certain nombre
de documents venant de France, et qui prouvent que le peuple
français qui résiste aux Allemands et au gouvernement de Vichy,
est animé de ce patriotisme démocratique que les jeunes volontaires de Camberley condamnent avec tant de violence. Je l’ai mis en
garde contre le danger qu’il y aurait à ce que les Français libres,
qui continuent la lutte sur la terre étrangère, se trouvassent
moralement et politiquement coupés des millions d’ouvriers et de
paysans qui, sur le sol de la patrie, combattent le même ennemi.
Je n’ai pas jugé utile, à ce moment, de porter à votre connaissance les propos du sergent Cordier : je ne portais sur les opinions des volontaires de Camberley, dont le sergent Cordier
s’était fait le porte-parole, qu’un jugement indulgent et amusé.
Mais j’ai appris que, la semaine dernière, à la suite d’un article
relatif à l’assassinat de Marx Dormoy par les cagoulards au service
de la Gestapo, le journal France a reçu d’un volontaire des FFL une
lettre contenant des menaces de mort. Il semble donc que le danger
soit plus grand que je ne l’imaginais : il règne dans les FFL un état
d’esprit qui me semble des plus dangereux. Non seulement certains
volontaires —  sans parler de certains officiers — n’ont pas encore
compris que, comme le rappelait le général de Gaulle dans son
récent discours de Beyrouth, cette guerre est une guerre idéologique, la guerre de la liberté contre la tyrannie, mais encore entretiennent parmi nos troupes une mentalité fasciste qui s’apparente
à celle de Vichy, et qui ne peut que servir les hommes de Vichy.
Cette propagande me semble trop persévérante et trop méthodique
pour ne pas être systématiquement organisée, et je suis personnellement convaincu qu’une cinquième colonne travaille dans nos
rangs au profit des hommes que nous combattons. C’est pourquoi,
je me permets de vous signaler la visite du sergent Cordier, en vous
demandant de bien vouloir ouvrir une enquête sur les faits qu’elle
m’a révélés. »
    9 .   Camarade du peloton vivant en Angleterre. Volontaire radio
du BCRA, il fut capturé en France par les Allemands, torturé et
assassiné.
    10 .   André Dewavrin.
    11 .   J’ai découvert en lisant les Mémoires de guerre du général de
Gaulle la raison de cette rapide prémonition : en découvrant le
petit nombre de reçus, 20 sur 80, du peloton, de Gaulle adresse
à son état-major une note indiquant qu’il n’avait pas demandé
des saint-cyriens, mais un encadrement pour les troupes noires
d’Afrique. Le résultat fut une nouvelle promotion.

VII

     

    VOLONTAIRES DU BCRA

     

    10 août 1941-17 juin 1942

    Dimanche 10 août 1941

     

    Second anniversaire en exil

    Hier soir, j’ai invité à dîner Cullier de Labadie, puis
je suis rentré au camp sous la pluie pour préparer
mes bagages.

    À minuit passé de 3 minutes, j’ai griffonné dans
mon cahier pour saluer mes vingt et un ans :

Toujours cette idée de la vieillesse où l’on ne
peut plus se permettre « tout ça » [l’amour] au
moment où la peau se racornit, les rides se creusent, toujours cette monomanie.

    Le rendez-vous est fixé non loin du poste de
garde, dans la forêt où j’ai été présenté au capitaine
*Bienvenue. Deux camionnettes nous attendent. J’ai
la surprise de retrouver dix autres camarades :
Denviollet, Griès, Kerjean, Loncle, Montaut, Orabona,
Piet, Rouxin, Schmidt et Vourc’h.

    Fidèles aux consignes du capitaine, aucun d’entre
nous ne s’est confié.

    À Camberley, nous prenons un train, où deux
compartiments nous sont réservés. Notre accompagnateur anglais nous annonce un voyage de
quelques heures, mais n’en révèle pas la destination.

    Je prends soudain conscience de l’irréversibilité de
mon choix et découvre, non sans une paradoxale
nostalgie, que mon ardeur à quitter Old Dean a
masqué la rupture de bien des liens affectifs : Carage,
Louit, Cullier… Ils ne savent rien de mon départ, à
l’exception de Guéna, à qui je l’ai annoncé, mais en
lui cachant

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