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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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Pâques, l’escorte de la reine est attaquée, probablement aux environs de Poitiers, non loin d’un château dont les chroniqueurs ne disent pas le nom. L’embuscade est menée par des membres de la famille Lusignan ; certains chroniqueurs citent le nom de Guy de Lusignan qui sera l’une des personnalités les plus emblématiques de la famille et deviendra, quelques années plus tard, roi de Jérusalem. Nous ne savons pas qui était visé, Aliénor elle-même ou le comte de Salisbury qui l’accompagnait. Cela dit, il est fort peu probable que les Poitevins aient voulu s’en prendre à leur duchesse. Considérons que l’Anglais était la cible de l’opération. En tout état de cause, le but n’était pas de le tuer mais de se saisir de sa personne et de s’en servir comme monnaie d’échange dans une négociation avec Henri II. Salisbury, considérant le peu d’hommes les accompagnant et le danger pour la vie de sa souveraine, la fait monter sur le destrier le plus rapide. Aliénor part à bride abattue et parvient, presque seule, à se mettre à l’abri.
    Pendant ce temps, Salisbury et ses quelques compagnons se préparent à affronter les assaillants. Alors qu’il enfile cotte de mailles et heaume, le comte est frappé d’un coup mortel. Parmi les membres de l’escorte, se trouve un jeune homme dont nous avons déjà parlé mais qui entre dans l’histoire ce jour-là et connaîtra l’une des plus extraordinaires destinées de son temps, Guillaume le Maréchal, neveu du comte de Salisbury. Il a alors environ vingt-quatre ans et a été armé chevalier deux ans plus tôt. La vie de celui qui allait devenir l’un des hommes les plus riches et les plus puissants d’Angleterre, comte de Pembroke et régent du royaume, a été écrite au début du XIIIe siècle. L’auteur y raconte la mort de Patrick de Salisbury : « Quand le comte vit la troupe […] armée, tandis que ses hommes étaient sans armes pour se défendre, il comprit que la partie n’était pas égale. Pourtant il ne voulut pas fuir. Il envoya la reine au château et demanda son destrier de combat. Mais celui-ci était trop loin. Il ne put ni l’avoir quand il en avait tant besoin, ni être armé à temps. Désarmé, il leur courait sus, monté sur son palefroi (cheval de parade), quand son destrier arriva. Ses compagnons ne le suivirent pas, car ils étaient en train de s’armer. Comme il montait sur son cheval, avant qu’il fût bien assis, entre les arçons, un traître, un assassin, le frappa d’un épieu par-derrière à travers le corps. Il mourut sur place pour le malheur des siens. »
    N’écoutant que son courage, Guillaume le Maréchal se jette à corps perdu dans la bagarre pour venger son oncle. Il se bat comme un lion. Son cheval est tué sous lui. Adossé à une haie pour ne pas avoir à se garder sur ses arrières, il se bat contre une soixantaine d’assaillants avec tant de vaillance que pour venir à bout de lui, un chevalier ennemi est obligé de franchir la haie et de le frapper par-derrière – la réputation de lâcheté des Poitevins n’est plus à faire ! – d’un coup d’épieu à la cuisse. Le jeune homme blessé est fait prisonnier, emmené dans une charrette sans être soigné. Il panse sa plaie comme il peut avec des morceaux de ses vêtements. Ce n’est que le soir, dans un château où la troupe s’était arrêtée pour la nuit qu’une dame, le voyant traîner la jambe, comprend la situation et lui fait passer de l’étoupe dans un pain auquel on avait enlevé la mie. Le Maréchal peut ainsi changer son pansement. Il est très vite libéré. Aliénor, à qui l’on a vanté le comportement du jeune homme, paye sa rançon et lui fait donner des armes, un cheval et des vêtements neufs, car, comme tous les cadets de famille, le jeune homme est pauvre. Remarqué par la reine pour sa bravoure et sa loyauté, Guillaume le Maréchal deviendra le mentor, l’ami et le plus fidèle compagnon du prince Henri le Jeune.
    Les événements de l’année 1168 exigent qu’Henri déploie toute son énergie. Après l’assassinat de Salisbury, la révolte grandit en Aquitaine et en Poitou, et conjointement – à l’évidence il n’y a pas de rapport entre elles – au pays de Galles et sur la frontière avec l’Écosse. Henri doit faire front de partout. Profitant de cela, le roi de France s’en prend à nouveau au Vexin, mais sans succès. Selon toute probabilité, Louis VII soutient les

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