Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
Vom Netzwerk:
révoltés poitevins. Sachant toujours qu’il lui sera très difficile d’avoir le dessus sur Henri en cas de vraie guerre, il préfère attiser des révoltes qui minent le pouvoir de son adversaire.
    Une paix est conclue entre le Capétien et le Plantagenêt, le 6 janvier 1169, jour de l’Épiphanie, à Montmirail, à la frontière du Maine et du pays chartrain. C’est bien d’une paix qu’il est question et non pas d’une nouvelle trêve comme celles qui se succèdent entre les deux souverains depuis plusieurs années. Chacun des deux rois fait des concessions. Louis reconnaît les possessions du roi d’Angleterre en Bretagne et renonce à soutenir les barons poitevins et aquitains dans leur rébellion. Henri promet sa clémence aux rebelles qui remettent leurs armes. En échange, le Plantagenêt renouvelle son hommage au roi de France pour toutes ses terres continentales. Il est accompagné de ses trois fils ; les deux aînés font à leur tour hommage au roi de France pour les terres composant leurs héritages respectifs. Solennellement Henri le Jeune, héritier de la couronne anglaise et déjà vassal du roi de France pour la Normandie, s’agenouille devant Louis VII et lui prête hommage pour l’Anjou, qu’il tiendra comme son fief propre, et pour la Bretagne que son frère Geoffroy tiendra de lui. C’est ensuite au tour de Richard qui se déclare vassal du roi de France pour l’Aquitaine. « Seigneur, dit Henri II, en ce jour de l’Épiphanie où les trois rois ont apporté leurs présents au Roi des rois, je recommande à votre protection mes trois fils et mes terres. – Puisque le Roi qui reçut les dons des mages semble avoir inspiré vos paroles, répondit Louis, puissent vos fils, en prenant possession de leurs terres, le faire sous le regard de Dieu. » Les liens vassaliques entre le roi d’Angleterre, ses héritiers et le trône de France sont désormais établis avec solennité. Pour sceller ce nouveau traité qui marque la paix retrouvée entre les deux couronnes, on ressort le projet de mariage entre Richard et Aélis de France. La jeune fille est confiée au roi d’Angleterre pour être élevée dans sa future belle-famille. Louis VII a ainsi partagé ses filles entre ses deux vassaux les plus puissants : deux pour les Blois-Champagne et deux – Henri le Jeune est marié à Marguerite de France – pour les Plantagenêt.
    Montmirail est également l’occasion de tenter une nouvelle fois de régler l’affaire Becket. L’archevêque accompagne le roi de France dont il est l’hôte depuis plus de cinq ans. Le lendemain, 7 février, les deux rois se retrouvent en tête à tête avec l’intention avouée de trouver une solution au différend entre Henri et Thomas. Le roi d’Angleterre accepte le principe de pardonner à l’archevêque et de le rencontrer, avec cette restriction que Thomas s’en remette sans réserve « à la compréhension et la volonté royales » pour le règlement définitif du conflit. L’archevêque les rejoint. Thomas et Henri ne se sont pas vus depuis 1164. L’atmosphère est lourde, tendue. Herbert de Bosham, témoin oculaire, a décrit la scène : il y a d’abord un long silence, chacun retient son souffle. Thomas se précipite alors aux pieds de son souverain qui ému lui aussi, le relève. L’archevêque commence une allocution où il demande au roi de pardonner à l’Église et à son serviteur… l’atmosphère se détend. Thomas parvient à la fin de son discours et prononce les mots qu’Henri voulait entendre : « Ici donc, seigneur, en présence de notre seigneur le roi de France, des évêques, des princes et de tous ceux qui nous entourent, je remets à votre compréhension et à votre volonté le règlement de notre différend. » Puis, après un temps d’arrêt, les mots que le roi ne voulait surtout pas entendre : « Étant sauf l’honneur de Dieu ! » ; cette formule qui limite les pouvoirs royaux par l’intérêt supérieur de l’Église. L’intransigeance de Thomas fait échouer la réconciliation. Le roi d’Angleterre est furieux, et le roi de France pas très éloigné de penser que l’archevêque exagère.
    Dès le lendemain, Henri II se précipite en Aquitaine et n’a qu’une seule hâte : ne pas tenir sa promesse de clémence vis-à-vis des barons révoltés. Le château des Lusignan est à nouveau détruit et le roi fait emprisonner un certain nombre de barons dont le puissant comte

Weitere Kostenlose Bücher