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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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l’archevêque de Canterbury. Il fait parvenir à Thomas un bref dans lequel il défend formellement à tous les prélats anglais de sacrer le jeune roi et même d’assister à la cérémonie. Becket s’empresse d’envoyer le texte en Angleterre mais Henri, avant de quitter le continent, a pris la précaution de faire fermer tous les ports et d’interdire toute navigation en direction de l’île. Le messager de Thomas, Roger de Worcester, reste bloqué en Normandie.
    La cérémonie du sacre se déroule le 14 juin 1170 dans l’église Saint-Pierre de Westminster. Le prince Henri est d’abord adoubé chevalier par son père le roi Henri II avant que l’archevêque d’York dépose sur sa tête la couronne royale. Le lendemain de la cérémonie, Henri II fait jurer fidélité à son fils, le « roi associé »par Guillaume le Lion, roi d’Écosse, son frère David et tous les grands féodaux anglais. Le roi ordonne qu’un sceau personnel soit gravé pour Henri le Jeune et l’autorise à rendre la justice. Il y a maintenant deux rois en Angleterre. Une anecdote est assez révélatrice de ce que vont être leurs rapports. Le soir du sacre du jeune roi, Henri II, qui n’a pas lésiné sur la dépense pour faire de cette journée un événement fastueux, a organisé un grand banquet durant lequel il a tenu à servir lui-même son fils. Il ne peut s’empêcher de faire remarquer l’originalité de la situation : « Il n’est guère habituel de voir un roi servir à table ! » Ce à quoi Henri le Jeune répond : « Il n’y a rien que de naturel de voir un fils de comte servir un fils de roi ! » On imagine la stupeur des témoins de la scène et probablement la rage d’Henri II de se voir une fois de plus rappeler ses origines et cette fois-ci par son propre fils.
    Ce couronnement d’Henri le Jeune connaît un énorme retentissement en Europe. Le roi d’Angleterre a ouvertement bravé le pape en passant outre à son interdiction. Il n’a pas seulement infligé un camouflet à Thomas mais aussi à Alexandre III et également à Louis VII. Car Marguerite de France, la femme d’Henri le Jeune, n’a pas été couronnée en même temps que lui comme cela aurait dû être. La jeune princesse était restée au château de Caen sous la garde d’Aliénor qui pour l’occasion séjournait en Normandie. Le roi de France est furieux. La population anglaise se montre également très mécontente et aussi inquiète ; les gens craignent que l’entêtement d’Henri II ne provoque la colère du pape et de l’archevêque de Canterbury.
    En charge de la garde de sa belle-fille, la reine n’a pas assisté au couronnement de son fils aîné. Sur cet acte, ses sentiments devaient être partagés. Elle était très certainement heureuse pour le jeune Henri. Si l’on en croit le témoignage de Guillaume le Maréchal, « la reine pesa de tout son pouvoir » dans cette décision. En même temps elle devait considérer qu’Henri II allait trop loin dans la provocation et que les choses risquaient cette fois-ci de mal tourner – et de fait Thomas menaça immédiatement de jeter l’interdit sur le royaume.
    Le vieux roi d’Angleterre ne s’attarde pas dans l’île. Le 24 juin, il embarque de Portsmouth pour le continent. Il faut éteindre le feu qui s’est allumé à la suite du couronnement. Comme à son habitude le roi agit vite et surprend tout le monde. Avant même de franchir la Manche, il envoie des lettres pour faire savoir qu’il est prêt à négocier avec Thomas aux conditions de ce dernier, et propose au roi de France une rencontre pour apaiser tous leurs différends. Se déplaçant sans arrêt le roi voit des émissaires du pape, de Louis, de Thomas… Décision est prise d’un colloque qui réunira toutes les parties à Frétéval, sur les bords du Loir, une rivière à la frontière entre le comté de Blois et de la Touraine. La date est fixée au 20 juillet 1170.
    Les rois d’Angleterre et de France discutent âprement pendant deux jours, le lundi et le mardi, puis Thomas vient les rejoindre. Les négociations se passent le mieux qu’il était possible compte tenu des circonstances et des enjeux ; c’est-à-dire dans une sorte d’ambiance entre parenthèses où le fond du problème n’est pas évoqué. Personne ne parle d’échanger ce fameux baiser de la paix, ni Thomas ni Henri. Pour le reste, on se met d’accord, Thomas obtient la condamnation de l’archevêque d’York

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