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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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au gain, qui cherchent à toute force à se faire une place dans la société mais avec en même temps le côté « bon enfant » des équipes sportives. Nous savons par exemple que le Maréchal, à un moment donné, s’est associé avec un certain Roger de Gaugi qui faisait partie de l’entourage d’Henri le Jeune. Ils ont monté une sorte de « compagnie » comme des commerçants et, si l’on en croit le biographe de Guillaume, ont couru les tournois pendant deux ans avec un profit six à huit fois supérieur à celui des autres équipes.
    Henri II a participé à ce mode de vie par personne interposée, si l’on peut dire. Il a encouragé, ce qui veut dire financé, la participation d’Henri le Jeune aux tournois. Le prince a disposé d’une équipe composée quelquefois de plus de cent cinquante chevaliers sous le commandement de Guillaume le Maréchal. C’était pour le père un moyen d’attirer autour du fils la jeunesse aristocratique, de la contrôler et en même temps de l’« occuper ». Le Plantagenêt a eu une attitude assez paradoxale à propos de la chevalerie et surtout des tournois qui, pendant son règne, prendront une dimension sociale de premier plan. Il a, d’un côté, interdit les tournois en Angleterre tandis qu’il les favorisait, par la participation de son fils, sur le continent et particulièrement en Normandie, en Champagne et dans les Flandres, car ce phénomène connaît sa plus grande ampleur au nord de la Loire. Georges Duby a analysé cette société particulière qui s’est créée autour des tournois et des chevaliers, une société de « jeunes » — juvenes — qui, Guillaume le Maréchal en est un exemple des plus frappants, sont en quelque sorte déconnectés de la réalité de la vie quotidienne, qui ne sont pas mariés, ne vivent que pour leur « sport » . Le terme « jeune » ne regroupe pas une classe d’âge mais un état social ; on est jeune tant que l’on n’est pas installé, c’est-à-dire que l’on n’a pas convolé en justes noces. Guillaume le Maréchal restera « jeune » jusqu’à quarante ans passés, et Henri le Jeune, marié à Marguerite de France, fait dans l’équipe figure d’exception.
    Il semble évident qu’Henri II a utilisé cette mode des tournois pour maintenir son fils aîné éloigné de la réalité du pouvoir, alors qu’il l’avait lui-même fait couronner. Le roi n’a pas été l’incitateur de cette évolution de la fonction du chevalier, elle était commencée bien avant lui, mais face à son fils aîné qui revendiquait légitimement sa part de pouvoir, il s’en est servi pour conserver la mainmise sur ce pouvoir et surtout ne pas en céder la moindre parcelle. Car dans le dernier chapitre de la vie du couple formé par Aliénor et Henri, le partage du pouvoir va être au centre d’un conflit familial unique dans l’histoire de France et va saper le fondement de l’empire Plantagenêt. Si cet empire, que le roi et la reine ont bâti ensemble, ne leur a pas survécu plus de quelques années, c’est autant du fait de sa construction hétérogène que des événements qui vont se dérouler entre les années 1170 et 1175, événements qui permettent à certains historiens de regarder la famille Plantagenêt comme les « Atrides » du Moyen Âge.

19 Le couple ennemi
    Le 18 novembre 1169 Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre, est à Saint-Denis, aux portes de Paris. Il est venu à l’improviste et n’a pas demandé à son rival capétien l’autorisation de se rendre en pèlerinage dans la basilique pour se recueillir sur la tombe du saint patron des Francs. Selon Yves Sassier, ce pèlerinage est un prétexte afin de provoquer une rencontre avec Louis pour parler à nouveau de l’affaire Becket. En effet depuis quelques mois les rapports entre les deux souverains, qui semblaient s’être apaisés après la paix de Montmirail, se sont de nouveau tendus. Les raisons en sont toujours les mêmes : Toulouse et l’Auvergne pour le versant politique ; Thomas Becket pour le versant religieux. La suspension du pape étant arrivée à échéance, l’archevêque a excommunié tous les évêques anglais et les grands féodaux qui soutiennent la politique religieuse d’Henri et la menace d’une excommunication du roi pèse à nouveau. Le roi semble perdre du terrain et un grand nombre de prélats sont prêts à rallier l’archevêque. Est-ce un effet de l’obstination de Thomas qui à la

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