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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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d’Aumale seraient prises en tenaille entre deux armées puissantes.
    Le Plantagenêt quitte Oxford avec son armée, passe rapidement par Northampton pour assurer ses arrières en nommant un de ses partisans, le comte de Norfolk Hugues Bigot, sénéchal du royaume, et marche vers York où il rencontre Guillaume d’Aumale. Avant d’en venir aux armes, on discute. Henri est sans doute particulièrement convaincant. Guillaume comprend que sa position est plus fragile qu’il ne le pensait, que les temps ont changé et qu’il va désormais falloir compter avec ce jeune roi qui, décidément, est à la hauteur de sa réputation. Le comte de Yorkshire rengaine et s’incline. Pour gage de sa bonne foi, il abandonne la forteresse qu’il avait fait construire au sommet du rocher de Scarborough et dont on peut encore aujourd’hui voir les ruines.
    Tranquillisé au nord, Henri II, au printemps 1155, se porte à l’ouest, vers les Gloucester. L’exemple de Guillaume d’Aumale est peut-être contagieux car de ce côté-là aussi on réfléchit et on hésite. L’évêque de Hereford, Gilbert Foliot, cousin de Roger de Hereford, s’entremet. On négocie. On s’entend et le comte Roger remet au Plantagenêt les places fortes qu’il demandait. Le roi gagne la deuxième manche également sans faire parler les bombardes. Pour la troisième, ce sera moins simple. Il fallait bien qu’il y en ait un qui s’entête ; ce sera Hugues de Mortemer. Henri attaque avec la rapidité et la violence qui caractérisent sa conception de l’action militaire. Il met le siège à la forteresse de Cleobury qui tombe en juillet. Hugues comprend qu’il ne sert à rien de s’obstiner, le roi est le plus fort. Il se soumet et rend au souverain deux châteaux : Bridgenorth et Wigmore.
    L’été n’est pas terminé et le jeune roi Henri peut considérer que son royaume est pacifié. À la suite des trois grands barons rentrés dans le rang, c’est toute l’aristocratie anglo-normande, ban et arrière-ban, qui se soumet. On détruit quelques centaines de châteaux dits « adultérins », c’est-à-dire bâtis sans l’autorisation du souverain, les milices féodales sont dissoutes, l’autorité des sheriffs n’est plus contestée. Sans pour autant minimiser les talents de négociateur d’Henri ni même sa détermination, l’élément « normand » a joué un rôle important dans la rapidité avec laquelle le pouvoir Plantagenêt s’est installé. Jacques Boussard le remarque : « Si Henri fut facilement accepté comme roi par les barons malgré leur mécontentement de voir remises en question les faveurs d’Étienne, ce fut surtout parce que le pouvoir était fermement établi en Normandie. Or tous les barons anglais avaient dans cette province des terres auxquelles ils tenaient beaucoup. Certains d’entre eux, qui avaient pris le parti d’Étienne, avaient été dépossédés en Normandie, au moment de la victoire de Geoffroy Plantagenêt. D’autres, après cette victoire, avaient perdu l’espoir de recouvrer leurs fiefs normands et avaient traité avec le vainqueur, grossissant ainsi le nombre de ses partisans en Angleterre. Une révolte des barons anglais contre Henri II aurait certes pu lui coûter le trône ; mais elle aurait signifié, pour les barons, la perte définitive de leur héritage normand {22}  »
    Aliénor et son époux peuvent se féliciter de la politique menée par le père d’Henri qui, en s’emparant de la Normandie, a posé une des toutes premières pierres à l’édifice que sera l’empire Plantagenêt ; ils peuvent aussi se féliciter de la fermeté de Mathilde qui tient le duché avec poigne depuis vingt ans.
    Enfin pour mettre en quelque sorte un point d’orgue à cet été de reconquête, faire bonne mesure, et bien montrer qu’il ne craint plus grand-chose, Henri lance une opération contre les Gallois en guise d’avertissement. Rapide et violente, l’opération est un succès ; sur les frontières de l’ouest, les choses s’arrangent également.
    À l’automne 1155, le roi rejoint sa femme à Winchester. Ils passeront ensemble la fin de l’année, sans doute avec le sentiment d’avoir tenu les engagements qu’ils s’étaient fixés alors qu’ensemble ils réfléchissaient à la manière dont il leur faudrait agir après la mort d’Étienne. Une ère nouvelle de prospérité s’ouvre pour eux.
    Le pays se remet à vivre, et sans doute la rapidité du changement

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