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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain-Gilles Minella
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cas en France où Louis VII et son fils, Philippe Auguste, auront à lutter contre ces velléités indépendantistes. Pour Henri, il n’est pas question de laisser les barons n’en faire qu’à leur tête. Maintenir une certaine liberté, lâcher la bride, oui !… mais tenir la laisse. Sa « profession de foi » lors du couronnement était claire : retour à l’administration ferme et centralisée de son grand-père. Et il a l’intention de l’obtenir par tous les moyens.
    Le rappel de la filiation d’Henri II à Henri Beauclerc est d’une importance capitale. Lors du traité de Westminster qui faisait du Plantagenêt l’héritier d’Étienne de Blois, un an et demi auparavant, Henri avait été obligé de faire une concession très importante aux barons : l’hérédité des fiefs au profit des familles aristocratiques. Ce qui avait fragilisé d’autant le pouvoir royal car jusque-là, du moins jusqu’à Henri Beauclerc, les barons détenaient leurs terres du roi qui les leur « concédait » mais pouvait les récupérer à tout moment si le vassal montrait des signes de faiblesse dans sa fidélité. Les choses avaient changé du temps d’Étienne, et Henri, pour consolider son accession au trône, avait dû accepter cette concession de taille dont la contrepartie était la reconnaissance par les barons de l’hérédité du pouvoir royal… donnant-donnant ! D’où l’importance de la mention « Henri, mon aïeul » dans la charte du couronnement, d’autant qu’en même temps le roi avait dû confirmer, comme c’était l’usage, les termes du traité de Westminster.
    Dès les premières semaines de l’année 1155, il est assez clair qu’une fronde est en train de s’organiser parmi les barons. Tout le monde s’apprête à en découdre. Pour venir à bout de cette aristocratie vindicative, Henri choisit d’agir simultanément de trois manières : le symbole, l’alliance et la fermeté.
    Les Plantagenêt ont le sens du symbole. Ils vont donc l’utiliser à nouveau pour marquer le caractère désormais héréditaire de la monarchie anglo-normande. Le 10 avril, quelques jours après les fêtes de Pâques, le roi et la reine convoquent tous les évêques et les barons d’Angleterre au château de Wallongford, dans le Berkshire. Le choix du lieu est en lui-même un symbole. La cité est restée fidèle aux Plantagenêt durant toute la guerre civile. Bien que le roi Étienne ait plusieurs fois tenté de s’en emparer, elle a toujours résisté. À Wallongford, les plus grands personnages du royaume prêtent serment à l’héritier du trône, le petit Guillaume, et à son frère Henri âgé de quelques semaines. Ce serment aux deux enfants semble montrer que l’on n’avait pas grande confiance en la santé de Guillaume et qu’on « prenait des précautions » pour assurer la fidélité à la dynastie et non à un individu seul ; en l’occurrence un enfant. De fait, Guillaume mourra l’année suivante.
    Parallèlement, Henri noue des alliances. Il a besoin du soutien de membres de l’aristocratie. Nous avons vu son choix très politique de Richard de Lucé comme justicier. Dès l’année 1154, Henri II gratifie de terres et de prébendes tous ses partisans, dont ledit Richard. Le roi est contraint pour cela de se défausser d’une partie de ses possessions propres. Nous en trouvons trace dans la section Terra data des Pipe’s Rolls. Martin Aurell précise que les distributions foncières « portent principalement sur des propriétés de la vallée de la Tamise ou du Wessex central, régions d’une fidélité inébranlable à Henri II, où la densité du patrimoine foncier du roi est remarquable. Richard de Lucé, Ranulf de Glanvillle ou encore les chambellans Garin et Henri Fitz Gerald se taillent ainsi des seigneuries imposantes. Mais le nombre de ces inféodations n’atteindra plus jamais les niveaux de l’année 1154. Au fur et à mesure qu’il renforce son pouvoir, le nouveau roi réduit en effet ces cadeaux qui nuisent à l’intégrité de ses possessions. Il préfère consolider et agrandir le domaine royal plutôt que d’en céder des pans à ses courtisans et guerriers… Le calcul n’est jamais très loin, chez le Plantagenêt. Il sait lâcher du lest quand il faut, mais il est toujours prêt à reprendre ce qu’il a donné comme ce fut le cas, par exemple, pour les terres de Guillaume d’Ypres dans le Kent.
    Dans la tradition de l’administration

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